Abdelghani Zalène, ministre des travaux publiques et des transports, à l’expression: “Notre secteur est sur les rails”

Abdelghani Zalène, ministre des travaux publiques et des transports, à l’expression: “Notre secteur est sur les rails”

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Dans cet entretien, le ministre des Travaux publics et des Transports, Abdelghani Zalène, s’est exprimé sur la situation actuelle de son secteur, sur sa stratégie, les problématiques et les solutions à apporter… Un nouveau système intelligent de gestion de trafic routier est en cours de réalisation à Alger… Une étude de plan de circulation a été intégrée dans le projet de la mise en place du centre de régulation de la circulation actuellement en cours de réalisation.

L’Expression: Monsieur le ministre, le secteur des transports dont vous avez la charge, baigne depuis bien avant votre arrivée, dans un grand nombre de problèmes: modernisation du rail, transport maritime, transport aérien, construction des routes, etc… Que compte faire votre ministère pour aplanir toutes les difficultés et quelles sont vos priorités?

Abdelghani Zalène: Bien au contraire, en reprenant votre question, il y a lieu de retenir que mon département ministériel poursuit la mise en oeuvre de la stratégie tracée depuis quelques années et qui consiste en un vaste programme d’investissements destiné à moderniser et à renforcer les infrastructures de base d’une part et d’autre part, à améliorer les prestations de service rendues aux usagers. A ce titre, il est à signaler que le secteur des transports et des travaux publics a bénéficié, ces dernières années, sous l’impulsion de Son Excellence, Monsieur le président de la République, d’un intérêt particulier en lui réservant des enveloppes conséquentes au titre des différents plans de développement. Ces programmes qui ont touché l’ensemble des modes de transport ont été orientés principalement vers les infrastructures, les équipements, le matériel roulant et la ressource humaine, avec comme objectifs principaux l’équilibre du territoire, la protection de l’environnement, l’amélioration des prestations, la performance des réseaux, la réduction des coûts et des délais de transport, l’amélioration du niveau de sécurité et le transfert modal de la route vers le rail. A ce titre, le secteur des travaux publics a enregistré un essor considérable à travers la réalisation de projets structurants tels que l’autoroute Est-Ouest d’une longueur de 1200 km.

A cette réalisation, se greffent les pénétrantes vers les différents ports commerciaux, les différents tronçons routiers au niveau du territoire national, mais également la route transsaharienne qui constitue un corridor vers les pays frontaliers situés au sud de l’Algérie. Pour ce qui est du programme d’investissement ferroviaire, il a porté sur la modernisation du réseau exploité, son extension, son dédoublement, son électrification et l’introduction d’un système de signalisation et de communication moderne et performant (GSM-R et Ertms).

Le réseau ferré national s’élève actuellement à 4 200 km et devrait atteindre à court terme 6 500 km. En prévision de la réception de ce programme d’investissement et de sa mise en exploitation, la Société nationale des transports ferroviaires s’est engagée dans un vaste programme de réorganisation, de modernisation et de renouvellement de son parc roulant ainsi que de diversification de ses activités. L’ensemble de ces programmes qui ont introduit dans le paysage des transports de nouveaux systèmes de transport a bouleversé le comportement des usagers des transports collectifs et participe amplement à la protection de l’environnement ainsi qu’à l’amélioration des conditions de vie des citoyens algériens.

Nos villes étouffent en raison du transport urbain qui constitue un point noir handicapant sérieusement les déplacements des citoyens, notamment dans la capitale… Peut-on avoir une esquisse de l’approche que vous comptez donner à ce problème pour en atténuer ses effets, à défaut de l’aplanir?

Avec l’essor qu’a connu le parc automobile en Algérie, l’extension du tissu urbain, la croissance démographique galopante, les grandes agglomérations connaissent effectivement une densité du trafic routier causant ainsi une congestion de la circulation et par voie de conséquences des désagréments aux automobilistes, notamment au niveau de la capitale. Pour remédier à cette situation, un certain nombre de mesures ont été initiées par notre département ministériel.

