A quand un vrai débat ?

A quand un vrai débat ?

Trois faits presque en simultané replacent de nouveau le dossier de la peine de mort au-devant l’actualité. De Boumerdès, Sai Ahmed, le bâtonnier national, appelait le président de la République à gracier les condamnés à mort atteints de maladie, déclarant que ces derniers au nombre de 500, depuis 1993, vivent dans des conditions difficiles. Il a également demandé à ce que la condamnation à mort soit commuée en une peine de 20 ans de réclusion criminelle vu qu’elle ne pourra plus être effective en Algérie.

De Tizi Ouzou, on signalait une nouvelle disparition d’un écolier. Depuis jeudi après-midi, Salim Mahdad, 9 ans, n’a plus donné signe de vie au sortir de son école. Une disparition mystérieuse qui convoque fatalement les épisodes les plus noirs des kidnappings d’enfants qui ont défrayé la chronique nationale. De Bordj Bou-Arréridj, le SG du RND et futur candidat à la présidence, si cela se trouve, a déclaré que la peine de mort doit être maintenue pour trois crimes : le rapt d’enfant, le détournement de l’argent public et les narcotrafiquants. Le dossier de la peine capitale est et restera toujours au centre des débats en Algérie tant que le gouvernement n’a pas tranché définitivement la question. Ni passage à l’acte ni abolition franche du peloton d’exécution, ce ni-ni met le pays dans une position inconfortable autant à l’intérieur qu’à l’étranger, soumis à une forte pression des capitales européennes parlant par la voix d’associations droits de l’hommiste.

Cette incapacité à trancher dans le vif, à rester au milieu du gué est pourtant une expression éprouvée d’une gouvernance à l’algérienne qui laisse les événements provoquer la réaction populaire prenant le soin de canaliser la colère et refroidir les passions. Le cas de Salim, sans préjuger de la suite de l’affaire, rappelle douloureusement celui de Nihal et des autres enfants disparus, kidnappés et assassinés. Ces affaires, surtout, et contre l’avis des abolitionnistes, reposent crûment la question du rétablissement effectif de la peine de mort. Si certaines consciences pensent qu’il faut l’abolir, la majorité du peuple milite pour que les assassins d’enfants soient passés par les armes.

Un sujet polémique que nous avions traité sur ces mêmes colonnes et qui fait du sentiment d’impunité renforcé par un populisme étatique dangereux une porte ouverte au crime pour de plus en plus d’adeptes à qui la justice ne fait plus peur. Pour les partisans de la peine capitale, les condamnations à mort ne sont plus dissuasives si elles restent cantonnées aux seuls couloirs de la mort. Alors à quand l’ouverture d’un vrai débat ?