C’est fait : Abdallah Djaballah, fondateur des partis islamistes NAHDA puis Al islah dans les années quatre-vingt-dix, a annoncé samedi la création de son nouveau parti politique, Front pour la justice et le développement (FJD). Dans son discours, le leader islamiste a montré patte blanche, en faisant assaut d’assurance pour ne pas trop effaroucher l’opinion.
Ce nouveau parti politique, tel qu’il en a défini le contour « sera un parti politique d’opposition, mais une opposition constructive et non une opposition contre les personnes et l’institution », précise t-il soulignant qu’il « est hors de question d’avoir recours à la violence pour accéder au pouvoir ».
Abdallah Djaballah, indiquant que « ce nouveau parti est ouvert à tous les algériens », adresse son message en priorité aux islamistes à qui il recommande de « se constituer en front commun ». Mohamed Boulahia, un des compagnons de route de Djaballah, qui lui est resté fidèle, participant à la création de cette nouvelle formation politique, explique, dans une déclaration à l’Associated Press que « la référence idéologique pour le FJD sera les textes fondateurs de la révolutions algérienne elle-même basée sur les valeurs de l’islam ». Cet ancien député insiste aussi pour dire que « le nouveau parti ne va exclure personne qui souhaiterait en faire partie, sauf ceux qui sont exclus par la loi ». La précision est de taille et se veut comme une réponse à certains articles de presse parus samedi , soupçonnant ce nouveau parti d’être une sorte d’ersatz de l’ex Front islamique de salut (Fis), dissout en vertu d’une décision de la justice algérienne, après avoir basculé dans la violence armée.
Exit donc les ex membres du FIS qui sont encore sous le coup de la justice, de ce nouveau parti dont les fondateurs projettent de participer aux prochaines élection législatives prévues en septembre 2012. « Le parti ne gouvernera pas seul, même s’il gagne la majorité des sièges », tient à rassurer Djaballah dans son discours, en précisant que « dans la conjoncture politique actuelle aucune formation politique n’est n mesure de diriger toute seule un pays comme l’Algérie qui a besoin de consensus sur les grandes questions politiques, sociales et économiques ».
La question que les observateurs se posent est de savoir si ce nouveau parti recevra son agrément, sachant que jusque-là toutes les tentatives d’Abdelah Djaballah, un personnage imprévisible et connu pour ses positions radicales, avaient butté sur le refus systématique du ministère de l’intérieur. Cependant Abdelghafour Sadi, un des membres fondateur, croit lire dans l’autorisation accordée par la préfecture d’Alger pour l’organisation de la cérémonie d’annonce officielle « un signe positif qui nous laisse espérer un agrément pour que nous puissions participer à la construction de l’Algérie ». Une nouvelle loi sur les partis politiques est voie d’élaboration au ministère de l’intérieur et s’inscrit dans la batterie des réformes politiques globales annoncées le mois d’avril dernier par le président Abdelaziz Bouteflika. Le FJD sera-t-il donc agréé