Il fallait jouer du coude pour se frayer un chemin au marché Les gens déambulent dans tous les sens, qui pour tenter de se frayer un chemin, qui pour entrer dans un des magasins du coin pour se ravitailler.
Le mois de Ramadhan fait courir les foules et monter les prix au grand bonheur des commerçants et des profiteurs de tout bord.
«De mémoire d’homme, je n’ai vu pareille foule!» Cette réflexion faite, à voix haute, par un citoyen qui s’était retrouvé pris au piège par une dense foule humaine, au moment de sortir de son immeuble, témoigne de l’ampleur de la fièvre qui s’est emparée des habitants de la commune de Bab El Oued la veille du mois de Ramadhan. Dès les premières heures de la matinée, des centaines de personnes ont pris d’assaut le marché des Trois-Horloges pour faire le plein de provisions. Une véritable razzia. Des ruptures de stock ont été signalées dès le début de la matinée.
«On croirait que nous sommes dans un état de guerre ou à l’arrivée imminente d’une grande famine» s’étonne un autre citoyen excédé par ce spectacle de fièvre acheteuse qui a contaminé la société. Le boulevard El Khatib-Ibn Merzouk est noir de monde. Les automobilistes sont obligés de faire un petit détour, en empruntant les rues adjacentes pour rallier l’avenue colonel Lotfi. Une voiture de police s’est garée juste à l’entrée de la rue Mohamed Akli-Hamrout qui mène vers le marché. Les gens déambulent dans tous les sens, qui pour tenter de se frayer un chemin, qui pour entrer dans un des magasins du coin pour se ravitailler. Squattée par les commerçants ambulants qui se sont installés des deux côtés de l’artère, ne laissant qu’un trou de souris aux passants, la rue Ahmed-Boudar n’a jamais connu pareille frénésie. Ce n’est pas la ruée vers l’or, mais Ramadhan oblige, les ménagères semblent s’être donné rendez-vous en jetant leur dévolu sur cette place forte et sur les articles de vaisselle qui se vendent comme des petits pains. «J’ai acheté une douzaine d’assiettes et de bols pour la chorba», répond une vieille femme à son petit-fils qu’elle tient par la main.
Pour garnir la «meïda» à l’heure du «ftour», il faut beaucoup d’assiettes ou de bols. Les marmites et les casseroles ont aussi la cote, tout comme les couteaux de cuisine et les verres qui ne sont jamais de trop surtout pour les familles nombreuses et les gens pas très précautionneux. C’est le cas de cette mère de famille qui avoue avoir cassé plusieurs verres depuis le mois de Ramadhan dernier.
«Les verres, c’est mon talon d’Achille. Chaque année, j’en casse cinq ou six. Pourtant, j’essaye de faire très attention», explique-t-elle. Les marchands sont débordés. Il ne savent plus où donner de la tête pour contenter tous ces clients qui se pressent devant les étals de fortune qu’ils ont installés à même la voie. Résultat: il nous a fallu près d’une demi-heure pour nous frayer un passage vers le marché des fruits et légumes situé à quelques pas de là. Comme la semaine dernière, les prix ne sont pas affichés. Les commerçants scrutent les alentours avant de répondre aux questions des clients.
La pomme de terre est vendue à 45 DA le kg, la courgette 80 DA, les poivrons 80 DA, les carottes 80 DA, les haricots rouges, 180 DA et la tomate à 70 DA. Même les prix des fruits ont augmenté de 80 DA. A la veille du ramadhan, le prix du raisin est passé à 120 dinars le kg, les figues 160 DA et le melon 60 DA. Au marché de l’ex-rue de Chartres, les prix des fruits et légumes ont aussi grimpé.
La plupart des commerçants les ont affichés. Hormis la pomme de terre qui est cédée à partir de 40 DA, tous les autres produits ont connu une hausse à l’instar de la courgette et des carottes cédées à 80 DA. Mais pour s’y rendre, il faut être très patient et robuste. Que ce soit l’ex-rue de la Lyre ou les rues adjacentes, le moindre espace est squatté par les commerçants de l’informel qui règnent en maîtres sur les lieux. La circulation est devenue très compliquée et pour les passants et pour les automobilistes. Il n’y a que les ménagères et les profiteurs de tout bord qui semblent y trouver leur compte.