Abdelmadjid Tebboune révèle son plan de bataille dans une interview à l’expression: « Les cités-dortoirs, c’est fini! »

Abdelmadjid Tebboune révèle son plan de bataille dans une interview à l’expression: « Les cités-dortoirs, c’est fini! »

La location-vente demeurera la seule formule destinée aux classes moyennes. Le programme de logement social ne s’arrêtera pas, quel que soit l’état des finances du pays. Ce sont là deux convictions que nous a confiées le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville dans l’entretien qu’il nous a accordé. Ces deux décisions majeures valent leur pesant de vision stratégique en ce sens que le travail de titan accompli par le département de Abdelmadjid Tebboune ne doit pas être vu comme l’oeuvre d’une génération spontanée pour sa seule consommation.

A travers ces deux convictions, on comprend en effet, que le président de la République se projette déjà dans l’avenir. Les Algériens de demain auront les mêmes chances que ceux d’aujourd’hui. Ceux qui ne parviendront pas à se hisser jusqu’à la classe moyenne bénéficieront certainement de la solidarité active de la République. Quant aux futurs cadres moyens et supérieurs, la formule location-vente qui a déjà fait ses preuves, leur sera proposée pour leur garantir un accès aisé à la propriété immobilière.

Une solidarité inter et intra-générationnelle qui s’exprimera sur d’autres volets de ce secteur-moteur de la dynamique socioéconomique. En fait, et le ministre l’explique très bien dans l’entretien, en quelques années le bâtiment a tiré vers le haut beaucoup de métiers et mérité l’expression «Quand le bâtiment va, tout va».

L’Expression: Lors de sa visite de travail, le week-end dernier à Annaba, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a réitéré l’engagement de l’Etat à respecter le programme du logement jusqu’à son terme, même avec la chute du prix du baril de pétrole. Pouvez-vous nous détailler la méthode?

Abdelmadjid Tebboune: Il faut démystifier cette question. Le logement que construit l’Algérie en 2015-2016, n’est pas le logement que construisait l’Algérie il y a dix ans. On dit souvent que «quand le logement va, tout va» mais il y a dix ans, l’argent de la construction allait directement à l’étranger. Ce n’est plus la même situation car aujourd’hui le bâtiment a réussi une intégration sectorielle. Il y a une pléiade de PME/PMI qui activent dans le secteur du bâtiment et travaillent pour le logement. Lors de la réunion avec le patronat, il y a une année, on nous a signalé que certains producteurs de céramique fabriquent un produit d’excellente qualité. Ces entreprises avaient des millions de mètres carrés en stock. Elles ont épuisé leur stock, aujourd’hui, parce qu’on a interdit toute importation de ces matériaux. Ce qui fait, quand vous construisez un logement avec votre ciment, votre plâtre, une grande partie de votre rond à béton, les câbles, la robinetterie et tous les matériaux de finition sont algériens. J’ai également interdit le bois qui est souvent de très mauvaise qualité, il coûte cher et il est importé. De plus, il n’est pas écologiquement indiqué vu les dégâts qu’il provoque aux forêts. Nous sommes un pays de pétrole, c’est le PVC et l’aluminium qui sont utilisés. La fenêtre en PVC a l’avantage de faciliter le double vitrage et elle est très résistante. Son étanchéité est parfaite avec une durée de vie qui peut dépasser un siècle. Ajoutons l’économie d’énergie avec l’isolation acoustique et thermique. Il y a donc de fortes économies qui sont rendues possibles avec ces matériaux. D’autre part et pour les entreprises étrangères, le gouvernement a décidé depuis sept mois que les taux de transfert d’argent ne dépassent pas les 12%. En somme, on n’importe pas de matériaux, on transfère moins de devise et on fait travailler des Algériens puisque actuellement il y a des extensions qui sont en train d’être faites par les producteurs de céramique et d’autres produits. On n’est plus dans cette logique d’il y a dix ou quinze ans, du bâtiment clés en main. La facture de la réalisation du prix du logement est en train de baisser. Le logement en Algérie a cette double particularité d’être un programme social, mais qui, en même temps, fait tourner la machine économique.

Vous avez annoncé une probable hausse du prix des logements Aadl. Sur quelle base de calcul êtes-vous parvenu à ce résultat?

