La distribution de logements est souvent décriée et fait des mécontents qui protestent à leur manière : la rue. Cette forme de protestation, très récurrente et généralisée à travers tout le pays, remet en cause la politique du relogement.
Décidément, il ne se passe pas une opération de relogement ou de distribution de logements sans émeute ou protestation que provoquent des mécontents ne figurant pas sur la liste des bénéficiaires. En effet, dans la capitale ou partout ailleurs, comme ce fut cas à Ouargla jeudi dernier, l’affichage d’une liste d’attribution de 676 logements a déclenché de violents affrontements entre la population et les forces de l’ordre. La distribution de logements à Ouargla – qui est cas parmi tant d’autres – fait toujours des mécontents aux côtés des heureux bénéficiaires.
À Bordj Bou-Arréridj, des émeutes ont éclaté en février dernier à la suite de l’affichage de la liste de logements sociaux dans la commune du chef-lieu de wilaya. Les mécontents qui manifestaient leur rejet de la liste ont, pour rappel, pris d’assaut le siège de la wilaya.
A Ouargla, wilaya du Sud où les manifestations des chômeurs font rage, les émeutes du logement viennent s’ajouter au lot de la colère sociale qui s’exacerbe dans cette partie du pays. A Ouargla justement, rapporte l’agence officielle, de jeunes ont manifesté jeudi à la suite de la publication, mercredi, d’une liste d’attribution de 676 logements, saccageant plusieurs édifices publics.
Il s’agit, précise la même source, du siège de la CNEP-Banque, la fourrière communale, l’unité de la SNTA, une agence de téléphonie (Mobilis), qui ont été saccagés par les protestataires. Suite à quoi, la police anti-émeute a dû intervenir pour rétablir l’ordre, usant de gaz lacrymogènes. La veille, dès la publication de cette liste d’attribution de logements sociaux, des échauffourées ont éclaté entre forces de l’ordre et manifestants en plusieurs endroits de la ville, particulièrement devant le siège de la daïra. A Biskra également, des émeutes ont éclaté en janvier dernier suite à une distribution de logements. La publication de listes contenant quelque 900 logements sociaux a provoqué la colère des jeunes qui se sont regroupés devant les sièges de la wilaya et de la daïra de Biskra. A l’origine de ces émeutes, l’octroi de logements à des indus bénéficiaires, selon Les contestataires.
«Cette liste comporte de nombreux cas de bénéficiaires n’y ouvrant pas droit, voire des personnes étrangères à la région, au moment où de nombreux habitants de Ouargla attendent vainement depuis plusieurs années de figurer sur une des listes d’attribution de logements sociaux», se plaignent-ils.
Le chef de daïra de Ouargla, quant à lui, a expliqué que les contestataires de cette liste disposent d’un délai réglementaire de 8 jours pour formuler des recours au terme duquel il sera déclenché une phase d’étude de ces recours et une révision éventuelle de cette liste. Plusieurs recours ont été déjà introduits, a-t-il encore précisé. Par ailleurs, on apprend qu’une enquête sur la liste contestée des 676 logements sociaux sera ouverte et supervisée par le wali. Et pour feindre d’apaiser les esprits, le wali de Ouargla annonce un programme destiné à la résorption de l’habitat précaire, histoire de rassurer les mécontents qui n’ont pas encore bénéficié de logement. Le premier magistrat de la wilaya a souligné, d’autre part, que la liste de logements rendue publique mercredi n’est que préliminaire.
«La voie de recours est ouverte et une enquête sera déclenchée sur l’ensemble de la liste de logements décriée, pour conforter dans leur droit les personnes y ouvrant droit et en exclure, éventuellement, les indus bénéficiaires, dans la totale transparence et le strict respect de la réglementation», a indiqué le wali. Appelant la population locale à être confiante quant à la volonté des pouvoirs publics de répondre à l’attente des citoyens en la matière, le chef de l’exécutif de la wilaya a annoncé, en outre, l’attribution de 890 autres logements sociaux destinés à la résorption de l’habitat précaire dans le courant de ce mois d’avril, et pour la seule commune de Ouargla.
Par Yazid Madi
