À moins d’un mois du verdict très attendu de la CAF, Suspense entier sur l’organisateur de la CAN-2017

À moins d’un mois du verdict très attendu de la CAF, Suspense entier sur l’organisateur de la CAN-2017
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La course pour l’organisation de la phase finale de la CAN-2017 entre dans sa phase décisive. Le Comité exécutif de la CAF et son président, le camerounais Issa Hayatou, sont courtisés de toutes parts, en prévision du choix définitif du pays d’accueil de la 31e édition de la messe continentale du ballon rond.

La décision finale sera connu le 8 avril prochain à l’issue de la 37e assemblée générale ordinaire de la CAF, prévue au Caire. L’Algérie, le Gabon, la Ghana et l’Egypte, candidats officiels, ont encore 25 jours pour faire pencher la balance en leur faveur. Chaque pays sort ses atouts pour gagner les faveurs des sept membres du fameux organe exécutif de la CAF et la sympathie des intervenants décisifs et des acteurs influents dans ce choix. Jeux de coulisses et lobbying, la bataille bat son plein.

Les spécialistes du sport considèrent la Coupe d’Afrique des nations de football (CAN) comme le 4e événement le plus important au monde après les Jeux Olympiques, le Mondial et la Coupe d’Europe des nations (Euro). L’honneur de recevoir un tel événement raffermit l’image du pays d’accueil et consolide sa place dans le concert des nations. C’est pourquoi, les gouvernements, les instances sportives, les médias et la société civile dans les pays concernés s’engagent généralement à défendre leurs offres jusqu’au bout.

Algérie : «un dossier solide», mais peu soutenu

LG Algérie

De l’avis général, y compris ses concurrents directs, le dossier algérien constitue incontestablement la meilleure offre. Le gouvernement algérien se propose d’investir plus de 410 milliards de dinars (soit près de

5 milliards de dollars) pour mettre à niveau toutes ses installations d’accueil et tous ses équipements sportifs. Mohamed Tahmi, le ministre algérien des Sports, se montre excessivement confiant. En matière d’infrastructures de base et de gestion des grandes manifestations, le pays dispose, en effet, d’un potentiel et d’une expérience appréciables. Malgré l’approche de l’échéance, l’Algérie a la capacité technique et financière de relever le défi dans un délai de deux ans.

De grands projets sont déjà lancés dans cette perspective. La remise à neuf du temple du 5-Juillet et la construction de quatre nouveaux stades d’une capacité de 50 000 places chacun donne une idée suffisante sur l’intérêt accordé à cet événement par l’Etat algérien. Le retour du foot algérien aux premières loges continentales (exploits de l’équipe nationale et de l’ESS) donne une opportunité historique au pays pour renouer avec l’ambiance de la CAN, 27 ans après la seule édition organisée sur place et l’unique trophée de 1990. Mais cela ne suffit pas. Les autorités algériennes se doivent aussi d’accompagner et de défendre ce dossier à travers la mobilisation de toutes les énergies susceptibles de servir sa cause. Les médias, les grands sportifs et les relais diplomatiques ont un grand rôle à jouer dans ce sens.

Le Gabon, très actif en coulisses

Fort de son expérience de 2012 lorsqu’il a co-organisé la CAN avec la Guinée Equatoriale, le Gabon fait feu de tout bois pour accueillir l’édition de 2017. Et, les responsables gabonais savent sans doute à quelle porte taper. Lors de la dernière CAN en Guinée Equatoriale (17 janvier-8 février 2015), de hauts responsables de ce pays ont été dépêchés sur place pour défendre leurs chances. De nombreux journalistes présents sur place ont relevé que les hauts dirigeants gabonais ont déployé beaucoup de sollicitude pour courtiser les membres du comité exécutif de la CAF, et notamment le président Issa Hayatou.

Mustapha Berraf, le président du Comité olympique algérien (COA) qui a de nombreuses affinités au sein du mouvement sportif africain, a nettement souligné cette offensive prématurée du Gabon. «L’Algérie a perdu l’organisation de la CAN-2017.