C’est une augmentation naturelle. Pour ne pas remonter très loin dans le temps, le Snmg de 2001 était de 9000 DA, il est aujourd’hui à 18.000 DA, donc les entreprises payent plus cher leurs travailleurs sans compter les augmentations des prix des matériaux de construction. Les prix que nous pratiquons pour l’Aadl sont ceux de 2001. Est-il normal de continuer en 2016 à pratiquer les prix de 2001? On peut maintenir les prix des produits de large consommation mais pas ceux du logement. Tous ces facteurs font qu’il y a des augmentations et c’est une tendance universelle, ce n’est pas propre à l’Algérie. Nous allons vers une augmentation rationnelle qui peut varier entre 10 et 15% sans plus.

Après le programme 2001-2002, le gouvernement a lancé celui de 2013, mais rien après. Le programme location-vente ne semble pas s’inscrire dans la durée, comment peut-on expliquer cet état de fait?

Nous avons un programme 2001-2002 dans lequel on a achevé 20.000 logements restants sur les 55.000 achevés et on poursuit l’opération pour régulariser totalement cette situation, ensuite on a ouvert l’inscription pour l’Aadl 2013. Satisfaisons d’abord ces gens-là puis on pensera à l’avenir. Je ne suis pas pour laisser les listes ouvertes car c’est une manière d’ouvrir la voie à toutes les dérives et manipulations. Je rassure que les souscripteurs Aadl 2001- 2002 habiteront leurs logements au plus tard en décembre 2016.

Sans perspective d’avenir, sans espoir, vous laissez le citoyen, particulièrement les jeunes couples, dans le flou…Alors on vous repose la question plus directement. Le programme Aadl se poursuivra-t-il ou sera-t-il définitivement abandonné?

Il n’y aura pas d’autre programme pour la classe moyenne que celui Aadl. Tant que je suis là, le programme Aadl ne s’arrêtera pas! Pour le président de la République, le logement fait partie des extrêmes priorités. Si le problème du logement peut être réglé en dehors de l’Etat c’est tant mieux, mais, dans tous les cas, l’Etat ne se démettra pas de sa responsabilité. Ceci dit, le meilleur programme est celui de l’Aadl. Mais il serait démagogique de laisser ouvertes les listes sur des projections lointaines et faire vivre de rêve les citoyens.

L’Algérie importe bon an, mal an pour près de 3 milliards de dollars de matériaux de construction. En 2015, vous avez déclaré que cette facture a été réduite de moitié. L’Algérie produit aujourd’hui elle-même sa faïence, son carrelage, son ciment, sa robinetterie (BCR). Où en est la facture…?

Selon les premières estimations, on a diminué les importations pour le bâtiment pour 1.5 milliard d’euros. Nous n’importons que l’essentiel. Pour les logements LPP, Aadl, tous les matériaux sont algériens, la cuisine, le chauffage, la climatisation etc… Cette démarche n’est pas liée ni dictée par l’actuelle crise que vous évoquez. J’ai déclaré qu’importer ce que nous produisons est un crime économique

Avez-vous estimé avec le ministre des Finances, les ressources susceptibles d’être mobilisées pour le logement?

Nous n’avons pas un problème de ressources financières. Rien que l’argent brassé par le secteur privé est déjà énorme. Et au niveau de l’Etat si on arrive à dépenser JUSTE, il y a beaucoup d’économies à faire en allant vers l’essentiel. On a réalisé beaucoup d’équipements publics, de nombreux projets secondaires peuvent être différés et que le citoyen ne sentira même pas. Par exemple, construire des routes c’est bien, mais si le km d’autoroute peut donner dix logements, je privilégierai ces logements en continuant à circuler sur la route nationale au lieu d’une autoroute. C’est pour vous dire qu’il y a des priorités à fixer et puis cette crise est passagère puisque tous les analystes et économistes du monde disent que d’ici fin 2016 à début 2017, les prix du baril vont se stabiliser autour d’un baril à 60 dollars qui nous permettra un développement normal sachant que notre prix de référence a été établi à 37 dollars.

On vous reproche souvent de livrer des cités-dortoirs sans commodités, sans espaces verts, sans aires de jeu, sans centres de soins, sans école et collège… L’urgence peut-elle justifier ces manquements?

Ce reproche nous a été déjà fait par le président de la République. Il l’a fait par écrit d’ailleurs, dans un message que j’ai moi-même lu en 2013 aux architectes.

C’est vrai que dans la précipitation on a été amenés à construire énormément de logements à travers le pays sans penser aux autres structures, notamment culturelles, mais depuis, on se rattrape. Depuis les instructions données par le président nous ne lançons rien sans les équipements. Je m’explique: j’ai visité, il y a trois jours, une cité qui fait 900 logements à Calitoussa dans la wilaya de Annaba, dans laquelle on a distribué un peu plus de 500 logements.

