Le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra, a estimé hier que les partisans du boycott «jouent le jeu du pouvoir» lequel, à ses yeux, est partisan du statu quo. Le changement selon lui doit se faire de manière pacifique et il n’y a pas lieu de craindre la mouvance islamiste, a-t-il dit, avant de mettre en garde contre un discours «islamophobe».
S’exprimant dans une conférence à la veille de la célébration de la journée mondiale de la liberté de la presse, Abdelmadjid Menasra a d’abord tenu à tirer les enseignements de la campagne électorale caractérisée par «l’usage de l’argent sale provenant du secteur privé comme du public», accuse-t-il d’emblée,
sans toutefois citer des noms. «Il faut une enquête sur ce phénomène», préconise-t-il, car «l’argent détruit la politique et détourne les citoyens de la chose politique».
L’ex-ministre qui lancera un appel à un vote massif estimera que «même si le boycott est une position politique, ses partisans jouent le jeu du pouvoir». Menasra expliquera dans ce sens que seul le vote assurera un changement et garantira un Parlement capable et crédible. «Les évènements d’octobre 1988 sont le résultat du refus d’un changement», dit-il, ajoutant que «l’Algérie mérite ce changement dans un cadre pacifique».
Mettant en garde contre un «discours islamophobe» de certains, allusion à Amara Benyounès du MPA, le chef de file du FC dit comprendre ce discours tel qu’il est véhiculé en France, mais de là à le transposer en Algérie, terre d’islam, «c’est dangereux», relève le conférencier. «L’usage de la religion à des fins politiques est interdit par la loi. Pourquoi ne parle-t-on pas alors de ceux qui s’attaquent à l’islam ?
C’est aussi à mon sens un usage de la religion à des fins politiques», avance-t-il. «Nous sommes contre le monopole de la religion comme nous sommes aussi contre ceux qui monopolisent la révolution et utilisent même l’image du président de la République et les projets étatiques dans leur campagne», accuse-t-il, citant «les partis au pouvoir», avant de préciser que «la concurrence politique doit se faire sur la base des programmes».
Evoquant la fraude électorale, Abdelmadjid Menasra, qui reconnaît que les instruments de la fraude existent toujours, citant entre autres les fichiers électoraux «gonflés», l’inscription des militaires après expiration des délais et la volonté de l’administration de maintenir le statu quo, estime toutefois qu’il est difficile de frauder en raison de la «maturité des partis». Accusant l’administration de vouloir «frauder»,
Menasra affirmera que cette dernière «a peur d’une majorité islamiste». Les observateurs étrangers sont pour lui «des touristes». Dans la foulée, il estimera que «les partis au pouvoir n’obtiendront pas la majorité» et tablera sur une meilleure participation des citoyens au scrutin que celle enregistrée en 2007.
S. M.