Peut-on vivre de son salaire en 2016, même en étant cadre moyen ? La réponse est « non », martèlent les observateurs de la scène économique. Les analystes insistent sur le fait que la majorité des salariés algériens perçoivent un salaire de 50 000 DA, qualifié de rétribution de « secours », de surcroît laminée par une crise qui va durer. Dès lors, faudra-t-il changer son mode de consommation pour faire face à cette crise tel que le souhaite le président Bouteflika ? En tout état de cause, l’austérité est la cure de choc autant pour le citoyen que pour l’Etat.
L’année 2016 s’annonce très difficile. Le pouvoir d’achat des Algériens est soumis à rude épreuve. Les mesures prévues par la loi de finances 2016 adoptées par le parlement, auront un effet négatif sur le pouvoir d’achat des ménages dans les jours à venir.
Conséquences la couche moyenne de la société, vivant avec moins de 50 000 dinars par mois, va basculer dans la pauvreté et la précarité.
Les familles algériennes qui arrivaient difficilement à joindre les deux bouts, ne le pourront pas, dorénavant, avec les augmentations drastiques instaurées par le gouvernement prévues dans la loi de finances 2016.
C’est tout un mode de vie qui va être changé. Les mesures prises contenues dans les dispositions de cette loi de finances vont avoir un impact négatif sur la situation socioéconomique des salariés et un peu plus sur celle des cadres moyens.
Ces derniers, qui ont bénéficié d’augmentations sur leurs revenus salariaux ressentiront vite cette pression avec la hausse fulgurante des tarifs.
La quasi-totalité des ménages interrogés s’attendent à un recul de leur pouvoir d’achat durant cette année. Ils se préparent, davantage, à renoncer à de nombreuses dépenses de base, y compris en matière de santé et d’habillement. Parmi ces derniers, nombreux sont ceux qui sont pris dans la spirale de l’endettement. « A chaque fin du mois je me retrouve avec des dettes que je n’arrive pas à payer », a déploré
Abderezzak, 45 ans, père de quatre enfants, travaillant dans une APC. « Au bureau, entre collègues, les discussions tournent presque toujours autour du même sujet : loi de finances 2016 et les augmentations qui toucheront presque tous les secteurs », a-t- il ajouté.
Mohamed, la cinquantaine, travaillant dans une administration, n’a pas manqué d’afficher sa colère vis-à-vis des nouvelles augmentations. « Avec le salaire minable que je touche chaque mois, ce sera difficile pour moi de subvenir aux besoins de ma famille.
Je dois dans ce cas trouver un autre travail », a-t-il révélé. Et d’ajouter : « Après plus d’une vingtaine d’années de travail, mon salaire n’a pas dépassé les 39.000 DA et je n’ai pas encore de logement. Comment vais-je faire vivre mes enfants ?
La vie devient de plus en plus chère ». Bien que le gouvernement a tenu à rassurer la population au sujet des augmentations décrites par la LFC 2016 et qui ne concerneront que 20% de la population, mais la réalité est toute autre, selon les experts en économie. Ces derniers estiment que plus des 3/4 des ménages seront affectés par cette hausse des prix.
La classe moyenne à la limite de la pauvreté
Laminées par les différentes augmentations qui ont touché presque tous les secteurs, les classes moyennes algériennes ont été soumises à rude épreuve. Ces couches sociales dont les revenus ne sont pas assez élevés pour figurer parmi les classes supérieures, mais qui ne sont pas suffisamment bas pour se placer dans la liste des personnes éligibles aux aides de l’Etat. « A peine la nouvelle année a commencé que les prix ont flambé. On n’avait pas encore touché nos salaires que tout a augmenté.
A commencer par l’augmentation du litre du mazout et d’essence, des tarifs, des transports en communs du secteur privé ceux des communications de la téléphonie mobile. Et le pire reste à venir », nous dit Fatma, enseignante. « Ce qui est malheureux, dit-elle, c’est qu’à deux, mon mari et moi, nous ne parvenons pas à économiser de l’argent pour acheter un appartement.
Du coup, on travaille pour payer notre loyer. Et cela fait plus de dix ans que ça dure. », a-t-elle déploré. « Comment arriverai-je à mettre de l’argent de côté, alors que le salaire ne suffit pas pour venir aux besoins de notre famille pour un mois ? » s’interroge-t-elle.