Les Américains s’érigent en moralisateurs
C’est demain que l’Algérie réagira officiellement aux accusations de trafic d’êtres humains portées contre elle par le département d’Etat américain.
Les relations algéro-américaines sont-elles dans la tempête? Washington, qui a fait figurer l’Algérie sur une liste à surveiller au sujet du phénomène de trafic d’êtres humains, menace de les plonger… Pourtant, il fût une époque pas si lointaine où l’Algérie symbolisait des valeurs humaines universelles reconnues par la première puissance militaire du monde
. Au nom de quoi cela aurait pu changer aujourd’hui? Au nom de quoi aurait-elle rejoint les ténèbres alors qu’elle a dû faire face à un terrorisme sauvage durant plus d’une décennie? Pour sortir d’une colonisation qui les a asservis pendant plus de 130 ans, pour sortir de l’ombre à la lumière, les Algériens ont dû mener une guerre de Libération de longues années et faire face à la torture, aux enfumades, au napalm déversé par les avions français…Comble de l’ironie, c’est le lendemain de la célébration du 49e anniversaire de son indépendance que l’Algérie doit répondre officiellement aux accusations de trafic d’êtres humains, portées contre elle par le département d’Etat américain. «Le gouvernement algérien ne respecte pas les normes minimales requises pour éliminer le trafic d’humains et aucun effort significatif n’a été fait dans ce domaine», stipule le rapport US qui accuse le gouvernement algérien d’avoir emprisonné certaines personnes «en raison d’infractions à la loi résultant de leur condition en tant que victimes, telles que la prostitution ou l’absence de documents d’immigration».
L’Algérie ne respecterait donc plus les conditions les plus élémentaires des personnes? Les Américains ont la mémoire courte. Pourtant il n’est pas si loin le temps où ils s’appuyaient sur l’efficacité de la diplomatie algérienne pour sortir leurs concitoyens d’une humiliante prise d’otages. Rappel des faits.
Le 4 novembre 1979, des étudiants islamistes iraniens avaient pris d’assaut l’ambassade américaine de Téhéran pour protester contre le Shah qui se trouvait sur le sol américain pour se faire soigner. 52 personnes sont prises en otage. Il s’ensuivra un siège de plus de deux mois dont le dénouement interviendra en janvier 1981. Tous les otages seront libérés et atterriront sur le tarmac de l’aéroport d’Alger, à bord d’un avion d’Air Algérie, grâce à la médiation du ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Seddik Benyahia.
Les diplomates algériens qui ont servi de médiateurs dans cette affaire ont dû faire la navette trois fois entre Alger et Téhéran et se sont déplacés deux fois à Washington.
Tandis que la délégation américaine, conduite par le secrétaire d’État adjoint Warren Christopher, a fait trois fois le déplacement dans la capitale algérienne.
A l’époque, l’Algérie symbolisait des valeurs humaines universelles reconnues par la première puissance militaire du monde. Les Américains sèment la mort à travers l’ensemble de la planète et provoquent des déplacements de population qui sont aussi à l’origine de ce que l’on appelle désormais, l’immigration clandestine. Un phénomène qui met ce type de population entre les mains de réseaux mafieux (passeurs, prostitution, trafic de drogue…) puis ils s’érigent en moralisateurs et font la leçon aux pays qui en subissent les conséquences.
Qui a provoqué la crise libyenne qui a eu pour conséquences des centaines de morts et des départs massifs par embarcations de fortune des citoyens libyens et d’Africains de différentes nationalités vers l’île de Lampedusa? ce n’est certainement pas l’Algérie.
Des centaines d’hommes et de femmes ont été parqués dans des centres de rétention ou en attente d’un hypothétique départ pour la France… Les Etats-Unis mènent des guerres à travers la planète au nom de la démocratie. Ils sont partout. Sur tous les fronts. Afghanistan, Irak, Libye…Des interventions militaires, qui ont fait des victimes collatérales par centaines alors que des milliers d’entre elles sont condamnées à l’errance, à vivre dans l’illégalité, sans papiers et sans identité ayant comme unique moyen de survie le recours à la prostitution, le trafic de drogue ou la mendicité pour être réduits à l’état de sous-hommes.
Une condition qu’ont combattue les Algériens qui continuent de soutenir la cause juste des peuples (palestinien, sahraoui…) épris de liberté qui luttent encore pour vivre dans la dignité. Les accusations du département d’Etat américain tombent comme un cheveu sur la soupe et jettent un doute sur la sincérité des déclarations de l’administration Obama envers l’Algérie.