Abdellah Djaballah, fondateur du parti islamiste Nahda (Renaissance) dans les années 1990, a annoncé samedi la création de son nouveau parti politique, le Front pour la justice et le développement (FJD), assurant qu’il était “hors de question d’avoir recours à la violence pour accéder au pouvoir” en Algérie.
Le FJD “sera un parti politique d’opposition, mais une opposition constructive et non une opposition contre les personnes et l’institution”, a-t-il précisé. “Ouvert à tous les Algériens”, ce parti entend bien entendu adresser son message en priorité aux islamistes à qui M. Djaballah recommande de “se constituer en front commun”.
Mohamed Boulahia, l’un des derniers compagnons de route de Djaballah à lui rester fidèle, a précisé à l’Associated Press que “la référence idéologique pour le FJD sera les textes fondateurs de la révolution algérienne, elle-même basée sur les valeurs de l’Islam”. Cet ancien député a insisté également pour dire que le nouveau parti n’entendait “exclure personne qui souhaiterait en faire partie, sauf ceux qui sont exclus par la loi”.
Une précision qui se veut comme une réponse à certains articles de presse parus samedi, soupçonnant le FJD d’être une sorte de resucée de l’ex-Front islamique de salut (FIS), dissout par la justice militaire algérienne en 1992 après avoir basculé dans la violence armée.
Les fondateurs du FJD ont par ailleurs indiqué vouloir participer aux prochaines élections législatives prévues en septembre 2012. “Le parti ne gouvernera pas seul, même s’il gagne la majorité des sièges”, a assuré samedi M. Djaballah. Selon lui, “dans la conjoncture politique actuelle, aucune formation politique n’est en mesure de diriger toute seul un pays comme l’Algérie qui a besoin de consensus sur les grandes questions politiques, sociales et économiques”.
Les observateurs se demandent toutefois si cette nouvelle formation recevra son agrément, sachant que jusque-là toutes les tentatives d’Abdellah Djaballah, un homme jugé imprévisible et connu pour ses positions radicales, avaient butté sur le refus systématique du ministère de l’Intérieur. Début juin, le Premier ministre Ahmed Ouyahia s’était dit opposé au retour dans le jeu politique d’islamistes ayant commis des actes terroristes, rejetant toute idée d’amnistie générale.
Cependant, Abdelghafour Sadi, l’un des membres fondateurs, a cru lire dans l’autorisation accordée par la préfecture d’Alger à l’organisation de la cérémonie d’annonce officielle samedi “un signe positif qui nous laisse espérer un agrément pour que nous puissions participer à la construction de l’Algérie”.
Une nouvelle loi sur les partis politiques est voie d’élaboration au ministère de l’Intérieur, s’inscrivant dans la batterie des réformes politiques globales promises en avril dernier par le président Abdelaziz Bouteflika.
AP