La compagnie aérienne émiratie Emirates Airlines vient de donner, hier, le détail de ses premiers vols sur l’Algérie. L’annonce de la destination Algérie a été faite en septembre dernier par le cheikh Ahmed Ben Saâd El Maktoum, le P-DG de la compagnie qui déclarait qu’Emirates Airlines ouvrira à partir de mars 2013 une ligne quotidienne entre Dubaï et Alger.
Pour leur première dans le ciel algérien, à bord d’Airbus A 320-200, les Emiratis ont lancé une offre promotionnelle pour les billets achetés à partir du 3 jusqu’au 28 février prochain avec un billet à 2180 dirhams émiratis équivalent à 45 800 dinars algériens.
La destination Algérie sera la 22ème pour Emirates Airlines en Afrique après l’inauguration, début 2012, des lignes Dubaï- Harare (Zimbabwe) et Dubaï-Lusaka (Zambie). Le vol vers l’aéroport international Houari Boumediene durera 7h45mn et prendra le départ de Dubaï, quotidiennement, à 8h45mn pour repartir à 15h45.
Selon le P-DG de la compagnie, « cette nouvelle ligne proposera un large éventail de possibilités de voyages pour les clients en Algérie, qui pourront rejoindre, sans escale, notre plate-forme industrielle leader à Dubaï et seront, facilement, à des destinations dans l’ensemble du Moyen-Orient, du sous-continent asiatique, de l’Extrême-Orient et de l’Australie ».
Cheikh Ahmed Ben Saad souligne également les potentialités d’affaires à réaliser avec l’Algérie et la création de nouveaux marchés d’import-export.
A travers cette ligne, Emirates Airlines compte développer d’autres affaires et d’autres créneaux, en assurant le transport d’équipements destinés aux industries du pétrole et du gaz, l’huile de palme, les poissons congelés et les homards. Pourtant, cette arrivée d’un des géants du transport aérien du Golfe, avec Qatar Airways, n’est pas sans susciter l’appréhension des uns et des autres surtout avec des campagnes promotionnelles qui rendent impossible pour Air Algérie tout alignement.
De là à y voir un parallèle avec ce qui se passe en Tunisie, il n’y a qu’un pas à franchir. Rappelons qu’en décembre dernier, l’Union maghrébine des pilotes de ligne (Umpl), en réunion à Tunis, avait exprimé sa préoccupation face au déploiement de certaines compagnies aériennes du Golfe dans la région du Maghreb arabe.
Dans un communiqué publié, elle avait revendiqué l’adoption d’une stratégie concertée de manière à minimiser l’impact de certains accords sur les compagnies aériennes maghrébines. Et de compagnies maghrébines, il s’agit en fait de Tunisair piégée par une décision éminemment politique d’ouvrir le ciel tunisien principalement à Qatar Airways.
Le gouvernement de Jebali a, en effet, offert ce que les spécialistes appellent la 5ème liberté de l’air à Qatar Airways permettant aux Qataris de transporter des passagers à partir des aéroports tunisiens vers d’autres destinations autres que Doha tout cela sans avertir au préalable Tunisair.
L’Union maghrébine où siège l’Algérie, représentée par Sabreddine Salaa, le président du Syndicat des pilotes de l’air algérien (Spla) également à la tête de l’Umpl depuis 2009, considère que les conditions minimales pour une concurrence juste et durable ne sont pas encore réunies, peut-on également lire dans son communiqué.
Elle appelle les gouvernements maghrébins à engager une large concertation en vue de trouver une solution viable garantissant les intérêts des compagnies de la région.
Si à sa naissance en 2005 et à sa première réunion à Alger en février 2007, l’Umpl était composée des syndicats de pilotes de ligne de la Libye, la Tunisie, l’Algérie, la Mauritanie et le Sénégal et regroupait près de 2500 pilotes, elle ne compte plus actuellement que près de 1500 pilotes de l’air et ne comprend en son sein que l’Algérie, la Tunisie et le Maroc.
Cette sonnette d’alarme est plutôt tirée du côté tunisien, selon Sabreddine Salaa, contacté en décembre dernier par téléphone par le « Quotidien d’Oran » et qui voit en l’intrusion du géant aérien qatari une menace réelle pour la survie de sa compagnie aérienne nationale alors que pour le Maroc, l’Open Sky est une réalité depuis des années et la concurrence ne vient pas des gros porteurs des compagnies du Golfe persique mais des compagnies low cost européennes.
L’Algérie est-elle pour autant à l’abri de cette concurrence ? Oui si l’on croit les propos de notre interlocuteur qui met en avant la politique protectionniste de l’Algérie mais espère, si d’aventure ce qui est arrivé à Tunisair devait arriver à Air Algérie, que le gouvernement initie un dialogue avec tous les acteurs du ciel algérien pour arriver à un compromis.
Moncef Wafi