A l’orée de la saison estivale Vacances : ce que les Algériens préfèrent

A l’orée de la saison estivale Vacances : ce que les Algériens préfèrent

Traditionnellement les vacanciers algériens avaient tendance à passer leur congé annuel à rester tranquillement dans leur domicile, consacrant leur après-midi entre quelques sorties dans les plages limitrophes, à quelques balades dans les sites de verdure (montagnes, jardins, …), ou simplement à profiter des siestes, récupérant ainsi le manque de sommeil annuel.

Mais cette tendance tend à disparaître, surtout après les années dites «noires» de terrorisme. Ainsi les vacanciers algériens consacrent leurs journées de repos à de vraies vacances en dehors de leur lieu de résidence, avec un budget assez conséquent, dans d’autres villes du pays, ou encore mieux, à des voyages à l’étranger.

Quelle est donc la stratégie des vacanciers pour tracer le programme de leurs vacances ? Pour la plupart d’entre-eux, qui ont des enfants scolarisés, leur congé est fixé en fonction des vacances scolaires. De surcroît, les demandes de congé se font de plus en plus tôt et le programme est bien mis en place avec un budget annuel, des sorties et activités diverses. Ainsi, les Algériens deviennent, à l’instar des citoyens des autres pays, exigeants et leurs vacances extrêmement «sacrées». Quelques agences de voyages, avaient dès le début de l’année mis à la disposition des Algériens plusieurs propositions de voyages avec des destinations alléchantes et des réductions conséquentes. Mais, malgré cela on ne peut pas dire que la plupart de nos compatriotes peuvent se permettre le luxe de partir à l’étranger et cela pour plusieurs raisons. La première raison suffisante est certainement celle de la cherté de la vie, sans oublier les vacances qui seront écourtées par le mois de Ramadhan et la rentrée scolaire et sociale qui prévoient plus de frais à l’horizon.

Néanmoins, pour quelques agences de voyages, notamment une d’entre- elles se situant à l’entrée de rue Didouche Mourad à Alger-Centre, les vacanciers algériens ont opté cette année pour la Turquie, malgré la cherté du billet et de la prise en charge. Une destination nouvelle qui détrône le pays voisin, la Tunisie, qui était autrefois prisé par les Algériens. Mais après la révolution du jasmin, qui a entraîné la chute de la dictature de Ben Ali, nos concitoyens craignent l’instabilité économique et politique et la montée flagrante des islamistes radicaux. Les derniers événements en Tunisie ne présagent pas un tourisme économique bénéfique pour le pays.

Reste qu’il revient complètement absurde de dire que la majorité des Algériens peuvent se permettre le luxe de partir en Turquie ou ailleurs, surtout avec des familles nombreuses ou avec des soucis communs, comme le chômage, le manque de couverture sociale, la crise du logement.Ces soucis sont pour la plupart des jeunes couples un quotidien commun qu’ils partagent. C’est ce que nous a confié Zakia, 27 ans, un enfant à charge : « Je ne peux même pas penser à des vacances, puisque notre budget et nos économies, nous les consacrons pour le loyer ». C’est la même situation, pour Naima, la quarantaine. Elle estime que « les prix restent inaccessibles et décourageants ». Elle dit ne pas «pouvoir se permettre un tel luxe», car «avec mon mari, nous ne sommes que de simples salariés, avec deux enfants en charge. La seule chose que nous projetons, pour faire plaisir aux enfants est de partir dans l’une des régions côtières du pays. Mais pour l’instant nous sommes en train d’étudier les propositions de prix avec des personnes. On ne veut pas passer par une agence de voyages car cela est très cher et je trouve qu’il y a une grande arnaque. Nous préférons traiter avec des personnes de confiance».

Enfin, il est à noter que pour cette saison estivale, parmi les 1125 établissements hôteliers au niveau national, 852 restent non classés à ce jour. De plus, les 1200 kilomètres de côtes de notre pays restent inexploitées et les différentes potentialités touristiques que recèle notre pays ne sont pas mis en valeur. Un effort considérable dans ce domaine doit être fait par les pouvoirs publics pour attirer les vacanciers locaux et étrangers, profitant de cette baisse d’intérêt pour les deux pays voisins. Une manière de donner un coup de fouet à une nouvelle politique touristique visant, pourquoi pas, à une nouvelle économie qui ne serait pas basée sur la rente pétrolière.

Par : Kahina Hammoudi