L’abstention risque de faire un ravage lors des prochaines élections
Alors que le front social est en pleine ébullition, les partis restent insensibles aux soucis de la vie quotidienne.
La classe politique semble être sur une autre planète. A trois mois du rendez-vous électoral, les partis affichent un désintérêt total pour le citoyen. Ces derniers passent leur temps à se chamailler ignorant complètement le citoyen. Alors que le front social est en pleine ébullition, les partis restent insensibles aux soucis de la vie quotidienne. Le chômage, le pouvoir d’achat et la question des retraités ne captent plus l’attention des partis. Affolés par la course au pouvoir, ces derniers se livrent à une guerre par presse interposée. Le combat n’est plus entre partis mais entre personnes. Les leaders des formations politiques redoublent leurs attaques en imposant leur leadership. Sur la scène politique, l’heure est à la zizanie! Depuis un mois, on assiste à différents scénarios de combat. Les conflits se multiplient dans la forme et dans le fond. A l’intérieur de l’Alliance présidentielle, c’est le désaccord total.
Les trois partenaires, à savoir le RND, FLN et le MSP, se tirent dans les pattes. Le processus des réformes politiques a dévoilé la face cachée de cette coquille vide. Le MSP se met complètement dans la peau d’un opposant. Bouguerra Soltani a ouvert le feu sur ses alliés en appelant directement le président de la République à sauver ses réformes. Le MSP ne cautionne plus les «manoeuvres» de ses alliés.
Il a voté pour la première fois contre le projet de loi sur les partis politiques. Cet élément donne un signal fort sur cette alliance et démontre qu’elle n’a plus sa raison d’être. Même entre le FLN et le RND, les rivalités ont de nouveau ressurgi. Les deux partis majoritaires s’échangent des tirs croisés tenant le public pour témoin.
Les disputes sont affichées au plus haut niveau. Le ministre de la Santé a exprimé indirectement ce malaise. En déplacement mercredi dernier à Laghouat, Ould Abbès a affirmé qu’il est le seul et unique responsable du secteur. En riposte à cette sortie, le RND par le biais Seddik Chihab, vice-président de l’APN et membre proche de la direction RND, a apporté une mise au point indirecte. «Le comportement de certains ministres est révulsif», a estimé Chihab lors de la session du bureau d’Alger tenue samedi dernier, une déclaration qui sonne comme une réponse directe à Ould Abbès. Auparavant, le même responsable a pris la défense de son patron en infligeant des critiques acerbes à M.Belkhadem. «Pour pouvoir prétendre gouverner, il faut avoir la culture de l’État qui, elle-même, impose la réserve, la retenue et un réalisme», a-t-il affirmé avant d’ajouter: «Si les hommes politiques se mettaient à parler comme dans les cafés, je ne pense pas qu’ils pourraient prétendre gouverner le pays.» Lors de la réunion du comité central, M.Belkhadem a saisi l’occasion pour rendre une réponse commune à ses adversaires. «S’attaquer au FLN est devenu désormais le programme de prédilection de nombreux partis, y compris ceux avec lesquels il partage un programme commun visant à remettre l’Algérie sur les rails», a-t-il affirmé. Etant responsable du parti majoritaire, M.Belkhadem réclame ouvertement le poste de Premier ministre, une requête qui n’est pas du goût du RND. De l’autre côté, le Parti des travailleurs est entré dans une spirale contre les islamistes. Sa secrétaire générale crie haut et fort que le courant islamiste n’a aucune chance d’arriver au pouvoir. «Le courant islamiste est laminé en Algérie», a-t-elle réitéré lors de son passage samedi dernier à Radio Algérie internationale.
Louisa Hanoune échange des tirs croisés avec Abdallah Djaballah. Affolés par le pouvoir et déchirés par les crises internes, les partis se livrent à des joutes oratoires stériles en ignorant complètement le citoyen et ses déboires. Devant cet état de fait, l’abstention risque de faire un ravage lors des prochaines élections. En 2007, le taux n’a même pas frôlé les 35%.
Les partis doivent en tirer une leçon pour éviter un autre échec en 2012. Pour assurer une bonne participation, les partis doivent mettre le citoyen au centre de leur programme politique.