On ne va pas construire un lycée pour 500 familles, mais l’école primaire est obligatoire. Mais quand on construit plus de logements comme à Sidi Abdellah, il y a une université de 22.000 places qui est en cours de réalisation avec des résidences universitaires, il y a environ cinq lycées qui vont concerner aussi bien Sidi Abdellah que la ville de Mahelma et les cités environnantes, les mêmes projets concernent les CEM.

D’autres structures sont réalisées au pied de bâtiments (agences Cnep, banques, Poste, infirmeries etc…). Les cités type Garidi I, Garidi II c’est terminé. Actuellement, pour faire reculer les tracas de la bureaucratie, et c’est une première, on a préféré que les établissements scolaires soient inscrits à notre indicatif et non plus à l’indicatif du ministère de l’Education pour les cités à venir. Je vous donne comme exemple: 305 équipements ont été inscrits à l’indicatif du secteur de l’habitat dont 95 (entre lycées, CEM et écoles primaires) pour le compte du pôle urbain de la wilaya d’Alger. Ce qui démontre qu’on tient compte de ces aspects malgré les problèmes de foncier que nous surmontons.

Avec autant de logements construits, le marché de la location n’arrive pas à se stabiliser en Algérie. Comment ferez-vous pour mettre de l’ordre face au diktat des agences immobilières?

Moi je suis sûr qu’au fur et à mesure de l’achèvement et de l’occupation réelle des nouveaux logements, la demande de location va diminuer.

Les demandeurs de l’Aadl sont actuellement, pour la plupart, des locataires chez le privé, alors imaginez-vous dans une ville comme Alger quand vous retirez 190.000 locataires du marché après les livraisons des nouveaux logements, cela réduira forcément la demande et fera baisser les prix de la location sur le marché.

Pour le moment le loyer suit la courbe de l’offre et de la demande. Cela dit, pour mieux normaliser ce marché, il faut de nouveaux textes qui permettent aux magistrats de juger de manière un peu plus sévère ces déraillements, il faut défiscaliser certaines choses, il faut des lois qui donnent des assurances à celui qui met son logement en location, tout cela en sus de la crise de logement qui est en train de s’estomper. On peut fixer par texte réglementaire le prix de la location, mais il restera incontrôlable. Il y aura toujours des dessous de table. Il y a aussi le problème du contrôle des revenus, tant qu’on ne maîtrisera pas cet aspect, la situation demeurera en l’état. Lorsqu’on sera dans la phase de pouvoir contrôler la circulation fiduciaire, les revenus etc…la loi prendra toute sa valeur.

De nombreux chantiers de logements sont totalement à l’arrêt. La meilleure illustration est le cas du chantier fantôme de Draria (Alger). En deux années, malgré vos promesses, vous n’arrivez pas à faire redémarrer ce chantier. Ses promoteurs ont-ils des appuis si puissants au point de défier l’Etat?

Je rassure. Actuellement, dans le secteur, personne n’est assez puissant pour imposer son point de vue ni au ministère ni au gouvernement Sellal ni à un autre niveau. Il y a un passif vraiment lourd que nous sommes en train d’assumer dans ce LSP. Dans toutes les wilayas, pratiquement on a un, deux ou même trois chantiers qui nous posent problème et dont la solution est très difficile à trouver pour la simple raison que juridiquement, il s’agit d’un acte liant le citoyen et le promoteur. L’Etat n’intervenant que pour donner la liste des citoyens qu’il estime devoir bénéficier d’un logement. Or, dans certains cas c’est le promoteur lui-même qui établit ses listes, l’Etat participe, également en accordant le terrain gratuitement au même titre que le social et accorde une aide financière au souscripteur. Beaucoup de promoteurs de ces programmes n’étaient pas au fait des promoteurs, ils n’ont pas souscrit à des garanties qui nous permettent la subrogation. C’est-à-dire continuer le travail à leur place. Chaque chantier est un problème à part. Celui de Batigec de Draria est le plus important vu le nombre de logements. Ailleurs c’est 120, 150 logements. A cette taille plusieurs solutions sont possibles. J’ai installé une commission au ministère qui travaille en substitution à toutes les autorités locales. Résultat: beaucoup de chantiers ont redémarré dont celui de Draria, même si son rythme n’est pas encore celui souhaité.

