Abdelaziz Belaïd estime que l’annulation de l’échéance présidentielle ouvrira la voie à l’instauration de l’état d’exception.
S’il souhaite voir l’appel du peuple entendu, à savoir le retrait de la candidature du président Bouteflika, le secrétaire général du parti El-Moustakbal, Abdelaziz Belaïd, ne prend pas franchement option en tant que parti. “Il est préférable que cette élection se tienne sans la candidature de Bouteflika, comme le réclame le peuple, certes, mais, en tant que politicien, il n’est pas dans mon rôle de l’appeler à renoncer à sa candidature”, s’est-il défendu, hier, au Forum de Liberté, estimant que seul le Conseil constitutionnel est habilité à valider ou non la candidature du président de la République qui postule pour un 5e mandat.
“Nous sommes avec le peuple et partageons ses revendications. Et, aujourd’hui, tout le monde constate que le président Bouteflika est malade, mais seul le Conseil constitutionnel est habilité à valider ou à invalider sa candidature”, a-t-il répondu, tout en se déclarant farouchement opposé à l’annulation de l’élection présidentielle du 18 avril prochain. Car, pour lui, l’annulation de cette échéance provoquera systématiquement l’“état d’exception” que souhaiteraient les décideurs ayant auparavant tenté vainement de vendre l’option du prolongement du mandat présidentiel.
Ce qui, alerte-t-il, risque de plonger le pays dans une crise similaire à celle des années 90. Il insiste ainsi pour que cette élection soit maintenue, même s’il admet que le changement ne viendra pas des urnes. M. Belaïd nie, au passage, avoir dit qu’il renoncerait à sa propre candidature, approuvée par le congrès de son parti depuis septembre dernier. “À aucun moment, je n’ai dit que j’allais retirer ma candidature. J’ai déclaré, en revanche, que nous allons revoir notre position par rapport à cette élection.
Comme le congrès m’a donné son aval pour la participation, la révision de notre position sera également soumise à l’instance compétente du parti, à savoir le conseil national qui se réunira prochainement”, a-t-il expliqué. En attendant, M. Belaïd refuse, tactiquement, de se définir à la fois vis-à-vis du pouvoir et de l’opposition. “Notre parti n’a de problèmes avec personne sur la scène politique. Nous nous entendons aussi bien avec les partis du pouvoir qu’avec ceux de l’opposition”, a-t-il dit, non sans justifier ses participations aux deux précédentes élections présidentielles par ses ambitions politiques d’arriver un jour au pouvoir.
“Pourquoi avons-nous créé un parti politique si ce n’est pas pour aspirer s’imposer sur la scène politique et accéder au pouvoir ? Nous ne faisons pas de notre parti un registre du commerce”, a répondu M. Belaïd, souvent accusé de jouer le rôle de lièvre. Il tient à sa candidature, à laquelle il ne semble pas près de renoncer. Cela d’autant plus qu’il dévoile, d’ores et déjà, les grandes lignes de ce que sera sa politique s’il venait à être élu comme Président. Au plan interne, il axe son programme notamment sur le volet économique, dont le projet de construire une économie diversifiée pour sortir de la dépendance des hydrocarbures.
Quant à la politique étrangère, il mise, entre autres, sur la consolidation des relations “historiques” avec la France qu’il considère comme “partenaire indispensable de l’Algérie”.
Farid Abdeladim