A Maghnia, le phénomène semble passer inaperçu: Ces travailleuses venues d’ailleurs

A Maghnia, le phénomène semble passer inaperçu: Ces travailleuses venues d’ailleurs

Elles ont en apparence entre 16 et 22 ans. Emmitouflées dans ce qui rassemble à un voile, des filles, tendent dans la journée

la main aux passants et aux automobilistes à l’arrêt, et le soir, elles s’offrent au premier venu à l’hôtel ou dans une maison

où elles logent. A Maghnia, ce phénomène vient se greffer aux autres particularités de cette ville frontalière avec le Maroc réputée pour la contrebande.

« Ne vous méprenez pas, la mendicité est une stratégie qu’elles adoptent pour négocier leurs transactions du soir. Ici, les prostituées ne peuvent pas proposer leurs services en s’exposant sur un coin de rue ou dans une cafétéria. Quand elles t’abordent, elles se font bien comprendre, cachés derrière leur voilette.

Des clients potentiels et les âmes « sensibles » sont vite appâtés. Et c’est dans une sorte de conciliabule rapide que le « contrat » est conclu entre les deux parties pour « un rendez-vous nocturne… », raconte un cafetier du boulevard du 1er-Novembre qui s’est vu offrir un tel service.

Des mendiantes qui logent dans des hôtels !

Loin de se suffire de cette seule remarque qui fait douter que ces femmes soient seulement des mendiantes, le cafetier poursuit en argumentant : « Tu as vu des mendiants en général habiter dans un hôtel quasiment inaccessible aux petites bourses  ? »

« Les mendiantes dont nous parlons résident dans des hôtels de la ville. Le maquereau se tient à distance, mais il est trahi par ses apparitions épisodiques dans les restaurants ou parfois même dans la rue où elles exercent leur « profession » », s’interroge notre interlocuteur.

Venant des régions du centre-Ouest du pays dans des transports collectifs, ces « travailleuses » sont installées dans des hôtels dont les propriétaires sont dupés par l’accompagnement d’un homme et d’une femme majeurs, et souvent de deux ou trois enfants.

Bien rôdées, ces femmes semi-voilées sont « dispatchées « sur des espaces du centre-ville en groupes de trois à quatre personnes.

Certaines s’aventurent dans les quartiers en prenant des taxis. Cette catégorie ne vise pas les mosquées, comme le font les mendiantes « ordinaires « sur le seuil des lieux de prière, ou les magasins. Elles prennent le soin d’aborder directement des jeunes, en majorité. Et quand l’amorce tient, les filles excellent dans l’art de la communication, de la séduction.

Leur objectif n’est pas de leur soutirer une pièce ou un billet dans l’immédiat, mais de les entraîner pour… le soir. Et généralement, les jeunes, généreux, payent pratiquement la moitié du prix requis. Une sorte d’acompte.

Qui sont-elles ? D’où viennent-elles ?

Nous avons voulu en savoir plus auprès du président de l’APC sur ce métier qui s’exerce au su et au vu de tous dans l’indifférence totale des responsables. Il s’est d’abord montré étonné par cette information, comme s’il venait, de l’apprendre. « J’ai bien vu des jeunes filles voilées dans la ville qui mendient, mais nous

n’avons aucune preuve qu’elles se prostituent aussi. Cependant, nous allons faire une enquête ! « .

ans cette commune de plus de 240 000 habitants, la réputation du boulevard du 1er-Novembre (ex-rue Clémenceau) n’est plus à démontrer.

Et même si l’on venait à douter de leur vrai métier à Maghnia, ces « voilées » attirent l’attention et suscitent des interrogations. Ces femmes n’ont jamais été inquiétées par les autorités ou les forces de l’ordre. « Qui sont-elles vraiment ? Et si elles utilisent tous ces stratagèmes (mendicité et prostitution) pour des objectifs criminels ou terroristes. Je pourrais paraître alarmiste, mais la question mérite d’être posée », s’insurge le président d’une association locale, Ahmed B.

Nous avons attiré l’attention d’un responsable de la police sur ce phénomène. « Ce sont des Algériennes qui ont le droit de se déplacer dans leur pays. Nous n’avons reçu aucune plainte dénonçant un éventuel comportement suspect. La loi nous interdit d’intervenir, ce serait un abus d’autorité », a-t-il répliqué.

Ces « travailleuses » exceptionnelles venues d’ailleurs continueront de sévir tant que, pour une raison ou une autre, le laxisme règne en loi, selon un sentiment largement partagé par les citoyens de la ville.