Le secrétaire général du FJD a fait l’impasse sur l’hymne national en adoptant une attitude typiquement islamiste
Ainsi, l’ancien salafiste, qui s’était démarqué de l’ex-FIS, non pour des raisons idéologiques mais pour une banale question de leadership, découvre les vertus de la démocratie.
Toujours accompagné comme son ombre par Lakhdar Benkhellaf qui ne rate aucune occasion pour discréditer l’administration et les services administratifs de l’Etat, Abdallah Djaballah s’est prêté toute la matinée aux conditions d’une visite «guidée» qui l’a mené à la Nouvelle-Ville Ali-Mendjeli avant de revenir à Constantine en début d’après-midi où il a animé son dernier meeting électoral. Accueilli à l’intérieur de la salle omnisports de Daksi, quartier populeux et populaire de Constantine, par une assistance évaluée à quelque 1000 personnes, dont une bonne partie a été ramenée par bus des wilayas environnantes, il a fait l’impasse sur l’hymne national en adoptant une attitude typiquement islamiste qui considère l’hymne et l’emblème, comme de simples apparats protocolaires à essence démagogique. Visiblement remis de ses déboires précédents avec En Nahda et El Islah, ces deux partis qu’il a créés avant qu’il n’en soit éjecté par des «frères» devenus ennemis, le précurseur du mouvement salafiste à Constantine au milieu des années 1980 a dressé contre le régime en place un sévère réquisitoire l’accusant notamment d’être responsable direct de la dépendance alimentaire du pays. Selon Djaballah, la politique agricole poursuivie jusqu’à présent a été un grand échec. Voici un thème qu’il n’avait jamais abordé auparavant, même quand il s’était présenté à l’élection présidentielle de 1999. D’habitude, les sujets qui retenaient ses faveurs étaient axés autour de l’éducation, la culture et le pouvoir; c’est-à-dire les sujets qui font appel à beaucoup de référents idéologiques. Que s’est-il donc passé pour que le cheikh se découvre une nouvelle vocation de défenseur de la sécurité alimentaire des Algériens? En tous les cas, il n’a donné aucune précision à ce sujet et n’a pas expliqué au public venu l’écouter comment le FJD, le parti qu’il dirige actuellement, compte-t-il faire pour mettre fin à la bureaucratie et aux autres blocages qui, selon lui, contrarient fortement le développement des investissements agricoles. Evoquant le programme de son parti, il a déclaré être en mesure de créer deux millions de postes de travail et de réaliser plus d’un million de logements, si, bien sûr, le FJD devenait majoritaire! Et c’est aussi avec un air des plus sérieux qu’il s’est engagé, une fois que son parti s’installera au palais Zighout-Youcef, à lancer des réformes de fond touchant le système politique.
Ainsi, l’ancien salafiste, qui s’était démarqué de l’ex-FIS, non pour des raisons idéologiques mais pour une banale question de leadership et d’incompatibilité d’humeur avec Abassi et Benhadj, serait déterminé à introduire une véritable révolution dans le système, après avoir pris conscience des vertus de la démocratie. Il était pourtant parmi le noyau dur des islamistes constantinois qui pensaient que la démocratie était «kofr», une hérésie!

L’urgence à présent est d’établir le diagnostic de cette campagne électorale qui a émis son dernier souffle hier, sachant que le scrutin du 10 mai prochain est déterminant pour l’avenir de l’Algérie.
Toutes les formations politiques en lice ont poursuivi une même stratégie en maintenant un même discours où le volet social a été dominant, mais n’ont pas pour autant réussi à motiver l’électeur resté absent durant cette campagne en observant de loin la scène politique. On retiendra toutefois que le RND a été l’unique parti qui a mobilisé une assistance importante, suivi du FLN et du PT. Pour d’autres partis on en est toujours à la recherche du public. Ce constat annonce-t-il une abstention? Belkadem se contenterait (largement) d’un taux de participation de 45%. Soltani avec son alliance, prenant conscience de son impopularité tente un clin d’oeil en direction du Sud. Les chefs de file de la majorité des partis optent quant à eux, au dernier jour de la campagne, pour Alger afin de faire passer le message au moment où certains choisissent la stratégie de proximité. Mais personne ne peut prévoir qui siègera majoritairement au Parlement!