Vahid Halilhodzic a fait fort lors de sa dernière conférence de presse. Il a notamment déclaré qu’il veut «prendre trois jeunes de l’équipe de France». L’affaire fait du bruit en France. De l’autre côté de la Méditerranée, on y voit surtout comme une réplique de… Raouraoua à Platini. La réponse du berger à la bergère…
Pour bien saisir le sujet, un rappel s’impose d’abord. Il y a moins de trois semaines, Michel Platini, le président de l’Union européenne de football (UEFA), a accordé une interview à Jeune Afrique dans laquelle il s’est exprimé sur l’affaire des binationaux. Voilà textuellement ce que l’ancien capitaine de Saint-Etienne et de l’équipe de France a dit, son propos se passe de tout commentaire : «C’est un bon débat, la binationalité. La Direction technique nationale (DTN) est là pour former des joueurs pour l’équipe de France, pas pour la Pologne, la Croatie ou l’Algérie. Il est normal qu’elle se pose la question. Pour moi, il faudrait qu’à 18 ans les joueurs décident. Tu ne peux pas faire la Coupe du monde des moins de 17 ans avec un pays, puis les Jeux olympiques avec un autre.»
Voilà ce qu’avait dit Platini
«La FIFA a changé ses règlements en 2003, à la demande de Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football, qui avait tout compris. Mais la réforme a été soumise à un vote, ce qu’il ne fallait pas faire, car le scrutin a été politique. Imaginez qu’en Algérie il y ait un super joueur de 17 ans et que les Français aillent le chercher ! Les Algériens feraient un peu la gueule, non ?»
Maintenant que vous avez pris lecture des déclarations de «Platoche», pensez-vous que Mohamed Raouraoua, le président de la Fédération algérienne de football (FAF), allait rester les bras croisés ?
Raouraoua ne pouvait pas rester les bras croisés
Assurément, non, surtout qu’on connaît l’homme toujours rapide à la dégaine lorsqu’on le provoque, lui qui omet rarement d’adresser une mise au point, un coup de téléphone, voire même un beau démenti sur le site Internet de la FAF, aux journaux qui l’égratignent. Mais, là, il s’agit de Michel Platini. La réplique ne se fait pas de la même façon. On agit comme en politique, de manière diplomatique. Généralement, on prend du temps et on charge un intermédiaire de donner la réplique. Manifestement, c’est ce que Raouraoua aura fait à travers son nouveau «Général», Coach Vahid. Plus de deux semaines se sont écoulées depuis la dernière intervention de Platini dans Jeune Afrique, c’est déjà assez pour qu’on oublie le sujet, c’est surtout presque parfait pour qu’on ne pense pas, de prime abord, à une riposte du grand représentant algérien au sein de la FIFA.
Une riposte politique…
Mais ceux qui suivent de près le dossier n’ont pas manqué de faire la bonne lecture, celle qui autorise à penser qu’il s’agit bel et bien d’une réponse de Raouraoua à Platini via Halilhodzic. C’est d’autant plus vraisemblable qu’on dit que Raouraoua est en précampagne pour gagner les voix qui lui permettraient de garder plus tard son poste à la FIFA. Le jour où on procédera de nouveau au vote, les Africains réaliseront que «Raouraoua avait tout compris» et avait encore (ré)agi en conséquence. Au besoin, Raouraoua leur expliquerait tout et ils lui donneraient les voix du maintien. Après, Platini pourrait encore évoquer la politique, Raouraoua n’en serait plus gêné…
A. M.