C’est une situation qui semble être de tradition en Algérie, à quelques semaines du mois de ramadhan, les prix flambent sur le marché. Cette année encore, de nombreuses denrées notamment l’huile et la tomate en conserve connaissent déjà une hausse sur le marché. Par exemple, le bidon d’huile de 5 litres est passé de 570 Da à 610 Da et la tomate en conserve est à 110 Da.
Les consommateurs quant à eux, se plaignent et estiment être victimes expiatoires d’une situation qu’ils ne comprennent pas. L’approche à grandes enjambées de ce mois sacré est source de fortes préoccupations pour les ménages de petite bourse. En effet, certains s’affolent déjà : «comment peut-on assumer les dépenses durant ce mois ?» se demande-t-on. Alors que d’autres tremblent de peur que le marché ne flambe, comme cela a été toujours le cas en pareille occasion. Si cette situation est préjudiciable à plus d’un titre pour les familles, les commerçants, eux, nagent dans le bonheur. Ce mois représente pour eux une période des vaches grasses idéale pour renflouer les caisses. Le gouvernement tente encore cette année de rassurer par des promesses, souvent non tenues, sur le bon déroulement de ce mois sacré.
Discours d’avant chaque ramadan
En effet, les discours sont beaux, les mesures annoncées sont sur le papier complètes et rassurantes. Restera la réalité du terrain où s’affronteront, dans quelques semaines, les spéculateurs véreux, sans foi ni loi, et ceux qu’ils s’apprêtent à saigner : les consommateurs sans défense. Cette année les mesures annoncées par le gouvernement connaîtront-elles sur le terrain l’application nécessaire et efficace pour freiner l’appétit féroce des commerçants spéculateurs ? Ou seront-elles encore une fois un vœu pieux ?
Il faut dire que les Algériens sont confrontés à ce problème récurrent de la flambée des prix des produits de première nécessité à chaque ramadhan. L’année passée, malgré «les mesures qui ont été prises» les prix des fruits et légumes mais aussi de la viande (rouge et blanche) ont enregistré une hausse vertigineuse. Ces produits de large consommation restaient inaccessibles à la grande majorité des Algériens.
Selon le ministre de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Sid Ahmed Ferroukhi, «toutes les mesures réglementaires ont été prises en vue d’assurer la disponibilité des produits agricoles sur les marchés durant le mois de ramadhan».
Intervenant en marge de la séance consacrée aux questions orales à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a affirmé que son département était «dans la phase de régulation de l’ensemble des filières afin qu’elles soient à la hauteur durant le mois de ramadhan», soulignant que les «agriculteurs et éleveurs font l’objet d’un suivi afin de leur éviter qu’ils ne rencontrent des difficultés susceptibles de compromettre la production».
De son côté, le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, s’est réuni il y a quelque temps avec les représentants de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), afin de lancer une campagne de sensibilisation auprès des commerçants, en prévision du mois de ramadhan 2016.
Selon un communiqué du ministère, la rencontre entre le ministre et l’UGCAA avait pour objectif d’assurer la réussite de cette opération d’envergure nationale qui s’adresse aux commerçants distributeurs, grossistes et détaillants.
Cette campagne de sensibilisation vise essentiellement à assurer un approvisionnement régulier des citoyens, à respecter les prix réglementés des produits alimentaires de large consommation, à éviter le recours à la spéculation et à la rétention des stocks de produits objet de fortes demandes et à maintenir les prix à des niveaux raisonnables afin d’éviter leur flambée, souligne la même source. La campagne sera également l’occasion de rappeler aux commerçants leurs obligations liées aux règles de la protection des consommateurs ainsi que celle des pratiques commerciales et de mettre en place des permanences à tous les niveaux.
Aussi, cette opération vise à assurer un approvisionnement fluide du marché à la veille du mois de ramadhan 2016, à travers l’ouverture des marchés de proximité au niveau des wilayas en collaboration avec l’UGCAA, pour contrecarrer toutes velléités de spéculation ou d’augmentation des prix, est-il expliqué dans le communiqué.
A ce titre, le ministre a rappelé que les walis ont été saisis à l’effet de prendre toutes les dispositions pour réserver des emplacements qui seront dédiés à l’organisation des marchés spécifiques à l’occasion du mois sacré.