Mais pour le cas de Draria on a l’impression que le problème est trop sérieux. Le promoteur a promis publiquement de livrer des logements pour cette année 2016, mais on n’a rien vu venir et les citoyens s’impatientent.

Effectivement, pour Draria on nous a donné une échéance. Le promoteur a promis de livrer 1000 logements pour l’année 2016 ce qui était à leur portée surtout que les propriétaires de Batigec ont l’aisance financière, Condor qui a repris Batigec n’est pas un petit groupe. Nous avons convoqué le gérant de Batigec qui s’est présenté au ministère mardi dernier, Ils ont réitéré leur engament. J’ai moi-même écrit une lettre pour rappeler de manière très ferme, au directeur général de Batigec, M.Benhamadi, qui s’est engagé devant moi, le PV existe, et l’engagement s’est fait devant les caméras de la télévision.

Que faire alors?

Je vous donne ma promesse que, pour les immeubles qui sont en carcasse, je ferai tout, y compris par des sanctions réelles pour qu’ils soient livrés et qu’on démarre ceux qui ne le sont pas encore. Mais il y a autre chose, on fera passer tous les acquéreurs au fichier et on fera un assainissement. Je demande juste à ce qu’il n’ y ait pas de dispersion. On peut régler les problèmes réels. Nous sommes là. Nous ne fuyons pas nos responsabilités, mais évitons les faux problèmes créés par la manipulation.

Avec autant d’argent dépensé, autant de logements construits, la responsabilité de l’Etat n’est-elle pas engagée dans le sens où il n’y a toujours pas eu de politique de la ville proprement dite?

C’est un problème universel qui se pose avec énormément d’acuité dans le tiers-monde. La politique de la ville ne tient pas à un ministère. Elle relève d’abord de ses élus. C’est vrai qu’on a été pris dans la tourmente de la crise avec tous les dérapages que pouvait créer cette crise que nous sommes sur le point de juguler. J’ai dit l’année dernière que 2016 sera l’année de l’urbanisme. Je vais vous donner un exemple très simple: j’ai toujours préconisé pour des villes comme Alger, Oran, Annaba,… qu’au lieu d’aller vers des terrains agricoles, il faudrait qu’on se retourne maintenant sur le tissu urbain. Alger se transforme, se modernise. Voyez les sièges de certains ministères, d’universités etc…, qui sont très modernes mais quand vous traversez le boulevard Belouizdad, au coeur d’Alger, c’est un autre décor avec ces petites maisonnettes R+2, ou R+3. C’est la même chose à Hussein-Dey qui est un véritable gruyère. Ce sont des terrains potentiels immenses pour une ville. Tous ces sujets ont été déjà évoqués en 2001. Avec l’aval du président de la République, nous avons créé une société mixte algéro-émiratie dont l’objectif premier est d’acheter, au prix fort, de vieux immeubles allant de Hassiba Benbouali jusqu’à Bab El Oued, qui seront rasés pour ériger, à la place, des buildings avec de larges boulevards, des espaces verts, des garages souterrains, de grandes surfaces commerciales, enfin tout pour moderniser Alger. C’est ce qui s’est fait à Paris, dans plusieurs quartiers comme la Défense. On démolit le vieux bati et on reconstruit du neuf, du moderne. L’Etat s’occupe du social, le reste revenant à la société commerciale. Le projet est tombé à l’eau après mon départ du ministère au début des années 2000… C’est pour vous dire que la gestion de la ville est une nécessité. Il faut peut-être des textes plus approfondis pour la ville. D’ailleurs un séminaire sur la gestion des villes est prévu sous l’égide de l’ONU. C’est pour vous dire que cette année 2016 on va démarrer les aspects que vous évoquiez. Il y a un problème de texte, de prérogatives qu’il va falloir régler.

Et que sont devenues les villes nouvelles?

