Les pères de familles n’ont qu’à «bien se tenir»…
A l’approche du mois sacré, l’appétit des spéculateurs commence à se faire sentir.
Le grand nettoyage et les achats ménagers sont les préparatifs incontournables pour bien accueillir ce mois sacré. Mais depuis quelques années, compte tenu des conditions sociales et du faible pouvoir d’achat des ménages, c’est plutôt les économies réalisées qui inquiètent surtout les faibles bourses. Bien entendu, il ne s’agit pas de celle de l’énergie, mais celle liée aux prix des fruits et légumes, des viandes blanche et rouge et les poissons. C’est dire que cette année, rien n’échappera à la règle, même si cette fois, le jeûne interviendra en plein été où les quantités de fruits et légumes sont très abondantes cette saison, sans oublier les produits stockés dans les chambres froides. Il semble bien évident que les petites bourses seront mises en difficulté, de par l’augmentation subite des différents produits de consommation. Le prix du poulet qui était il y a quelques jours de 180 DA le kilogramme, est cédé aujourd’hui à 230 DA. Quant à celui des légumes, il continue à prendre des ailes. L’oignon et la tomate frôlent des prix inaccessibles. Sur les étals du marché couvert, à Annaba, les prix des légumes sont exorbitants. Les haricots verts sont vendus à 220 DA le kilogramme, la carotte et le navet sont vendus à 90 dinars le kilogramme, la courgette est cédée à 70 dinars et la laitue atteint les 80 dinars. La tomate est proposée à 120 dinars, le poivron à 140 DA. «C’est inaccessible», affirme un père de famille. «Les prix des légumes sont très chers», lance une ménagère. «Ce ne sont plus des vendeurs de légumes mais des pharmaciens. Tous des spéculateurs», s’indigne une femme âgée. Quant aux vendeurs, ils se défendent d’être les instigateurs de la hausse des prix. «Ce n’est pas de notre faute si les prix sont élevés. Au marché de gros, on les achète chers. On doit aussi penser à notre bénéfice et aux frais de transport», expliquent-ils. Le marché d’El Hattab, lui aussi n’échappe pas à la règle. Les prix sont aussi élevés. Celui de Soul Ellil est, cependant, plus clément. Tomate, navet, courgette et pomme de terre sont cédés entre 55,75 DA et 50 DA, le kg. Mais pour plusieurs personnes questionnées, les prix sont insensés. Selon elles, les petits marchands de légumes n’y sont pour rien. «A peine s’ils gagnent entre 10 et 15 dinars. Les grossistes imposent leur diktat et leurs prix», ont-elles ajouté. Sur ce point, une visite au marché de gros s’impose. Les prix affichés sur les étals sont plus ou moins accessibles. Selon certains vendeurs, les légumes frais de qualité sont vendus plus chers que d’autres.
Tomate, carotte et navet avoisinent les 40 DA. L’oignon et la laitue frôlent les 70 DA, quant à la pomme de terre, elle ne dépasse pas les 25 DA. Les clients, quant à eux, disent être moyennement satisfaits des prix. «Tout est cher. Les fruits et légumes ne peuvent pas être une exception», explique un vendeur de détail, venu s’approvisionner. Les vendeurs de poulet quant à eux prévoient une envolée des prix. Au niveau des marchés visités, le poulet maintient son prix depuis près de deux mois. Mais à l’approche du mois de Ramadhan, les vendeurs prévoient son augmentation.
Pour justifier cela, certains vendeurs de poulet au marché couvert comme au marché d’El Hattab, s’accordent à dire: «En période de grande chaleur, les aviculteurs réduisent leur production et les prix augmentent automatiquement», expliquent-ils unanimement. Une période qui coïncide avec le mois de Ramadhan où tous les moyens sont bons pour les commerçants. Selon une ménagère, «même à 300 DA le kg, le poulet reste abordable. On le consomme faute de viande rouge, toujours inaccessible». Le kilo de viande rouge varie entre 1400 et 1600 DA. Profitant du prix du poulet, certaines ménagères passent au mode de la congélation. Toutefois, il convient de noter que, chaque année, le mois de Ramadhan, connaît une abondance de production, mais le citoyen doit s’attendre à une hausse des prix. Le problème de la hausse des prix est imputé au manque de marchés de proximité pouvant absorber la différence des prix qui atteint parfois les 100%., comme expliqué par un responsable de l’Ugcaa de Annaba.
Notre interlocuteur n’a pas omis de faire savoir que la hausse des prix devra se prolonger même après le mois sacré où les produits se feront rares. Abordant le volet des chambres froides, l’homme a estimé que celles-ci ne jouent pas leur rôle de manière à apporter le support nécessaire, en matière de conservation. Sur le rôle défaillant des chambres froides, la responsabilité des services de Sonelgaz, est mise en exergue, notamment en cette période où les responsables de cette société, ont promis, qu’il n’y aura pas de délestage. Dans ce sens, il est à signaler que depuis plus de deux semaines, les coupures intempestives d’électricité font beaucoup de mécontents dans la wilaya de Annaba. C’est juste pour rappeler que les promesses d’un «Ramadhan sous de bons auspices», avaient été formulées par plusieurs responsables centraux et locaux. Il reste, cependant, que chaque année, le même scénario se répète. Un discours rassurant alors que les prix flambent déjà et les spéculateurs auront toujours le dernier mot.