Les médecins spécialistes annoncent une grève illimitée à partir du 25 du mois en cours. L’annonce a été faite hier par le Dr Mohamed Yousfi, président du Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp), s’exprimant lors d’une conférence de presse.
L’orateur a affirmé que le recours à la grève est inévitable, compte tenu du retard mis par le ministère de tutelle dans la prise en charge des revendications exprimées. L’orateur s’est dit insatisfait par la proposition du département de la Santé d’élaborer un calendrier en mesure de définir les questions à débattre. «Nous ne demandons pas un calendrier, mais des réponses concrètes à nos doléances», a déclaré Dr Yousfi.
Selon lui, la base syndicale exige des décisions officielles en mesure de répondre favorablement à la plateforme de revendications dont la prise en charge a beaucoup tardé. Tout en appelant le ministère à respecter ses engagements, le président du Snpssp a expliqué que son syndicat a accordé suffisamment de temps au ministère de tutelle, mais sans que rien de concret ne soit fait pour apaiser la colère qui gagne les médecins spécialistes. Une raison pour laquelle, a-t-il dit, le conseil national du syndicat, réuni les 14 et 15 de ce mois, a décidé de recourir à la grève afin de forcer la main au ministère de la Santé. Dr Yousfi a rappelé qu’un accord a été paraphé le 20 mai dernier, stipulant la prise en charge des revendications des praticiens spécialistes, mais sans qu’aucune évolution ne soit réalisée. «Les délais accordés au ministère sont largement dépassés», a-t-il précisé, relevant que la balle est plutôt dans le camp du département d’Ould Abbès. Le conférencier a aussi déploré que la commission mixte installée à cet effet ne se soit pas réunie depuis le mois de juin dernier, malgré les sollicitations du syndicat. La situation du secteur de la santé, a-t-il ajouté, ne cesse de se dégrader, ce qui influe négativement à la fois sur les médecins et sur les malades. Et pour preuve, de plus en plus de spécialistes quittent le secteur de la santé publique, alors que des milliers de malades souffrent dans des infrastructures en éternel manque d’encadrement et de médicaments. Entre autres revendications exprimées par le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique, l’amendement de leur statut particulier, la révision du régime indemnitaire, le règlement définitif de la question du service civil, ainsi que bien d’autres points relatifs notamment à l’octroi d’un quota de logements de fonction et autres primes. Le Snpssp rappelle que c’est à la faveur de l’accord qui le lie avec le ministère de la Santé qu’il a été procédé au gel d’un premier appel à la grève. Les syndicalistes reprochent au département d’Ould Abbès de revenir sur ses promesses, d’où le recours à cette énième action de protestation. Ce qui n’est pas sans perturber le déroulement des soins au niveau des établissements de santé publique, dont le fonctionnement est déjà aléatoire. Il y a quelques jours, Djamel Ould Abbès, réagissant à une menace de grève du syndicat des hospitalo-universitaires, s’est déplacé à l’hôpital Mustapha-Pacha, a exhorté les contestataires à geler leur grève et promis de satisfaire leurs revendications. Parviendra-t-il à convaincre les médecins spécialistes et éviter aux malades une nouvelle interruption des soins faute de personnel ?
Aomar Fekrache