Dans cet entretien, l’ancien ministre de la Communication livre son appréciation sur la circulaire Sellal relative à la mise à la retraite des cadres de plus de 60 ans. Il souligne que la bonne gestion des compétences ne constitue pas une préoccupation de nos gouvernants.
Quel est votre appréciation de la circulaire de M. Sellal concernant la mise à la retraite des personnes de plus de 60 ans ?
Globalement, ce sont de mesures qui s’imposent dans les situations où le chômage est le résultat de la baisse de la croissance, ce qui n’est pas le cas en Algérie, dans la mesure où ces décisions touchent plutôt la fonction publique. Comme il est difficile de connaître le taux réel du chômage en raison de l’informel et de l’efficience du système national des statistiques, il est difficile d’évaluer la charge que représentent les salaires dans le budget de fonctionnement. La fonction publique est incontestablement le secteur qu’il faut réformer le plus

Avons-nous besoin de cette circulaire, alors que le code du travail est clair sur le sujet ?
C’est le résultat direct du non-respect des règles de la rigueur budgétaire. Le gouvernement a recruté par clientélisme politique ou pour apaiser le front social, sans tenir compte des implications financières à long terme, et nous en payons le prix aujourd’hui. Toutes les institutions internationales spécialisées avaient attiré l’attention de l’Algérie sur cette politique suicidaire de chômage déguisé en emplois précaires et révocables à tout moment
Avec cette circulaire, n’allons-nous pas vers la marginalisation de beaucoup de compétences, d’autant que la relève n’est pas
assurée ?
En réalité, nous payons le prix des dernières augmentations démagogiques de salaires, qui ont eu pour effet de gonfler la masse salariale et de nourrir la spirale inflationniste, sans pour autant créer de la richesse, d’autant plus que la fonction publique emploie chez nous plus que l’industrie. Du coup, dans cette logique de réduire l’enveloppe du budget de fonctionnement, les compétences passent en second lieu, car il est plus difficile de licencier un agent de sécurité qu’un cadre, car celui-ci est rattrapé par la règle de l’âge, n’est pas syndiqué en général et discipliné.