Le gouvernement s’attelle à accélérer la cadence de réalisation de logements, freinée jusqu’alors par la promptitude des entreprises nationales, de l’aveu du Premier ministre et du ministre de l’Habitat, à gérer les chantiers à la traditionnelle et de ne pas respecter les délais de livraison fixés à 24 mois. Des partenariats avec des Espagnols, des Portugais et des Italiens sont entrepris pour contourner cette contrainte.
Lors de son déplacement, jeudi à Annaba, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s’est attardé sur le projet de création d’un nouveau pôle urbain à Draâ Errich (commune de Oued Aneb) et, par ricochet, sur la réalisation des logements aidés par l’État. Dans son point de presse, animé au salon d’honneur de l’aéroport Rabah-Bitat, M. Sellal a déclaré que la priorité du programme du gouvernement est donnée à la réalisation des logements. “Nous voulons donner une nouvelle image de la politique que nous prônons pour le secteur”, a-t-il précisé. Il a reconnu, dans le sillage, que la concrétisation du programme quinquennal (2010-2014) de construction de 2 millions de logements a pris énormément de retard. Ainsi, le lancement, a-t-il avoué, de 1,5 million d’unités patine.
Au-delà, les programmes mis en chantier ne sont pas livrés dans les délais impartis, soit 24 mois. “La moyenne normale mondiale est de un an par logement. Chez nous, elle est de 3 ans. Nous pouvons admettre des glissements de quelques mois dans les cas de force majeure, mais pas autant. Nous avons constaté que les entreprises nationales, qu’elles soient publiques ou privées, organisent les chantiers de manière traditionnelle et ne mettent pas les moyens”, a expliqué le ministre de l’Habitat, Abdelmadjid Tebboune, qui accompagnait le Premier ministre à Annaba, avec six autres membres du gouvernement (Intérieur et Collectivités locales, Travaux publics, Tourisme, Culture, Environnement et Transports).
L’Algérie construit actuellement 83 000 logements par an. Le deal des autorités nationales est de parvenir à réaliser plus de 225 000 unités annuellement. “Au niveau national, nous sommes confrontés au problème des moyens de réalisation. Le secteur privé ne veut pas se développer. Nous allons accélérer la cadence de la construction en recourant aux entreprises étrangères. Des groupements mixtes ont été créés dans ce sens”, a rappelé Abdelmalek Sellal, lors de sa rencontre avec la presse. Des joint-ventures, suivant la règle 51/49, sont développées avec des sociétés de construction espagnoles, portugaises, italiennes et libanaises. “Les étrangers apportent des techniques modernes de construction de logement et forment le personnel. Les nationaux contribuent par l’acquisition du terrain pour installer les usines où seront préfabriqués des logements. Les usines sont montées entre 6 et 9 mois”, a développé M. Fassouli, directeur général de SGP Indjab, qui a déjà conclu une quinzaine de protocoles d’entente avec des entreprises étrangères. Ces groupements prennent en charge des projets d’au moins 6 000 logements. “Nous ne construirons pas des cités-dortoirs, mais des cités intégrées, avec les équipements indispensables à toute base de vie”, a poursuivi notre interlocuteur. À ce propos, le Premier ministre a insisté, à partir de Annaba, sur l’impératif de ne plus créer des villes nouvelles sans bien réfléchir sur les dimensions urbaines et sociales. Il a annoncé, alors, que des Établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) seront créés, par décret, pour gérer les chantiers des villes nouvelles et coordonner entre les différents intervenants. “Notre objectif est d’éviter de rééditer l’erreur d’Ali-Mendjeli, à Constantine. Les Epic de gestion auront toute latitude de faire appel à des bureaux d’études et de consulting internationaux. À travers ces Epic, un nouveau souffle sera donné aux nouvelles villes qui ne doivent pas empiéter sur les terres agricoles tout en contribuant au règlement du problème du foncier qui se pose avec acuité dans les différentes agglomérations du pays”, a-t-il soutenu. Le sujet sur les villes nouvelles s’est imposé dès lors que la délégation gouvernementale a inspecté le projet de création d’un nouveau pôle urbain à Draâ Errich, à quelques kilomètres du centre traditionnel de Annaba. “Il faut absolument maîtriser ce projet”, a-t-il recommandé. Un Conseil interministériel sera consacré, jeudi prochain, à ce projet afin de le réadapter aux normes requises. Ledit pôle urbain s’étalera sur une superficie de 1 344 hectares. La population qui y est projetée est de l’ordre de 250 000 âmes ; elles résideront dans 50 000 logements. Le Premier ministre a inspecté aussi des projets de réalisation de logements sociaux locatifs, AADL et promotionnels publics, ainsi que la finalisation d’un marché de proximité, dont les stands ont été attribués à des commerçants de l’informel.
S H