Tout d’abord, un investissement colossal a été consenti en matière de transport urbain à travers la réalisation et la mise en exploitation du métro d’Alger, du tramway, du transport par câble, de la desserte ferroviaire de la banlieue algéroise et du renforcement des capacités de l’Etusa. L’introduction de ces modes de transport modernes, propres et de masse ont permis d’absorber une grande partie des déplacements des citoyens algérois qui, auparavant, recouraient à leurs véhicules particuliers. En parallèle et en coordination avec la wilaya d’Alger, un nouveau système intelligent de gestion de trafic routier est en cours de réalisation au niveau de la capitale par la création d’un joint-venture algéro-espagnol. Il consiste en la réalisation d’un centre de régulation de la circulation routière avec équipement de plus de 500 carrefours en feux tricolores.

Par ailleurs, 48 projets de dédoublement et d’élargissement de voies sont en cours à travers plusieurs endroits de la capitale. Ces projets, une fois réceptionnées, permettront d’introduire une fluidité sur la circulation et d’améliorer la mobilité urbaine au niveau de la capitale.

Ne pensez-vous pas que l’anarchie qui caractérise le transport urbain des voyageurs dans la presque totalité de nos villes est le résultat d’une absence totale de contrôle, sachant qu’un grand nombre de chauffeurs de bus se conduisent mal sur les routes, et n’est-il pas temps que la fonction de chauffeur de transport en commun soit soumise à une formation?

Tout d’abord, il faut relativiser cette appréciation car la désorganisation de l’activité de transport routier de personnes ne concerne que certaines localités ou zones alors qu’en majorité, les prestations ont connu une nette amélioration, notamment sur les moyennes et grandes lignes. Cette insuffisance s’explique principalement par le caractère artisanal et le manque de professionnalisme de certains intervenants, l’atomisation du parc, l’absence de plans de transports urbains, mais aussi par la faiblesse des moyens humains appelés à effectuer des opérations de contrôle. Toutefois, cette situation est prise en charge par notre secteur en généralisant les établissements publics de transport urbain et suburbain au niveau de toutes les wilayas, en introduisant des modes de transport de masse et modernes tels le tramway, le transport et par câble et en densifiant le réseau ferré et les moyens de transport ferroviaire.

On remarque présentement une absence sensible de transporteurs, bus et taxis, pendant la nuit, principalement dans la capitale. Ceci va à l’encontre de la promotion de «la vie nocturne» et même du tourisme. Sachant que la saison estivale est à nos portes, quelle est la stratégie qui sera mise en place pour remédier à cette situation…?

Pour ce qui est du transport de nuit, il y a lieu de signaler que les transporteurs sont tenus d’assurer une permanence de nuit et les jours fériés. Dans ce cadre, les opérateurs publics assument convenablement cette mission en assurant leurs dessertes jusqu’à des heures tardives de la nuit.

C’est le cas du métro, du tramway, du transport par câble et du transport assuré par l’Etusa. S’agissant des transporteurs privés et compte tenu de leur organisation actuelle, ils n’assurent pas effectivement le transport de nuit au niveau des lignes urbaines et rurales, par contre, concernant les lignes de grande et moyenne distances, les services sont assurés en fonction de la demande de transport recensée. S’agissant enfin de la saison estivale, des plans de transport spéciaux sont mis en place au niveau des 48 wilayas pour répondre à la demande de transport conjoncturelle exprimée.

Dans un grand nombre de villes on remarque l’absence totale de plan de circulation, de signalisation horizontale et verticale et de feux tricolores pour réguler la circulation à l’intérieur des agglomérations. Y a-t-il un plan national pour remédier à cette situation, en allant à l’implantation des feux au niveau de tous les carrefours et des grandes artères de nos villes en vue de décongestionner le réseau routier et partant de là fluidifier la circulation?

