Abdelaziz Belkhadem de nouveau au FLN après quatre ans d’exclusion : Un retour et des interrogations

Abdelaziz Belkhadem de nouveau au FLN après quatre ans d’exclusion : Un retour et des interrogations
Écrit par Houria Moula

Exclu du parti en 2014 par le président de la République et via une dépêche de l’agence officielle APS, Abdelaziz Belkhadem remet les pieds au siège du parti du Front de libération nationale (FLN), à Hydra, après 4 ans, et se dit prêt à participer au « redressement » de la maison.

Accueilli mardi par un grand nombre de cadres et de militants, l’ancien chef du gouvernement s’est revendiqué de n’avoir jamais cessé de militer au FLN car, pour lui, « le militantisme est un engagement et une conviction, non pas une fonction ». Belkhadem, longuement reçu par le nouvel homme fort du parti, Mouad Bouchareb, coordinateur de l’instance dirigeante, a annoncé la couleur.

Lors d’un point de presse commun improvisé, l’ancien ministre d’Etat, conseiller personnel de Bouteflika, s’est dit « prêt » à aider Bouchareb dans la mission que lui a confiée le chef de l’Etat, à savoir « reconstruire le FLN sur de nouvelles bases qui reflètent le message du parti, inspiré de l’Appel de Novembre». Une feuille de route tracée par «le frère Président», a-t-il

déclaré, remerciant Abdelaziz Bouteflika d’avoir «levé l’injustice sur les militants».

Il est clair que le retour de Belkhadem n’est pas l’œuvre de Mouad Bouchareb. Ce dernier n’aurait jamais pris seul la décision d’inviter l’ancien chef de gouvernement, sans avoir au préalable l’avis de celui qui l’a renvoyé des rangs. En 2014, un « décret » pris par le président Bouteflika « a mis fin aux fonctions de Abdelaziz Belkhadem en qualité de ministre d’Etat, conseiller spécial à la présidence de la République, ainsi qu’à toutes ses activités en relation avec l’ensemble des structures de l’Etat ». Pire, « contact a été pris avec M. le secrétaire général du Parti du Front de libération nationale (FLN) à l’effet de prendre les mesures nécessaires afin de mettre fin aux fonctions de M. Abdelaziz Belkhadem au sein du parti et interdire sa participation aux activités de l’ensemble de ses structures», avait précisé à l’époque une source de la présidence.

C’est dire que le retour de l’homme dans cette conjoncture de crise pour le FLN et à la veille de l’élection présidentielle 2019 dont le parti est appelé à jouer un rôle de premier plan laisse libre cours aux interrogations. Abdelaziz Belkhadem accepterait-il d’« aider » uniquement Bouchareb dans sa mission qu’il qualifiera de « difficile, mais pas impossible » ? Pour avoir toujours été au-devant de la scène et occupé les plus hautes fonctions, il serait naïf de croire que l’ancien secrétaire général pendant huit ans (2005-2013) jouerait un rôle de second plan.

Et s’il a été appelé pour reprendre les commandes ? Une possibilité que Belkhadem laisse au soin des militants et de l’urne. Interrogé par la presse, il dira qu’il faut enraciner la pratique démocratique en sein du parti et laisser les

militants choisir leurs représentants de la kasma jusqu’au secrétaire général ». Celui qui a été destitué en janvier 2013 par l’urne reviendra-t-il par l’urne ? C’est une autre question.

En tout cas, Abdelaziz Belkhadem ne revient pas les mains vides. Il propose une sorte de feuille de route qui se décline en deux principaux points. « Vider le parti des intrus » et « combattre la corruption et mettre fin à l’achat des consciences ». « C’est ma vision », a-t-il fait savoir. Pour Belkhadem, « le FLN n’est pas une société par actions ou une usine. Il n’est ni à vendre ni à louer ». On dirait bien un plan pour redresser le parti à l’approche de l’élection présidentielle. Et vu les missions auxquelles doit se consacrer Bouchareb en tant que président de l’APN, il serait difficile de le maintenir aussi à la tête du FLN. Devant cette situation, qui de mieux à part Abdelaziz Belkhadem pour relancer très vite la machine et mettre fin aux luttes fratricides ! Pas que ça, car le FLN avec un Belkhadem aux commandes corrigera son discours qui a atteint les plus bas niveaux avec les deux derniers SG, Amar Saâdani et Djamel Ould Abbès. A la veille de la présidentielle, la première force de la majorité a tout intérêt à être solide et par ses dirigeants et par sa base.