par J. Boukraâ
Les filets fantômes font, toujours, parler d’eux, dans la wilaya d’Oran.
En fin de semaine, un autre filet abandonné au fond de Cap Blanc, a été signalé par des pêcheurs. Selon l’Association marine « Barbarous » qui a, aussitôt, dépêché un groupe de six plongeurs pour renflouer ce filet, « il s’agit d’un filet abandonné au fond (entre 15 et 30m) de 500 m de long qui cause d’énormes dégâts sur les habitats et la biodiversité aux alentours des hauts-fonds de Cap Blanc, situés entre les limites des réserves marines des Habibas’ et Paloma’ ». « Aussitôt arrivés sur les lieux, les plongeurs de l’Association ont constaté la gravité de la situation qui est accentuée par l’acte criminel perpétré par des pêcheurs irresponsables qui ont abandonné le filet (senne tournante sans coulisses -filet lamparo-) après avoir récupéré les ralingues supérieures et inférieures (lests en plomb et flotteurs).
Cet acte criminel met en péril aussi bien la biodiversité marine, dans toutes ses composantes, la ressource halieutique, dont dépend la survie des familles de pêcheurs, mais aussi menace la vie des chasseurs en apnée et peut sérieusement entraver la navigation de l’ensemble des navires qui fréquentent la zone », ajoute le communiqué de cette association.
Au bout de trois heures de travail, les plongeurs n’ont pu remonter que la moitié du filet qui est solidement accroché à la roche et les concrétions coralliennes. Le renflouage de la deuxième moitié du filet sera réalisé dans les jours à venir, selon les conditions météo et en fonction de la disponibilité des plongeurs et des moyens.
À cet effet, l’Association appelle à une mobilisation générale des usagers de la mer pour une participation massive afin d’aider les membres de l’Association à renflouer ce qui reste du filet. Ce n’est pas la première fois que des filets fantômes’ abandonnés, et menaçant la biodiversité sont repérés par des pêcheurs et renfloués par l’équipe de l’Association Barbarous’.
Partant de ce constat, les membres de ladite association interpellent les autorités pour « ouvrir des enquêtes et situer les responsables de ces actes irresponsables, ainsi que les gestionnaires et les décideurs pour développer une stratégie adéquate, avec la participation de l’ensemble des acteurs de la mer, afin de mettre fin à ce genre de fléau qui met en péril l’avenir de la pêche, en Algérie et menace de faire disparaître des espèces emblématiques ». Peut-on lire dans le communiqué de « Barbarous ». En effet, les filets « fantômes » sont des filets entiers ou en morceaux laissés en mer, voire abandonnés intentionnellement.
Les raisons peuvent être multiples, il s’agit bien souvent d’un accident, l’outil de pêche ayant accroché le fond ou s’étant déchiré pendant la relève. Mais accident ou mauvaise intention le résultat est le même : ces outils de pêche continuent leur travail sous l’eau, à la dérive, ou accrochés aux fonds marins et détruisent une partie de la vie marine. Devant cette menace sur les écosystèmes océaniques, les pays s’organisent depuis 2009 et essayent de trouver des parades. Les filets « fantômes » représentent près de 10% du total des déchets plastiques dans les océans.