Pour ce qui est des plans de circulation, de la signalisation et des feux tricolores, ces missions relèvent des collectivités locales qui ont la charge d’engager des études dans ce cadre et de suivre la mise en oeuvre des recommandations y afférentes.

A ce titre, il est à noter que plusieurs wilayas et Assemblées populaires communales ont engagé des actions pour l’organisation de la circulation au niveau de leurs agglomérations, mettre en place la signalisation nécessaire et installer les feux tricolores pour une meilleure régulation de la circulation. Pour ce qui est du cas de la wilaya d’Alger, une étude de plan de circulation a été intégrée dans le projet de la mise en place du centre de régulation de la circulation actuellement en cours de réalisation.

Un grand nombre d’artères et de places publiques sont aujourd’hui squattées par des indus occupants, ceux qu’on appelle les parkingueurs, qui agissent en dehors de tout cadre légal pour imposer le paiement du stationnement à des prix qu’ils fixent selon leur humeur et au grand dam des automobilistes qui sont rackettés au vu et su de tout le monde. Certains maires se rendent complices de cet état de fait en délivrant des «autorisations» exhibées par ces parkingueurs…. N’est-il pas temps de rendre la voie publique aux citoyens en mettant fin à ces pratiques illégales et qui baignent dans un flou total…?

Effectivement, ce phénomène a pris de l’ampleur au niveau de nos villes. Pour ce point également, il relève des collectivités locales auxquelles incombe la mission de la gestion de la voirie urbaine. Pour endiguer cette situation préjudiciable aux automobilistes, des mesures sont initiées par le ministère de l’Intérieur pour assurer une meilleure organisation du stationnement et par les projets de réalisation de parkings normalisés devant permettre d’offrir aux automobilistes de meilleures conditions de stationnement en toute sécurité. C’est le cas des wilayas d’Alger, d’Oran, de Constantine et de Sétif notamment, par exemple qui ont engagé un programme de réalisation de parkings à étage, dont le premier a été ouvert récemment au grand public au niveau d’El Biar et trois autres sont en cours de réalisation.

On dit que les infrastructures de péage de l’autoroute Est-Ouest seront opérationnelles dans quelques mois, doit-on comprendre par-là que nous allons vers une route sûre, confortable et régulièrement entretenue, que les aires de repos sont déjà sur pied et que les usagers y disposeront d’une large gamme de services dont les bornes téléphoniques…?

D’abord permettez-moi de vous informer que le mode de péage adopté sur l’autoroute Est-Ouest est le mode fermé c’est-à-dire que vous prenez votre billet à l’entrée de l’autoroute et vous payez à la sortie, c’est-à-dire vous aurez à payer le nombre de kilomètres réellement parcourus. Voici maintenant quelques informations concernant les infrastructures qui seront réalisées aux normes internationales, dédiées au péage sur l’autoroute Est-Ouest: (48 gares de péage sur échangeurs – 7 gares de péage en plein voies – 22 centres d’entretien – 35 aires de repos – 146 stations de recueil de données de trafic – 42 aires de services – les panneaux à messages variables (au nombre de 42) – La vidéosurveillance… Ext! Un système d’aide à l’exploitation qui permet de commander tous les équipements et diffuser l’information à travers les panneaux à messages variables ou par radio FM.

Par ailleurs, il est admis de par le monde que le nombre d’accidents sur l’autoroute est de six fois moins que sur le reste du réseau. L’autoroute demeure donc une infrastructure sûre qui offre un niveau de service de qualité. C’est à ce titre que son entretien nécessite plus de moyens financiers et une présence permanente du gestionnaire de l’infrastructure. Il est aussi évident que les pouvoirs publics ne peuvent répondre aux besoins financiers qu’exige une telle présence, c’est pourquoi, il est fait appel à la contribution de l’utilisateur à travers le péage. Les ressources financières de l’Etat seront alors orientées vers les programmes d’entretien et de réalisation du réseau économique de base.