L’heure est à la préparation des législatives pour éviter une débâcle à l’ex-parti unique
Hier, l’accalmie semblait s’être installée au sein du FLN. L’impression est qu’une «trêve» tacite a été décrétée dans la perspective des législatives du 10 mai.
A quatre jours du début officiel de la campagne électorale pour les législatives du 10 mai prochain, le FLN peut-il se permettre de s’enfoncer davantage dans la crise dans laquelle il se débat depuis deux semaines?
Ces derniers jours, la crise s’est accélérée, aboutissant au retrait de confiance, lundi, au secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, par la majorité des membres du comité central.
Cette situation inédite au FLN à la veille d’un rendez-vous électoral important, fait dire aux observateurs que, cette crise, sans doute celle de trop, risque de laminer et d’humilier le vieux parti.
Un tel scénario ne profitera bien évidemment qu’aux partis islamistes qui investissent d’ailleurs, dans la crise du FLN pour s’emparer de la majorité parlementaire.
Cette éventualité s’est transformée en crainte de voir s’accentuer le déclin du FLN, d’où l’appel de toutes les parties à se concentrer sur les élections. La direction politique du parti ignore même le mouvement de contestation, estimant que l’heure est à la préparation des législatives pour éviter une débâcle à l’ex-parti unique.
Les membres du comité central, qui ont retiré la confiance à M.Belkhadem et aux membres du Bureau politique ont, eux aussi, appelé à la participation aux élections pour préserver la «suprématie du parti et la mouvance nationaliste». Pour sa part, le coordinateur du Mouvement de redressement, Salah Goudjil, a invité les parties à une trêve pour se concentrer sur les élections. La trêve doit-elle, donc, s’imposer pour sauver le navire du naufrage?
Les membres du comité central contestataires (237 signataires de la pétition demandant la destitution de Belkhadem, selon eux) ne veulent pas l’entendre de cette oreille. Ils invitent le secrétaire général à convoquer une session extraordinaire dans les plus brefs délais.
A défaut, ils menacent d’installer une direction nationale pour la gestion des affaires du parti.
Dans un tel cas de figure, le FLN risque d’aborder les élections législatives en pleins tiraillements.
Dans un tel cas de figure, il deviendrait dès lors, nécessaire de convoquer un congrès extraordinaire pour l’élection des nouvelles instances du parti.
Dès lors que le quorum des 2/3 semble atteint, la destitution de Belkhadem interviendra-t-elle avant les élections?
Peu probable, du fait que le secrétaire général du FLN s’esquive derrière un article des statuts du parti qui stipule qu’il est le seul habilité à convoquer une session du CC, ordinaire ou extraordinaire.
En tout état de cause, l’accalmie semble s’être installée hier au sein du parti. Le risque que le FLN y laisse des plumes hante responsables et militants du vieux parti. L’impression est qu’une «trêve» tacite a été décrétée dans la perspective des législatives du 10 mai.
Le sort du SG sera scellé, selon toute vraisemblance, au lendemain des élections législatives. Accusé de l’islamisation des listes électorales du FLN et de la déviation du parti de sa trajectoire, Belkhadem a dressé tout le monde contre lui. Sa tête étant mise à prix, il serait curieux de savoir pour combien sera-t-elle cédée.
Le FLN, accusé de tous les maux de l’Algérie, gagnerait à se mettre à jour et à réactualiser son fonctionnement. Composé de toutes les tendances politiques de la société: républicains, démocrates, islamistes, conservateurs, opportunistes…, l’ex-parti unique doit fonctionner sur des bases modernes et non désuètes.
L’ex-président du Conseil constitutionnel, Abdelmalek Benhabylès (1989-1995), interrogé sur la ligne FLN, a eu cette réponse sentencieuse: «La ligne est bonne mais la règle est tordue.»
C’est à juste titre, d’ailleurs, que le Mouvement des jeunes du FLN estime qu’il valait mieux remettre ce parti au Musée de l’histoire pour le sauver de toutes les déviations.
Reste donc à savoir quel score réalisera le parti majoritaire à l’APN ce 10 mai. Sera-t-il plus important que celui de 2007? Sera-t-il très inférieur? La réponse sera donnée le 10 mai, toutefois les dirigeants du parti sont optimistes quant à garder la majorité.
Ces élections interviennent, en effet, dans un contexte régional et international explosif marqué par une montée en puissance des islamistes dans les pays de l’Afrique du Nord. Et le printemps dit arabe est devenu en fait un hiver arabe.
La Tunisie prise pour exemple de réussite de ce printemps, commence à déchanter. Les manifestations regagnent les rues et le chômage prend une courbe ascendante. Les Algériens, dont les pères et grands-pères ont fait une guerre révolutionnaire modèle se laisseront-ils emporter par cette vague verte qui s’est emparée des pays de l’entourage immédiat? Réponse, le 11 mai.