Fier d’appartenir à la mouvance islamiste, il ne s’est pas gêné quant à réitérer vaniteusement les engagements pris par sa formation politique et les idéaux de cette dernière.
«Hollande doit s’excuser officiellement auprès de l’Algérie.» Une telle déclaration a été faite hier par le président du Mouvement du Changement, Abdelmadjid Menasra, lors de son rassemblement populaire qu’il a présidé à Oran. Ayant atteint le sommet de sa déception et d’une véhémence incroyable, Menasra n’en revient pas dans son verbe en ajoutant que «les déclarations de Hollande sont doublement humiliantes étant donné qu’elles ont été faites dans une assemblée constituée du lobby juif, le Crif».
Et d’ajouter que «les propos de Hollande ont été tenus pendant le mois consacré à la révolution algérienne, le mois de décembre». Ce n’est pas tout. Il juge que «de tels propos sont dégradants». Menasra, qui n’a pas été tendre dans son speech, n’a pas également ménagé le pouvoir algérien en l’accusant de «fragile». Il l’interpelle, question de passer à l’offensive en ripostant officiellement aux propos de François Hollande. «Aucune déclaration n’a été faite du côté d’Alger», a-t-il déploré. Il ne dissimulera pas sa déception en l’exprimant par des petites phrases tant explicites. «Nous aurions aimé que l’Etat algérien réponde à la déclaration de Hollande», a-t-il plaidé. Sur sa lancée, il a estimé qu’ «il est plus que temps de retirer le discours criminalisant le colonialisme, étant donné que la France continue à nous voir en tant qu’inférieurs».
Ce bloc de déclarations aussi bien véhémentes que brûlantes surviennent moins d’une semaine après la visite de Jean-Marc Ayrault en Algérie. Ce dernier a été reçu pompeusement. Menasra ne voit aucun inconvénient quant aux visites qu’il a qualifiées de «navette» des officiels entre la France et l’Algérie. Seulement, celles-ci «doivent être basées sur l’équilibre des relations dans le cadre des intérêts communs des deux pays». Il n’est vraisemblablement pas venu faire le guignol à Oran, son discours d’hier lui a servi de terrain pour jauger sa capacité de drainer, tout en tentant de galvaniser la foule réunie à l’effet de lui chuchoter le mot d’ordre, se préparer à toutes les éventualités pouvant avoir lieu à l’occasion de l’élection présidentielle de 2014.
Menasra Abdelmadjid, ce dissident ayant quitté le MSP avec armes et bagages, tout en emportant avec lui une bonne partie des militants de la formation de Mahfoud Nahnah, a usé hier d’un verbe véhément en décortiquant avec force détails et arguments la situation politique actuelle qui prévaut dans le pays tout en n’occultant pas la situation régionale et celle qui prévaut actuellement dans le monde arabo-musulman. Menasra, qui se réjouit d’appartenir à la mouvance islamiste, n’ira pas par quatre chemins pour réitérer vaniteusement les engagements pris par sa formation politique et les idéaux défendus par cette dernière. Il revient ensuite sur le positionnement politique de sa formation à l’occasion de la prochaine présidentielle. «Il est plus que temps de lever l’opacité politique qui prévaut sur la scène nationale», a-t-il plaidé ajoutant que «cette élection, devant se tenir en toute transparence, doit servir d’occasion pour passer au changement pacifique».
Bien avant Menasra, le secrétaire général du bureau d’Oran, Amine Allouche, un autre dissident du MSP, a, en ouvrant la rencontre, tenu un discours virulent vis-à-vis des détenteurs du pouvoir expliquant que «le Mouvement de changement est déçu de par la situation actuelle qui marque l’Algérie». Celle-ci se distingue par «la montée en flèche et rapide de la corruption et la dilapidation des biens de l’Etat, les cas de Sonatrach I et II et l’autoroute Est-Ouest en sont des exemples concrets», a-t-il déploré.