Comme chaque année à l’approche de l’Aïd El Adha, les discussions ne tournent, pour l’essentiel, qu’autour du prix du bélier, qui cette année a battu tous les records de cherté, puisqu’il oscille entre 25.000 DA pour un simple petit agneau et jusqu’à plus du double soit 60.000 DA pour un mouton bien dodu.
Alors, pour se décider d’acheter, on ne se précipite pas tellement, comme c’était souvent le cas jadis, car on attend en espérant une accalmie au niveau du coût, peut-être à quelques jours, voire même quelques heures de l’Aïd. Cependant, de l’autre côté de la barrière séparant la vente de l’achat, certains s’activent déjà dans le milieu des commerçants à Oran.
Aussi et cela est devenu une habitude que de voir des petits métiers qui naissent le temps d’une semaine à la faveur de cette fête. Les revendeurs à la sauvette reviennent à la charge, et ce, même si ces derniers savent qu’ils font désormais l’objet d’une chasse de la part des pouvoirs publics.
Ces commerçants occasionnels, exposent couteaux aiguisés scintillant de mille feux, haches fin prêtes aux dépeçages, barbecues en tout genre, brochettes métalliques, cordelettes, fours en terre cuite «madjmar», etc…. Les affûteurs de couteaux et autres candidats à l’égorgement et l’équarrissage des moutons sont également fidèles au rendez-vous.
Idem du côté des commerçants et notamment ceux implantés à M’dina J’dida, avec à leur tête, les grossistes, où la commande est à la conjoncture aux couleurs de l’Aïd, puisque les étals changent de produits pour se reconvertir aux ingrédients tant convoités en cette occasion.
On retrouve les pots de moutarde, harissa, mayonnaise, champignons, maïs… et toute la panoplie d’épices indispensables aux ménagères pour la cuisson sous toutes ses formes. Côté approvisionnement, les commerçants affirment être suffisamment achalandés pour faire face à la demande extraordinaire en cette période de fête.
Il est vrai que les Oranais ne se bousculent pas pour le moment pour ces achats, car la tête est ailleurs, notamment du côté du mouton à qui il faudra consacrer une somme importante, à un moment où le pouvoir d’achat déjà ébranlé par la cherté de la vie, ne permet pas des folies.
D’ailleurs, à ce niveau de la déception, beaucoup pensent déjà faire l’impasse sur le mouton en se rabattant carrément sur l’achat de quelques kilos de viande pour parer à ce sacrifice qui vise en premier lieu le citoyen avant le mouton.
Cependant, nous avons pris l’habitude de vivre à la veille de l’Aïd, certaines scènes où beaucoup de nos concitoyens, s’apprêtent à livrer un genre de guerre tribale, en y mettant du cœur avec un véritable rush sur les ustensiles de cuisine qui demeure toujours aussi impressionnant.
L’effervescence est à son comble, car les vendeurs des ses outils là, savent qu’ils vont au moins doubler leur chiffre d’affaires. La ruée concerne certes les instruments tranchants, mais aussi bassines, récipients métalliques et même de la vaisselle. Certains décident même de ramener des réfrigérateurs ou des congélateurs, à ce moment précis de l’année.
Cumin, poivre, “Rass Al Hanout”, piquant ou colorant alimentaire sont les principales épices demandées, mais les ménagères préfèrent s’approvisionner en épices principalement à la veille de l’Aïd, selon un marchand spécialisé dans ce domaine.
Concernant les prix, il y a généralement une petite augmentation pendant cette période, vu l’importance de la demande. Le charbon est loin d’être en reste, puisqu’il constitue l’élément principal à la cuisson du mouton durant l’Aïd, alors même que l’on retrouve, dans presque dans chaque maison, un ou plusieurs réchauds à gaz.
Il faut aussi s’attendre à voir de temps en temps, une petite boutique se reconvertir, l’espace d’une semaine, à la vente de fourrage et accessoirement de charbon et il n’est pas rare que certains se transforment, le jour de l’Aïd en bouchers ou rôtisseurs.
Enfin, les Oranais semblent une fois encore êtres très tenaces face au prix du mouton qu’ils finissent, dans leur grande majorité d’acheter, car une fois par an, ils oublient le goût des potages de légumes et des sardines, dont les prix sont toujours en hausse, pour savourer quelques moments de plaisir devant un festin royal au menu riche uniquement de viande fraîche.
S.A. Tidjani