Abdallah al-Senoussi extradé par la Mauritanie

Abdallah al-Senoussi extradé par la Mauritanie

«Les autorités mauritaniennes remettent l’ex-chef des renseignements libyens, Abdallah al-Senoussi, à la Libye», avait annoncé mercredi dans la matinée la télévision d’Etat en arabe sur un bandeau défilant, sans plus de détails.

Abdallah al-Senoussi, ex-chef des services de renseignement du régime de Mouamar El Gueddafi recherché par la Cour pénale internationale (CPI), a été extradé par la Mauritanie et avait quitté hier ce pays où il était détenu depuis mars, selon des responsables à Nouakchott. C’est la télévision d’Etat mauritanienne qui a annoncé cette extradition, ensuite confirmée à l’AFP par des responsables mauritaniens, sans qu’on en sache la date et l’éventuelle destination de M. al-Senoussi.

A Tripoli, diverses autorités libyennes interrogées à ce sujet par l’AFP (bureau du procureur général, ministère des Affaires étrangères, gouvernement, représentant de la Libye à la CPI), ont affirmé ne pas être au courant. La CPI, basée à La Haye et qui a émis à l’encontre de M.al-Sanoussi un mandat d’arrêt, a aussi indiqué à l’AFP ne pas avoir d’information au sujet de son extradition. Le mandat d’arrêt, lancé le 27 juin 2011, l’accuse d’avoir commis «des meurtres et des persécutions de civils constitutifs de crimes contre l’humanité» dès le début, mi-février 2011, de la révolte contre le régime de M.El, Gueddafi. «Les autorités mauritaniennes remettent l’ex-chef des renseignements libyens Abdallah al-Senoussi à la Libye», avait annoncé hier dans la matinée la télévision d’Etat en arabe sur un bandeau défilant, sans plus de détails. Un responsable mauritanien, joint par l’AFP, a parlé d’ «extradition» de M.al-Senoussi, et a ensuite précisé qu’ «il a effectivement quitté la Mauritanie», sans indiquer la date de son départ du pays. «Toutes les procédures légales concernant cette extradition ont été respectées et les garanties d’usage données par le gouvernement libyen», a-t-il assuré sous couvert d’anonymat, sans autres commentaires. Plusieurs autres sources officielles mauritaniennes interrogées par l’AFP ont indiqué qu’une délégation libyenne, comprenant les ministres de la Défense et des Finances ainsi que le chef d’état-major de l’armée libyenne, avait séjourné mardi à Nouakchott. Les sources estiment que ce déplacement entrait dans le cadre de l’extradition de M.al-Senoussi, recherché également par la Libye. Le séjour de la délégation libyenne n’a fait l’objet d’aucune communication officielle à Nouakchott. Beau-frère de l’ancien «Guide de la révolution» libyenne, Abdallah al-Senoussi, un colonel, faisait partie du premier cercle entourant Mouamar El Gueddafi, dirigeant libyen déchu et tué en 2011. M.al-Senoussi est entré en Mauritanie avec un passeport malien sous une fausse identité, et a été arrêté dans la nuit du 16 au 17 mars 2012 à l’aéroport de Nouakchott, alors qu’il arrivait du Maroc. Il avait été placé en garde à vue avant d’être inculpé le 21 mai dernier de «falsification de document de voyage» et entrée illégale dans le pays. Il était détenu à Nouakchott depuis son arrestation. Le président mauritanien Mohammed Ould Abdel Aziz avait indiqué le 6 août que le Libyen serait jugé en Mauritanie avant toute décision concernant son éventuelle extradition. Hier, aucune indication n’avait pu être obtenue sur la suite des poursuites à l’encontre de M. al-Senoussi en Mauritanie. «C’est lorsque la justice mauritanienne aura terminé avec son dossier qu’une décision politique sera envisagée pour son extradition. (…) M.al-Senoussi a des problèmes avec la justice en Mauritanie, il doit être jugé pour son entrée avec une fausse identité en Mauritanie», avait alors dit en août dernier le président Ould Abdel Aziz lors d’une déclaration publique à Atar (nord de la Mauritanie). Selon lui, cette «situation a été expliquée aux délégations libyennes venues demander l’extradition, tout comme à la partie française» qui réclame également l’extradition de l’ex-chef libyen des services de renseignements pour son rôle dans l’attentat contre un avion d’UTA en 1989. Une délégation libyenne, dirigée à l’époque par le Premier ministre Abderrahim El-Kib, était venue début juillet à Nouakchott pour demander au président Ould Abdel Aziz l’extradition d’al-Senoussi.