La fête de l’Aïd El Fitr avance à grands pas. Les magasins de vêtements et de chaussures sont pris d’assaut dans la ville des genêts. Les parents ne savent plus où donner de la tête devant les caprices de leurs enfants d’une part et l’insouciance des commerçants qui n’hésitent pas à gonfler les prix de leurs marchandises.
Ils savent pertinemment que les parents céderont pour faire plaisir à leur progéniture. En effet, les factures étant salées tout au long du mois sacré, les ménages sont contraints encore une fois de mettre la main à la poche pour y chercher les quelques pièces restantes, fête de l’Aïd oblige. 21h, une heure après la rupture du jeûne, les artères de la ville de Tizi Ouzou sont déjà noires de monde.
Les parents accompagnés de leurs enfants se précipitent dans les boutiques et centres commerciaux pour dénicher la bonne affaire. «Avec quatre enfants, dont l’aîné est âgé de 11 ans, il m’est difficile de leur offrir une tenue complète à chacun», dira une maman qui essayait de convaincre sa petite fille de prendre un modèle de jeans moins cher. Elle ajoute qu’une tenue complète pour sa fille de 2 ans lui a coûté 15 000 DA.
Une paire de chaussures va de 3000 jusqu’à parfois 8000 DA, et les enfants sont de plus en plus exigeants, les adolescents plus particulièrement, avec l’influence étrangère via les nouvelles technologies.
Par ailleurs, et pour faire plaisir aux enfants, les parents deviennent tout à coup astucieux. «Je viens demander les prix avant même d’en parler à mes enfants ; je repère les boutiques qui vendent à des prix raisonnables. C’est après que je propose à mes deux filles de m’accompagner pour faire les achats dans les magasins repérés. Coup assuré, puisque je sais que le budget sera respecté», confiera Lila, une maman qui dit être obligée d’être malicieuse pour pouvoir s’en sortir. Pour Amine, papa de 3 enfants âgés entre 8 et 14 ans, le moyen est tout autre.
«J’assure les achats nécessaires sans la présence de mes enfants. Ils m’ont fait la liste des modèles qu’ils désirent avoir et moi je m’occupe de les acheter, et de ce fait, il y aura moins de difficultés à gérer le budget fixé», dira-t-il. Les boutiques se comptent par dizaine dans chaque rue de la ville. Les modèles proposés sont divers. Du coup, la tentation est à son comble. Mais rien ne semble arrêter quelques parents qui veulent à tout prix voir un sourire sur le visage de leurs enfants.
Toutefois, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Plusieurs parents se contentent d’offrir un seul vêtement puisque les dépenses ne se limitent pas aux achats vestimentaires : le coût des fruits et légumes et des ingrédients pour les traditionnels gâteaux de l’Aïd viennent augmenter la facture.
Le coup de grâce avec les prix des fruits et des légumes
S’en sortir lorsque l’on a une famille à nourrir avec un maigre salaire n’est pas une mince affaire. Bien que cette fête, qui annonce la rupture du jeûne du mois de ramadhan, soit annonciatrice de gaieté, de rapprochement et de pardon, certaines familles n’ont pas les moyens de faire la fête en raison de la cherté de la vie. Il suffit de jeter un coup d’œil aux petites ardoises plantées sur les caisses des fruits et légumes que le marchand du coin de la rue expose.
La carotte est à 60 DA, la courgette à 80 DA, les haricots verts à 80 DA, la tomate avoisine les 70 et 80 DA. La laitue, devenue un légume luxueux, est à 90 DA. La tomate est à 70 DA et le piment est à 80 DA. Même les herbes aromatiques ont doublé de prix pour atteindre 20 DA le simple bouquet.
Si les prix des légumes étaient stables tout au long du mois de ramadhan, il n’en sera pas de même pour cette dernière semaine du mois sacré. Les commerçants ont de quoi se frotter les mains puisque les prix monteront encore en flèche avec les fêtes de mariage.
Pour les fruits, c’est tout une autre gamme de prix. Le raisin, bien que fruit de saison, a atteint les 200 DA, et ce n’est pas fini. La pomme, quant à elle, varie entre 280 et 350 DA, et la banane est affichée à 250 DA. Côté viande rouge ou blanche, les prix sont élevés mais stables pour l’instant.
Il est affiché dans la plupart des boucheries de la ville des Genêts entre 950 DA le kilogramme avec os et à 1500 DA/kg sans os. Quant ou poulet, il est à 400 DA/kg. Enfin, pour boucler la boucle, les fameux gâteaux traditionnels qui coûtent leur pesant d’amandes.
Les cacahuètes coûtent environ 280 à 300 DA. Le plateau d’œufs est affiché à environ 300 DA. Quant au beurre, il a atteint les 600 DA. Le sucre vanille et la levure chimique varient entre 8 et à 12 DA le sachet. La farine, ingrédient phare de toute préparation, coûte 60 DA/kg. Pour certaines familles, à défaut de réussir les recettes pâtissières, elles préfèrent acheter des gâteaux préparés par des spécialistes. Là encore, le prix à payer est très élevé !
F. B.