Abdelhakim Aouidat, président de la Fédération nationale des agences immobilières

Abdelhakim Aouidat, président de la Fédération nationale des agences immobilières
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« 80% des transactions immobilières se font dans l’informel »

La restructuration des agences «engendrera pas moins de 30.000 emplois».

«Plus aucune transaction immobilière en dessous des 500 millions de centimes ne peut se faire en Algérie sans paiement par chèque», a affirmé le président de la Fédération nationale des agences immobilières, joint, hier, par téléphone.

En effet, le marché connaît actuellement une stagnation assez importante, notamment de par le fait que les spéculateurs, qui se jouaient des prix, comme bon leur semblait jusqu’à présent, ne pourront plus toucher du cash. La récente mesure du gouvernement les oblige à bancariser leur argent. Un argent qui sera déclaré ainsi aux impôts puisque le paiement par chèque impose une traçabilité des transactions immobilières.

Pour Aouidat Abdelhakim, les autorités doivent accompagner cette «bonne» mesure à même d’obliger les propriétaires de biens immobiliers ainsi que les acheteurs ou locataires à «déclarer la somme exacte de la transaction». Pour y parvenir, notre interlocuteur dit qu’il est temps de «renforcer les mécanismes juridiques et mettre le holà à l’informel qui gangrène l’immobilier».

En guise d’arguments, M. Aouidat fait savoir que «80% des transactions se font en dehors du cercle officiel», dénonçant, une fois de plus, les «intermédiaires, courtiers et autres samsars, qui continuent à intervenir dans cette activité et empoisonnent la vie à l’agent immobilier agréé, tout en échappant à toute forme d’impôt».

Sur sa lancée, le président de la Fnai propose de mettre en place une loi qui oblige la réalisation de la transaction par l’agent immobilier agréé par l’État. Une loi qui permettra, en premier lieu, de confirmer la véracité de la déclaration de la transaction, et d’acquérir des statistiques fiables concernant le marché de l’immobilier, ce qui facilitera à l’État la mise en place de sa politique de promotion du logement».

Les prix de location des logements sont exorbitants

Compte tenu l’anarchie qui prévaut encore dans le secteur, et qui fait perdre ses repères au marché, la FNAI demande, depuis 2006, la «revalorisation» du parc immobilier. Le premier responsable de cette fédération préconise un «baromètre» de prix d’achat et de location de biens. Enchaînant, il dit que les prix affichés actuellement sont pour le moins «exorbitants», «excessifs» et «ne répondant à aucune norme».

Explicite, M. Aouidat fait savoir que la réalisation, par les pouvoirs publics, d’un programme de 1.2 million de logements, auxquels s’ajoutent 1.6 million d’unités prévus dans le quinquennat 2015-2019, «devait faire baisser de moitié le prix de location des appartements». Hélas, ce n’est pas le cas. Nombreux sont les Algériens qui déboursent de grandes sommes pour louer un bien immobilier. Dans certains endroits, les prix sont inabordables. «Il faut restructurer le marché en permettant aux agences de travailler dans de meilleures conditions», souligne le président de la Fnai, ajoutant que «si la lutte contre l’informel n’est pas gagnée, elles ne seront pas moins de 3.000 agences immobilières qui vont mettre la clé sous la porte et c’est l’anarchie qui sera généralisée dans ce cas là».

Appelant à plus de «traçabilité» et de «transparence», M. Aouidat indique que «toute transaction doit se faire par un professionnel agréé par l’État». L’objectif est de «rediriger les prix vers leur juste valeur». Cette réorganisation du marché immobilier sera, à coup sûr, porteuse de toute une série de solutions, selon notre interlocuteur. Étayant ses dires, il souligne qu’une fois cet «assainissement» réussi, et l’informel combattu, les agences, dans un cadre bien organisé, «vont recruter pas moins de 30.000 personnes avec des mises à niveau et des stages réguliers qui leur seront dispensés». La traçabilité recherchée évitera, également, le recours à des prête-noms dans les transactions immobilières, puisque les identités précises seront entre les mains des notaires et des inspecteurs des impôts. Les notaires auront l’obligation de déclarer les noms des acheteurs dans la mesure où le paiement se fera uniquement par chèque.

Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que la FNAI demande aussi l’instauration d’une journée nationale dédiée à l’agent immobilier et œuvre à mettre en place une banque de données locale et nationale dont pourront bénéficier tous les agents immobiliers.

Fouad Irnatene