La qualification de l’Algérie au Mondial 2010 est désormais une certitude bien ancrée dans l’esprit collectif des algériens qui l’exhibent comme un vrai trophée.
Nos concitoyens transportés aux plus hautes cimes par les effets d’une joie sublime redescendent peu à peu sur terre et affrontent graduellement les préoccupations de l’heure, à commencer par l’Aïd El Kebir annoncé pour la fin de la semaine.
Le mouton, cette pauvre bête sacrifiée chaque fois à la même occasion se hisse sous les feux de la rampe. C’est qu’il faudrait peut-être rappeler que le fameux match Algérie-Egypte joué à double reprise en un espace de temps de près d’une semaine a carrément phagocyté non seulement cette obligation d’acheter un mouton pour l’Aïd mais aussi tous les préparatifs liés à cette fête religieuse.
Du coup, les algériens épris inconditionnels du foot se rendent vite à l’évidence une fois le match Algérie-Egypte arrivé à terme et la joie de la victoire pleinement savourée, qu’il est désormais grand-temps pour nombre d’entre eux de faire appel à leurs économies afin de s’approprier le mouton de l’Aïd.
Cet événement arrive à grands pas et les Algériens entrent désormais de plain-pied dans ses préparatifs. C’est un peu l’événement qui force les citoyens à se rendre à l’un de ces nombreux endroits où le mouton est exposé en grande quantité à la vente à ciel ouvert. A Alger, ville cosmopolite de plus de quatre millions d’habitants, la vente des moutons s’annonce florissante. D’après la majorité des vendeurs, la grande majorité de leur marchandise est acheminée des villes de l’intérieur du pays, à savoir Djelfa et Tiaret
Quand le mouton frise les 50 000 DA!
Pour cette année encore, il y a bel et bien de la marchandise de qualité au marché de moutons. Cela dit, le barème des prix est variable et c’est tant mieux d’ailleurs, vu que les prix affichés sont de nature à favoriser la classe moyenne. N’empêche que ces mêmes prix seront assurément revus à la hausse au fur et à mesure qu’approchera le jour de l’Aïd.
Pour revenir toujours à la ville d’Alger, les quartiers où les moutons sont cédés le moins cher se situent, nous confirme-t-on, dans les localités de Bentalha et Baraki notamment. Ici, la bête de sacrifice est cédée aux alentours de 20 000 DA, et si l’acheteur est un bon négociateur, il peut l’avoir à 17 000 DA.
Cependant chez ammi Bouziane qui vend les moutons à la descente de Triolet, menant vers le quartier populaire de Bab El Oued, ce genre de prix est carrément hors jeu. Cet homme qui frôle les 70 ans propose des prix beaucoup plus élevés pour écouler ses bêtes, ce qu’il justifie par leur âge et leur poids.
«Celui que vous voyez là-bas, nous dit-il en nous désignant du doigt un mouton bien râblé, vous coûtera si vous êtes preneur la bagatelle de 47 000 DA» déclare ce vieux marchand de moutons d’un ton malicieux. «Inutile de discuter du prix, ajoute t-il, car son véritable prix est de 50 000 DA» Exorbitant ! D’autres bêtes du même genre sont cédées à un prix moindre, mais le dernier des moutons que vend ammi Bouziane n’est pas cédé à moins de 30 000 DA.
Au Champ de manœuvre, des moutons sont proposés à la vente à des prix relativement bas, soit 25 000 DA la tête. La nouveauté pour cette année, c’est le vendeur, vraisemblablement conscient des contraintes qu’éprouvent beaucoup de citoyens évoluant en milieu urbain quant à garder chez eux un mouton l’espace d’une semaine ;
certains vendeurs proposent en effet de le faire en contrepartie d’une ristourne. Ce n’est là à vrai dire qu’une astuce parmi d’autres dont font usage les marchands de moutons pour séduire une clientèle algéroise souffrant de l’exiguïté. Au passage, faut-il souligner que la botte de foin est quant à elle cédée au prix variant de 800 à 1200 DA et que celle-ci est comptabilisée dans la facture dans le cas où l’acheteur consent à abandonner son mouton chez le vendeur jusqu’à la veille de l’Aïd.
Un métier à haut risque!
Notre interlocuteur ammi Bouziane cité plus haut nous informe que le commerce des moutons, quoique juteux en ces moments précédant de peu l’Aïd, est un métier qui comprend beaucoup de risques dont le plus en vue est de se faire délester de sa marchandise et de son argent. Notre interlocuteur nous explique qu’à maintes reprises, lorsque des camions se rendent dans des villes comme Djelfa et Tiaret pour acheter les moutons afin de les revendre, les chauffeurs sont victimes d’agressions et de vols.
Ainsi, et pour éviter ce genre de mésaventure et bien préserver son capitale, «il est préférable, conseille ammi Bouziane, d’envoyer d’abord l’argent dans un véhicule sûr pouvant passer inaperçu et dépêcher par la suite des camions pour faire acheminer la marchandise jusqu’à Alger.»
Karim Aoudia