Il a été prompt à opposer une fin de non-recevoir à la proposition lancée par Ahmed Ouyahia pour une “restauration” de l’ex-Alliance présidentielle, et c’est lui qui, aujourd’hui, revient sur la question.
est vrai que M. Saâdani a de tout temps revendiqué un rôle de chef de file de l’attelage politique pro-Bouteflika au motif qu’il est à la tête du “parti majoritaire”, allant jusqu’à exiger que le poste de Premier ministre soit systématiquement octroyé à son parti. Il ne pouvait donc, lui, le conducteur de la “locomotive”, accepter le statut de simple voyageur, embarqué dans un wagon tracté par le RND.
Mais cela n’explique pas tout. Le secrétaire général du FLN a été le premier à monter au “front”, en bon “général”, pour mener le tout premier assaut contre l’autre général, Mohamed Mediène, dit Toufik, le désormais ex-patron du DRS. Depuis, il considère sans doute qu’il a gagné d’autres galons et qu’Ahmed Ouyahia, lui particulièrement, n’est plus en mesure de rivaliser avec lui, à supposer que celui-ci ait encore quelque envie de le concurrencer. Sans doute galvanisé par la mise au placard de Toufik et la “restructuration du DRS”, mais aussi angoissé par la possibilité de se voir signifier prochainement une “fin de mission”, il veut, apparemment, mettre en évidence une nouvelle utilité, celle de créer une nouvelle “entité” qui serait à même de jouer le rôle politique qui était celui des Services. Tout se passe comme si, quelque part, on prenait conscience qu’en se débarrassant du DRS comme contrepoids interne au système, le régime de Bouteflika a perdu un instrument qui pouvait aussi se mettre à son service. Amar Saâdani se propose donc d’y remédier, en faisant du FLN le noyau d’une restructuration politique et sociale du pays. C’est ainsi qu’il conçoit, plutôt qu’une Alliance présidentielle faite d’une addition d’appareils politiques plutôt discrédités aux yeux de l’opinion, un “front” qui, en plus de faire pièce à l’Instance de coordination et de suivi de l’opposition (Icso), permettrait un maillage parfait de la société. Tout un chantier. Réalisable ? Il n’y a peut-être que Saâdani pour y croire. Mais, instinct de survie oblige, cela n’empêcherait pas les partis pro-régime de s’y engouffrer, histoire de se donner, eux aussi, une nouvelle utilité.
