Abdelkader Messahel tente de l’occulter: Les échanges économiques avec le Maroc restent très modestes

Abdelkader Messahel tente de l’occulter:  Les échanges économiques avec le Maroc restent très modestes
Abdelkader Messahel

Ni la création d’une Zone arabe de libre-échange ni les crises sécuritaires en Tunisie et en Libye n’ont permis de renforcer le partenariat avec le pays voisin.

Le ministre chargé des Affaires maghrébines vient de déclarer à la Chaîne III que les échanges économiques entre l’Algérie et le Maroc connaissent une évolution favorable. Si on s’en tient uniquement aux échanges commerciaux entre les deux pays, la tendance contredit cette affirmation. En effet, en 2012, une année faste dans les rapports bilatéraux, les échanges commerciaux ne dépassaient pas les 2 milliards de dollars : 1,3 milliard de dollars d’exportations algériennes vers ce pays et 755 millions de dollars d’importation.

En 2016, les échanges ont connu une baisse par rapport à cette période en raison de la baisse des prix du pétrole. Elles ne dépassent pas le milliard de dollars.

Nos exportations sont constituées essentiellement d’hydrocarbures, celles hors hydrocarbures restent marginales.

LG Algérie

Ce n’est pas la première fois que le ministre affiche la bonne santé des relations économiques entre les deux pays dans un contexte de crispation des rapports politiques, en raison du désaccord avec Rabat sur le Sahara occidental. Manière de tempérer le discours officiel algérien face à l’agressivité de la communication du palais royal sur la question.

Au-delà des déclarations politiques, il apparaît clairement que la fermeture des frontières terrestres avec le Maroc et les divergences sur l’autodétermination du peuple sahraoui expliquent la faiblesse des échanges économiques avec le voisin. Le modeste volume des échanges n’est pas particulier à nos relations commerciales avec le Maroc, il caractérise nos rapports économiques également avec les autres pays de l’UMA : Tunisie, Libye et Mauritanie. Ainsi, plus de 30 ans après la création de l’Union maghrébine, UMA, les relations commerciales dans la sous-région restent très en deça des ambitions de cette construction visant l’intégration économique du Maghreb. Ce grand retard dans l’édification de cette Union explique la faiblesse des rapports économiques entre les pays membres. Le grand frein à l’avancée du libre-échange dans la sous-région est sans conteste le conflit sur le Sahara occidental. Paradoxalement, la création de la Zone de libre-échange arabe n’a guère favorisé le développement des relations commerciales avec le Maroc.

Les échanges avec la Tunisie sont plus importants. Les crises sécuritaires en Tunisie et en Libye n’ont pas également permis un rapprochement économique entre l’Algérie et le Maroc. Cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas d’échanges économiques entre l’Algérie et le Maroc. L’Algérie exporte essentiellement des hydrocarbures, de l’ammoniac, du verre, du sucre vers ce pays. Elle est liée au Maroc par le gazoduc GME d’une capacité de 11,5 milliards de mètres cubes/an et qui exporte, via ce pays, du gaz algérien vers l’Espagne. Le Maroc bénéficie de ce transit.

Enfin, n’oublions pas que l’essentiel des échanges passe plutôt par le canal de la contrebande. La politique des subventions en Algérie encourage un énorme détournement de produits agroalimentaires et de carburants. Ce trafic toléré profite à des barons marocains et algériens. Les flux sont tellement importants qu’il devient très difficile aujourd’hui de mettre fin à ce commerce informel.

Mais au-delà de la question de densité des relations économiques bilatérales, la qualité de nos rapports avec le pays voisin renvoie à l’incapacité des gouvernants des deux pays à transcender leurs divergences politiques et à mettre en avant la complémentarité économique comme aiguillon à l’amélioration des échanges bilatéraux et comme accélérateur de l’intégration économique du Maghreb, au bénéfice des populations de la sous-région.