L’Expression: Comment allez-vous convaincre les citoyens durant cette campagne électorale qui ne ressemble pas aux campagnes précédentes dans la mesure où la situation socio-économique des couches populaires frise la précarité?
Abdelmadjid Menasra: Justement, ce sont là les éléments d’une réponse fiable et directe. Qui a créé cette situation insoutenable dans laquelle se débat le citoyen? Ce n’est pas un ennemi extérieur qui a créé cette situation, ce sont des politiques qui ont été appliquées et exécutées par la majorité qui gouverne. Donc, le peuple qui subit les conséquences de la cherté de la vie et des augmentations dans les prix des produits de première nécessité et aussi dans la distribution de logements, qui souffre d’équité, doit comprendre une chose, il ne devrait pas verser sa colère dans la rue ou faire recours à la violence.
Nous disons aux citoyens, il faut transformer cette colère sociale en un geste électoral, qui va te permettre de sanctionner ceux qui sont la cause de cette situation sociale et économique difficile. Nous considérons qu’il s’agit bel et bien d’une véritable bataille de conscience politique dont le citoyen pourrait en user pour mettre un terme à ses souffrances et aussi réaliser ses aspirations pour un changement en rapport direct avec sa situation.
Et cela ne pourra se réaliser que dans une seule mesure, c’est quand le citoyen comprendra que sa participation massive aux élections est la seule alternative pour choisir ces véritables représentants. Ce que nos citoyens doivent savoir, c’est que le défaitisme et le négationnisme ne règlent pas les problèmes. Nous savons qu’il y a certaines parties qui sont derrière ce marasme social et économique, leurs intérêts sont en parfaite synergie avec cette situation, elles profitent au maximum de la conjoncture.
Pouvez-vous les citer?
Bien sûr. Ce sont les partis qui sont au pouvoir. Il y a aussi la mafia de l’argent sale, ceux que l’application de la loi n’arrange pas, ceux qui échappent à la poursuite judiciaire. C’est-à-dire tous ceux qui profitent de la situation socio-économique au moment où le peuple se retire de la scène. Les corrompus tirent davantage de privilèges, ils ne font plus que ça maintenant, ils achètent avec de l’argent le pouvoir politique pour mieux s’immuniser contre toute tentative de poursuite judiciaire.
Vous voulez dire que les forces de l’argent sale se sont introduites dans nos institutions politiques?
Oui, nous le confirmons. Nous assistons à un jeu politique malsain, les corrompus achètent des postes par l’argent qui émane de la corruption, et ils se son alliés avec des politiques corrompus, ils les soutiennent comme candidats et têtes de listes pour consacrer davantage la corruption. Pour ainsi dire, ces gens ont deux objectifs, le premier, c’est celui de dépenser de l’argent pour avoir plus d’argent, ce qui veut dire qu’il va voler plus qu’il n’a volé avant.
Le deuxième objectif consiste à avoir de l’immunité pour protéger son argent et sa personne de la poursuite judiciaire. Pour résumer la situation, nous disons que ces gens corrompus ne vont pas se présenter comme candidats dans les partis de l’opposition, bien au contraire, ils vont se porter comme candidats au sein des listes des partis du pouvoir.
C’est pour cette raison, que nous disons au peuple qu’il faut les sanctionner, comme ils faut sanctionner les partis qui les ont présentés comme candidats dans leurs listes électorales. Le peuple se moquait du Parlement des coiffeuses, maintenant nous sommes face à une volonté qui veut nous imposer un Parlement des corrompus. Assez, cela n’est pas correct. Le peuple doit agir en usant de son droit de vote pour les sanctionner; autrement, nous aurons affaire à un Parlement corrompu et des députés corrompus, et surtout un Parlement qui va légiférer pour le compte des corrompus et par ricochet nous aurons des législations et des lois corrompues.
Parlez-nous de l’alliance qui vous lie au MSP. Est-elle tactique ou s’inscrit-elle dans un processus très profond consistant à rétablir l’unité de la famille islamiste en général et les frères ennemis du parti du regretté Cheikh Mahfoud Nahnah en particulier?
Effectivement, nous veillons à ce que l’unité soit le maître-mot au sein du mouvement qui a été créé par le regretté Mahfoud Nahnah et sur les mêmes préceptes qui encouragent les solutions médianes et le juste milieu, et aussi pour faire en sorte que ce mouvement se transforme en un véritable parti porteur d’un vrai projet.
Notre conviction est la suivante: l’Etat algérien a besoin de partis forts et cela ne peut se faire qu’à partir d’un travail unitaire. Pour nous, nous pouvons dire qu’après moult réflexions, nous avons conclu que la division n’a pas été bénéfique pour nous, mais au contraire elle n’a fait qu’à aggraver le fossé de la crise.
Et pour répondre à votre question en rapport avec la famille islamiste, nous disons que ce qui nous intéresse aujourd’hui, c’est l’unité au sein de l’école du regretté Cheikh Mahfoud Nahnah. Cela est très jouable et réalisable, mais c’est notre souhait de voir aussi l’émergence des forces politiques très fortes et puissantes. Pour cette raison, nous disons que la division et l’émiettement des forces politiques portent un coup dur, surtout à l’Etat et à la démocratie.
Quelles sont les chances de l’alliance MSP-FC durant les législatives du 4 mai prochain?
Pour être sincère avec vous, je ne voulais pas être candidat, je voulais être l’animateur de la campagne électorale de mes candidats en ma qualité de président du Front de changement (FC).
Mais la direction du MSP avait insisté pour me présenter comme candidat après avoir soumis la proposition au conseil consultatif et bureau exécutif de la wilaya d’Alger, pur une raison qui a trait à la concurrence très rude qui caractérise les élections dans la capitale. Donc, je ne voulais pas décliner cette demande du président du MSP pour la raison que je viens d’expliquer.