Il ne fallait pas aller trop loin pour trouver « la personnalité nationale » qui pilotera les réformes politiques du président Bouteflika. Donc le choix est porté sur Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation pour diriger le nouveau projet du chef de l’Etat. Personnage sans envergure, M. Bensalah est surtout connu pour être un proche du chef de l’Etat. Comme par hasard, originaire de Tlemcen.
« Dans le cadre du cheminement des réformes politiques qu’il a explicité ce jour, le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a désigné M. Abdelkader Bensalah pour la conduite des consultations avec les partis politiques et les personnalités nationales », a indiqué un communiqué de la présidence de la République.
M. Bensalah aura ainsi à diriger des rencontres avec les partis et personnalités pour de « larges consultations » sur les réformes politiques à promouvoir, particulièrement la révision de la Constitution, selon le document de la présidence.
Agé de 70 ans, Abdelkader Bensalah, natif de Tlemcen, dans l’Ouest d’Algérie, région dont sont originaires plusieurs ministres et hauts cadres de l’Etat, occupe le poste de président du Sénat depuis le 02 juillet 2002. Il avait été porté à la tête du Conseil de la Nation en deux trois mouvements.
Lors des élections législatives du 30 mai 2002, Bensalah est élu député d’Oran. Contre toute attente, 23 jours après son élection, il démissionne de son poste le 22 juin. Le lendemain, il est nommé sénateur du tiers présidentiel au Conseil de nation.
Vingt jours plutôt, le président du Sénat, Mohamed Cherif Messaadia, 78 ans, ancien cacique du FLN ( Front de libération national ) décédait à l’hôpital américain à Paris d’une longue maladie.
Le 02 juillet donc, le poste devenu vacant, Abdelkader Bensalah lui succède à la tête du Sénat. Elu difficilement député d’Oran le 30 mai, celui-ci est porté à la tête du Conseil de la Nation trente trois jours plus tard.
Ainsi, en deux trois mouvements, M. Bensalah est passé du statut de député à celui de président du Sénat.
Le lieu de naissance d’origine de Bensalah n’est sans doute pas étrange à cette soudaine promotion.
Etrangement, la désignation aujourd’hui d’Abdelkader Bensalah à la tête de cette nouvelle commission des réformes politiques initiées par Bouteflika intervient au moment même où le passé de ce proche du chef de l’Etat resurgit avec les révélations contenues dans le livre du journaliste Mohamed Sifaoui, « Bouteflika, ses parrains et ses larbins » (Editions Encre d’Orient), à paraître le 26 mai prochain.
Le journaliste qui a enquêté sur les origines de M. Bensalah affirme que ce dernier est né de parents marocains, mais qu’il a obtenu son décret de naturalisation en septembre 1965.
Auparavant, toujours selon Mohamed Sifaoui, Bensalah a travaillé au consulat du Maroc à Oran, où il « aurait rendu de grands services » aux Algériens. Curieusement, cette révélation n’a pas suscité le moindre commentaire de la part de l’intéressé.
Bien qu’aucun démenti n’a été apporté à cette révélation, celle-ci a suscité, selon nos informations, des interrogations autant que de l’embarras dans le sérail algérien.
Mais visiblement, pas de quoi perturber l’entourage du chef de l’Etat.
Le choix de cette personnalité connue pour sa proximité avec le clan présidentiel serait-il de nature à rassurer l’opposition sur les vraies intentions démocratiques du chef de l’Etat ? Rien n’est moins sûr.
Personnage sans envergure, cet ancien journaliste arabisant passé par la case de la diplomatie ne présente guère le profil d’un homme en mesure de recueillir le consensus au sein de l’opposition. Si tant que celle-ci puisse adhérer au nouveau projet politique du chef de l’Etat.
Mais tout porte à croire que la désignation de M. Bensalah obéit à d’autres considérations.
Non seulement le président Bouteflika, 74 ans, veut gagner du temps face à la contestation sociale et politique qui secoue le pays, mais il entend également maitriser le processus de ses réformes politiques de bout en bout.
Le choix porté sur la personnalité d’Abelkader Bensalah découle de sens.