Elles font partie de l’aménagement du territoire. Il y a un problème très grave à mon sens, s’il n’est pas réglé il y aura toujours cette pression sur la capitale qui subit un exode énorme. A l’indépendance, Alger comptait 450 000 habitants, elle est aujourd’hui à 5 millions et ce n’est pas terminé. A l’indépendance, 35% des Algériens habitaient la ville contre 65% dans les campagnes, aujourd’hui la tendance s’est complètement inversée. Si on ne réaménage pas les territoires, un tiers de la surface du pays ne sera pas occupé. Actuellement il y a de l’espace, de l’eau, l’électrification, des voies ferrées, etc. C’est de là, qu’est venue l’idée de Boughezoul dans le cadre de l’aménagement du territoire. Moi j’ai hérité de Sidi Abdellah et Bouinane. Pour Sidi Abdellah, nous agissons de sorte à obtenir un type de ville moderne au sens propre du terme avec son style d’urbanisme et son identité propre. Elle devrait être une ville témoin. Ce qui ne se faisait pas. Sidi Abdallah existe depuis 1984. Cette ville est passée par différentes étapes et il a fallu adopter son Master Plan il y a un mois. Avant, on nous disait que c’était notre Silicon Valley. Alors que j’ai trouvé une centaine d’hectares pour les promoteurs immobiliers, des PME/PMI dont certaines fabriquaient du cachir d’autres du plastique. Il a fallu stopper tout cela et s’appliquer à respecter le Master Plan. Maintenant, Il y a un pôle pharmaceutique qui prévoit une cinquante de sociétés de production de médicaments dont certaines sont en exercice, il y a un pôle technologique qui regroupe les TIC en plus des unités de fabrication de panneaux solaires et de montage d’ordinateurs, il y a un pôle universitaire de 22.000 places pédagogiques avec résidences universitaires, il y a le pôle habitat de 35.000 logements mais avec un taux d’occupation de 21.5% de la surface pour ne pas retomber dans le cas de la cité Ali Mendjeli de Constantine, il y a le pôle santé qui comprend pour le moment deux ou trois hôpitaux mais de pointe, de très haut de gamme. Un hôpital sera inauguré cet été. Il sera spécialisé dans l’oncologie et le traitement du cancer avec les dernières techniques américaines qui viennent à peine d’être introduites en Europe, on a également un hôpital de pédiatrie, il y a des demandes d’investissements qui ont été acceptées, pour les maladies orphelines et les maladies rares. J’ai fait annuler 12 sièges de ministères y compris celui de l’Habitat… Il y a un pôle de détente régional avec des plans d’eau, des aqua-boulevards…Actuellement nous sommes en train de relier les différents pôles par des routes et une voie ferrée. La ville est conçue pour environ 200.000 habitants. S’agissant de Bouinane, elle suivra le modèle de Sidi Abdellah.

Pourquoi l’Etat n’exige-t-il pas dans les cahiers des charges de ses partenaires étrangers (au prorata du personnel des expatriés) le recrutement et la formation de nationaux dans les métiers du bâtiment, comme celles de coffreur, ferrailleur, maçon, plombier, etc…?

La clause contractuelle existe, mais il y a très peu de gens qui se présentent pour se former. J’ai signé une convention en mars 2015 avec le ministère de la Formation professionnelle pour former 75.000 jeunes pour l’habitat dont 32.000 ont déjà terminé leur cursus. Il y a un autre institut à Blida, un don de 10 millions de dollars toujours pour la formation professionnelle. Il y a un autre complexe de 40 hectares où seront construites des salles de sport, des terrains de football et des piscines, c’est un autre don chinois.

Les cités Aadl souffrent de grands problèmes d’entretien, notamment celui des ascenseurs. Que prévoyez-vous pour régler cette situation?

Quand j’ai repris le ministère, il y avait 984 ascenseurs en panne et ce chiffre a été, aujourd’hui, réduit à une quinzaine d’ascenseurs. Le problème des pannes est effectivement récurrent. Il est dû à la qualité des équipements fournis. Il y a Immogest pour gérer la cité. Quand je suis arrivé et après m’être informé, j’ai constaté qu’il n’était pas sérieux qu’avec une multitude d’agents l’entretien n’était pas convenablement assuré. C’est alors et après la nouvelle organisation, par région, des structures de l’habitat, il y a cinq directeurs régionaux avec le DG de l’Aadl. On a sélectionné des entreprises de jeunes issues de l’Ansej qui ont été formés dans l’entretien des ascenseurs et qui travaillent actuellement dans les cités par convention. J’ai même proposé à ce qu’on envoie des équipes de jeunes à Marseille et à Barcelone pour les former dans la gestion de cités. Je suis prêt à donner des cités à gérer à des entreprises privées que pourraient créer nos jeunes y compris parmi notre communauté vivant à l’étranger. Si l’entretien de l’immeuble est fait, si les voitures sont gardées, si l’éclairage fonctionne, si les enfants peuvent jouer en toute sécurité, si l’ascenseur fonctionne, le citoyen est prêt à débourser 2500 à 3000 dinars de charges. Je lance d’ailleurs un appel à travers votre journal, s’il y a des personnes qui ont l’expérience de la gestion des cités, même parmi nos enfants expatriés, elles sont les bienvenues. L’urbanisme, et la gestion ne peuvent pas se faire sans un Etat où la réglementation devient sacrée et la sanction y compris positive doit être pratiquée. Actuellement nous sommes dans une phase de reprise des prérogatives de l’Etat. Il ne faut pas oublier que l’Etat a failli disparaître durant les années 1990.

