Les tensions que suscitent les prix du gaz entre pays producteurs et consommateurs pourraient conduire les parties prenantes à ce marché d’opter solidairement pour une formule de prix hybrides, estime l’ancien PDG de Sonatrach, Abdelmadjid Attar, dans un entretien à l’APS en marge du 4ème symposium de l’association algérienne du gaz (AIG).
Question : Quelles sont les perspectives pour les contrats gaziers à long terme ?
Réponse : Nous assistons en ce moment à un débat entre producteurs et consommateurs de gaz sur cette question. L’Algérie en tant que pays exportateur revendique des contrats avec des formules de prix à long terme susceptibles d’assurer la couverture des investissements et de garantir l’enlèvement des quantités de gaz nécessaires au maintien de l’activité production.
La garantie de l’enlèvement est une condition exigée par la plupart des producteurs à l’exception de quelques pays comme le Qatar, dont la position sur cette question est un peu mitigée.
En parallèle, les consommateurs exigent une sécurité de l’approvisionnement à moyen et à long terme, mais avec une flexibilité des prix indexés sur le marché ’’spot’’ comme c’est le cas en Amérique du Nord.
Cette revendication suscite des discussions mais aussi des tensions. Nous allons peut-être nous orienter vers plus de compréhension de part et d’autre.
Pour l’Algérie ce serait une catastrophe si elle accepte de s’orienter vers le marché spot, et ce, malgré la concurrence du gaz de schiste américain et du GNL qatari, et de la crise économique qui ferme ses débouchés traditionnels.
Il faut aussi souligner que ce marché est parfois intéressant. Nous avons déjà vu par le passé des prix ’’spot’’ beaucoup plus intéressants que ceux indexés sur le pétrole, mais ils ne s’inscrivent pas dans la durée.
Question : Au rythme actuel de l’évolution des marchés gaziers régionaux, va-t-on aboutir à un marché ’’spot’’ globalisé qui mettrait fin à la formule de prix indexés sur le pétrole ?
Réponse : Personnellement je ne le pense pas. Il y aura probablement une formule hybride entre le spot et le long terme car il ne faut pas perdre de vue des facteurs comme les réserves, les capacités de production, et également les facteurs géopolitiques.
Le moindre événement géopolitique perturbera les marchés gaziers et pétroliers internationaux. Cette situation va encore durer pour longtemps, il y aura toujours des problèmes de ce type. Cela m’étonnerait qu’on aboutisse à un marché « spot » globalisé et ce n’est pas souhaitable d’ailleurs.
Question : Peut-on considérer le GNL comme la nouvelle donne qui va reconfigurer les marchés gaziers actuels ?
Réponse : Le GNL s’est développé énormément. Le commerce du gaz liquéfié est en train de s’accroître grâce au progrès technologique dans le domaine du transport, qui a permis l’exportation de cette énergie vers des marchés très éloignés.
Les progrès technologiques ont aussi permis de réduire les coûts de transport et de mettre fin aux problèmes de regazéification. Les derniers méthaniers flottant sont en mesure de transporter, de liquéfier et de regazéifier des quantités importantes de gaz partout dans le monde.
Le GNL va désormais influer davantage sur l’évolution des marchés régionaux de gaz et c’est pour cette raison que l’Algérie a investi dans ce domaine en doublant ses capacités de liquéfaction.