Selon mes informations, c’est le Gabon qui organisera cette compétition», a-t-il déclaré aux médias algériens à la mi-février. Cette «alerte», qui n’a pas plu ni aux responsables algériens ni aux membres de la CAF, a été vite démentie. Quelques jours plus tard, l’égyptien Hany Abo Rida, membre influent du comité exécutif de la CAF, confirme les dires de Berraf. «Le Gabon sera l’heureux gagnant. Tout le reste est un simulacre. La décision passera comme une lettre à la poste selon la volonté du président de la CAF», a-t-il annoncé. Même si son offre reste loin de ce que propose son concurrent algérien, le Gabon a visiblement su faire la différence en agissant avec efficacité dans l’ombre.

Le Ghana, lobbying agressif

«Nous sommes allés très loin dans notre lobbying. Si vous me demandez quels sont les véritables prétendants, je dirais le Ghana. D’autres pays ont un dossier solide, mais le nôtre l’est aussi, il est même le plus solide de tous», a déclaré récemment le ministre ghanéen des Sports, Mahama Ayariga. Le pays des black stars aspire à s’offrir l’honneur d’accueillir la CAN pour la 5e fois de son histoire après les éditions de 1963, 1978, 2000 (conjointement avec le Nigeria), et celle de 2008.

Là aussi, à en croire les échos, Issa Hayatou et ses lieutenants du comité exécutif de la CAF ne seraient pas totalement indifférent aux sollicitations ghanéennes. L’histoire footballistique de ce pays (4 fois champion d’Afrique et meilleure prestation africaine au Mondial en atteignant le quart de finale en 2010) est aussi mise à contribution. Les sportifs et les médias ghanéens agissent de concert dans ce sens et croient intimement en leur chance.

L’Egypte tergiverse

Le quatrième candidat à l’organisation de la CAN-2017 -l’Egypte, en l’occurrence- n’est pas tellement emballé, comparativement à ces trois concurrents. Il y a quelques jours, des officiels égyptiens ont même annoncé leur intention de renoncer à la course au profit de l’Algérie. Information qui a été vite démentie. Les grandes violences dans les stades égyptiens, qui ont récemment fait des dizaines de morts, font une tâche noire dans le dossier égyptien.

L’instabilité politique et les grosses difficultés économiques que traverse présentement le pays des pharaons constituent un autre fardeau dur à porter. En réalité, l’Egypte n’est pas tellement intéressée par l’organisation de la CAN. Elle tente apparemment de «monnayer» son désistement au profit de l’un des trois autres candidats. Et les enjeux sont nombreux dont les réélections aux comités exécutifs de la CAF et de la Fifa, entre autres.

Comment changer la donne

A lumière de ce bref exposé, on réalise concrètement que l’offre algérienne demeure la meilleure. Mais cette proposition doit être défendue convenablement. Les autorités algériennes, le ministère des Sports en premier, doivent agir vite et avec efficacité pour s’assurer du verdict qui sera rendu le 8 avril prochain.

Faut-il rappeler que ce même dossier, malgré l’alléchant budget consacré, a été déjà dédaigné pour les éditions de 2019 et 2021. Les sportifs, les médias et les autorités sont appelés à réagir en urgence pour défendre le droit de l’Algérie à l’organisation de la CAN- 2017. Agir au sein de la CAF et en dehors pour ramener Issa Hayatou et ses camarades à de meilleurs sentiments. Une action énergique doit être menée à l’endroit des sponsors majors de la CAF, cette main qui nourrit le foot africain et ses dirigeants.

Orange (puissante société française de téléphonie mobile et Internet), Standard Bank (l’un des quatre plus grand groupe bancaire d’Afrique du Sud), Adidas (le grand équipementier sportif allemand) et Nissan (le célèbre constructeur automobile nipppon) ont une très grande influence sur les membres de la CAF. Une CAN, organisée en Algérie à une heure de vol de l’Europe, servirait mieux leurs intérêts en matière d’aura, de communication et de couverture médiatique. Les jeux restent ouverts et les responsables algériens ont de nombreux atouts à jouer, pourvu qu’ils mettent toute la volonté requise.

K. A.