L’abandon de l’allaitement maternel pose un sérieux problème de santé publique.
Ce qui ne laisse pas insensibles les hautes autorités internationales de santé, à l’image de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) qui lance un appel, à l’occasion de la semaine mondiale de l’allaitement maternel, du 1er au 7 août, pour promouvoir la pratique afin d’améliorer la santé et les chances de survie de l’enfant.
Près de 35% des nourrissons de moins de 6 mois sont exclusivement nourris au sein dans le monde aujourd’hui, tandis qu’en Algérie seulement 7% des femmes ont recours à un allaitement maternel exclusif.
Pourtant, les vertus du lait maternel ne sont plus à démontrer puisqu’il contient des anticorps qui aident à protéger l’enfant contre les maladies courantes de l’enfance, rappelle l’OMS. Elle précise que si tous les nourrissons étaient nourris exclusivement au sein pendant les 6 premiers mois de leur vie et recevaient ensuite des aliments nutritifs en complément de l’allaitement, on pourrait sauver chaque année 1,5 million d’enfants supplémentaires.
Les raisons de ce recul de l’allaitement sont dues à plusieurs facteurs, dont les profonds changements socioéconomiques qu’a connus notre société. Les modifications de la structure familiale, le travail des femmes sont les premières raisons évoquées. De l’avis d’un spécialiste, la problématique est un peu plus complexe.
Le professeur Djamil Lebane, chef du service de néonatologie à l’hôpital Mustapha, estime qu’il faut créer l’environnement adéquat pour promouvoir l’allaitement maternel puisque l’OMS le recommande comme une politique de santé. Pour ce faire, il est primordial que les maternités offrent toutes les conditions afin que les mamans puissent assurer un allaitement réussi.
Une politique intégrée en 1995 dans l’initiative « Hôpitaux amis des bébés ». « En pratique, il est recommandé d’avoir un personnel médical qui parle le même langage pour pouvoir assurer une politique nationale d’allaitement maternel.
Il faut des structures qui s’y prêtent pour initier les mamans à un allaitement maternel, d’où la proximité entre les maternités et les services de néonatalogie », a-t-il expliqué. Et de préciser que la désinformation, l’absence de préparation et les mauvaises conditions d’accouchement conduisent à cette situation. « Il faut offrir un environnement adéquat à la mère allaitante
Un effort supplémentaire doit être fourni en direction de cette population fragile », a-t-il recommandé. Le Pr Lebane évoque aussi le facteur stress qui provoque un manque de lait chez la maman, ce qui incite à un l’abandon rapide de l’allaitement. « La maman a besoin de temps ainsi que son bébé », a-t-il signalé en faisant allusion aux femmes qui travaillent.
La législation actuelle mérite d’être revue en faveur de cette catégorie de population.
A noter que l’OMS et l’Unicef appellent les établissements et personnels de santé à mettre en place des mesures pour promouvoir l’allaitement maternel dans le monde.
Le succès de l’allaitement maternel, souligne l’OMS, doit également passer par la formation du personnel soignant de chaque établissement aux techniques de l’allaitement et par l’élaboration d’associations de soutien à l’allaitement maternel.
Par Djamila Kourta