Le président du Front pour la justice et le développement (FJD) veut réunir l’opposition autour d’une candidature commune à l’élection présidentielle du 18 avril prochain. Jusqu’à présent, tous les acteurs politiques rencontrés, ou presque, estiment que l’initiative est louable. Mais, force est d’admettre qu’il n’y a point d’élément plaidant en faveur de la réussite de cette mission.
à suivre les différentes positions des partis et candidats participant à la présidentielle ou même les partisans du boycott, on a l’impression que cheikh Abdallah Djaballah prêche dans le vide. De l’ancien chef de gouvernement et président de Talaie El Hourriyet, Ali Benflis, au président du RCD, Mohcine Belabbas, au candidat à la candidature, Ali Ghediri, au chef du MSP, Abderrezak Makri, en passant par l’ancien diplomate, Abdelaziz Rahabi, à Nourredine Bahbouh et Karim Tabbou, le président du parti El-Adala a fait le tour d’horizon. Si le président du MSP a montré sa disponibilité à agir avec l’offre de Djaballah, en annonçant via le bureau exécutif du parti, avoir donné «l’accord de principe à la proposition relative à la présentation d’un candidat unique de l’opposition», il n’en demeure pas moins que sa réponse contient de l’hésitation. Makri précise qu’il n’adhérera pleinement au projet de Djaballah qu’une fois que l’opposition a choisi son candidat.
A ce moment-là, une session extraordinaire du conseil consultatif sera convoquée pour trancher. Même son de cloche chez Benflis qui se contente de parler de justesse de l’idée. Pour le président de Talaie El Hourriyet, Djaballah veut rassembler ce qu’il peut pour atteindre l’objectif d’un candidat unique de l’opposition ; « une idée juste pour laquelle il travaille avec de bonnes intentions car il veut le bien du pays». Mais, sans plus, puisqu’il renvoie la balle dans le camp des autres acteurs. Quand il dira, dans un entretien à TSA, qu’il n’a «aucune objection (…) s’il y a un accord sur un candidat».

Contrairement à Benflis, dont la participation à la présidentielle n’est pas encore tranchée en attendant la session du Comité central vers la fin du mois, Makri est, quant à lui, décidé à rester dans la course. On imagine mal comment les candidats peuvent se mettre d’accord quand chacun tire de son côté ? Comme le fait d’ailleurs Ali Ghediri, général-major à la retraite. Le candidat libre à la candidature se pose comme celui de la rupture et qui veut tenir tête au régime en place. «Ou c’est moi, ou c’est eux ! », a-t-il lâché. De ce fait, il n’acceptera sûrement pas d’être conduit par quelqu’un d’autre. Il est paradoxal, pourtant, de voir Djaballah optimiste après sa rencontre avec le candidat. «Ali Ghediri s’est montré ouvert à l’idée d’un candidat unique consensuel de l’opposition, mais d’autres rencontres sont nécessaires pour débattre du sujet», a déclaré le chef d’El Adala à ce propos.
Ajoutés à la position de Louisa Hanoune qui temporise encore mais dont le parti PT, rejette en bloc l’idée d’un candidat commun, le boycott du FFS et le rejet du RCD ne font que compliquer la tâche à Djaballah. Pour le PT, ce projet est « contraire aux principes démocratiques et au pluralisme politique», tandis que chez le RCD, on doute sérieusement de ce qui fait courir le vieil islamiste. «Je crois qu’au niveau même de son parti (El Adala), il ne s’agit pas d’une démarche de conviction. Pourquoi un candidat unique puisqu’ils disent eux-mêmes que l’élection est jouée d’avance ? Je ne sais pas ce qui fait courir M. Djaballah, ni les candidats déclarés d’ailleurs », a déclaré Mohcine Belabbas, lors de son passage au Forum de Liberté.
Quant au FFS, qui semble avoir entamé ses sorties sur terrain pour un boycott actif, cette démarche n’est pas inscrite dans son agenda. Même le second plan d’un «boycott collectif», maintenant que Bouteflika s’est déclaré candidat à sa propre succession, révélé par Lakhdar Benkhallef, président du conseil consultatif du parti de Djaballah, ne tient pas la route.
Et pour cause, ceux qui ont déclaré leur participation, à l’image de Makri et de Ghediri, ne comptent aucunement faire marche arrière. Le boycott, dans ce cas, même acquis, n’aura rien de « collectif ».