Il y a une grande opération d’éradication totale des bidonvilles à Alger. A combien d’hectares estimez-vous les superficies récupérées et à quoi serviront-elles?

On a récupéré jusque-là près de 110 hectares. Les instructions du Premier ministre, stipulent que lorsqu’il y a récupération du foncier dans le tissu urbain trop dense, on préfère le consacrer à faire «respirer» le quartier. Et l’utiliser en tant qu’espace vert, équipement public de proximité. Mais quand, comme dans le cas de Remli, où environ 15 hectares ont été libérés, ceux-ci serviront à lancer un nouveau programme de logements.

Le logement a toujours été une arme politique utilisée par les pouvoirs publics. Tous ces dysfonctionnements constatés, ne sont-ils pas le résultat de cette surpolitisation du logement?

La politisation n’est pas le fait de l’Etat. A ce que je sache, l’Etat n’a jamais exigé d’un demandeur de logement de prouver qu’il est de tel ou tel parti politique. L’Etat n’a que le souci d’agir sur une crise de logement qu’il faut résorber sans aucune autre considération. L’Etat n’a jamais utilisé le logement dans le sens que vous évoquez. Ce sont d’autres milieux qui, en effet, politisent le logement. On l’a vu durant la dernière campagne électorale, sur 20 phrases prononcées il y en a 19 sur l’habitat pour dresser le citoyen contre le gouvernement. Heureusement, les citoyens qui constataient par eux-mêmes que les bidonvilles sont rasés et que la crise est en voie d’être résorbée, ne les ont pas suivi. De plus, cette entreprise de déstabilisation n’est pas uniquement alimentée de l’intérieur du pays, elle l’est aussi de l’étranger. Ils parlent de corruption sociale, pour qu’ils puissent manipuler et jouer comme ils l’ont fait ailleurs sur la misère. Que veulent ses auteurs? Qu’on laisse le citoyen dans un bidonville, que les salaires ne soient pas augmentés, qu’il n’y ait pas de création d’emplois, de laisser l’Algérien dans la misère? L’Algérie n’est peut-être pas un paradis, mais elle n’est pas du tout un enfer.

Il n’y a plus d’assiettes foncières au niveau d’Alger. N’est-il pas plus judicieux de construire en dehors de la capitale, comme à Boumerdès, Blida et Tipasa pour justement décongestionner la capitale qui étouffe

Pour nous, Blida, Boumerdès et Tipasa constituent le même bassin foncier. D’ailleurs, il y a des logements qu’on a construits sur le territoire de Blida pour Alger, à Boumerdès bien que la wilaya d’accueil garde toujours une part de ses logements.

Vous avez annoncé que la salle de prière de la Grande mosquée d’Alger sera réalisée avant la fin de l’année en cours. Maintenez-vous ce délai? Que verra l’Algérien de cette mosquée à la fin 2016?

Je suis en train de tout faire pour que la mosquée d’Alger soit totalement réceptionnée en décembre 2016.Il y a une phase qui prendra beaucoup de temps, qui est celle de la décoration. Pour nous on doit d’abord libérer la salle de prière avec la pose des deux coupoles. La petite coupole sera posée fin mars début avril, la grande le sera durant cet été et on aura ainsi libéré totalement la salle de prière pour laisser place aux décorateurs et aux marbriers. Tout ce qui est écritures coraniques et Ahadiths est déjà réalisé. Nous sommes sur le point de lancer un appel d’offres national et international sur la décoration. On va utiliser nos artisans, mais encadrés par des spécialistes qui ont déjà réalisé des grands ensembles comme La Mecque. Pour le marbre, les quantités, au mètre près, sont arrêtées. Après consultation, nous avons décidé d’importer des blocs de marbre vu que notre grand gisement de Filfila actuellement exploité par l’Enamarbre donne de mauvais blocs. C’est pourquoi nous avons décidé d’autoriser l’importation de ces blocs de marbre. Uniquement des blocs. Le façonnage sera fait en Algérie. L’Institut islamique, la bibliothèque, l’Institut coranique seront totalement achevés en juin juillet prochains. En définitive, les délais sont maintenus avec peut-être un glissement d’un trimestre.