A l’ombre des querelles au sein de l’AIS, Ksentini plaide pour une amnistie générale

A l’ombre des querelles au sein de l’AIS,  Ksentini plaide pour une amnistie générale

L’article 47 de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale autorise le président à décréter l’amnistie générale.

Farouk Ksentini, président de la Commission de suivi de l’application de la Charte pour la paix et la Réconciliation nationale, propose au président de la République d’aller vers l’amnistie générale pour tourner définitivement la page de la tragédie nationale.

La proposition vient au bon moment dissiper les craintes de Madani Mezrag quant au retour de manivelle, depuis que les changements à la tête du DRS l’empêchent de dormir. Il n’a cessé donc de courir dans tous les sens, à ameuter l’opinion publique sur les engagements de l’Etat. Mezrag a placé la barre très haut en annonçant la création d’un parti politique qui devrait réunir les anciens éléments de l’ex-AIS et du FIS dissous, provoquant ainsi la panique autant chez les ennemis politiques que chez ses alliés.

Son appel semble avoir été entendu dans le sens où Ksentini va encore plus loin en rappelant que l’article 47 de la Charte permet au président de décréter l’amnistie générale. Cette sortie coïncide avec une autre de Ahmed Benaïcha, ex-émir de l’AIS à l’Ouest, qui met le doigt sur certains dossiers. Ce dernier rappelle que beaucoup de gens concernés par les clauses de la Charte sont encore emprisonnés. Ils sont près de 150 personnes en détention depuis 1991, pour certains. Dans un entretien accordé à El Khabar, il estime qu’ils sont détenus dans des prisons militaires. Comme il a estimé à 40% le taux de compensations aux familles touchées par la crise et à 75% le taux de ceux qui n’ont pas réintégré leurs postes de travail et préconisé la prise en charge du dossier des familles de disparus qui reste pendant, depuis la loi sur la Concorde civile.

De son côté, l’avocat Merouane Aâzzi, ancien président de la cellule d’aide juridique à l’application de la Charte, plaide pour une prise en charge des enfants nés dans les maquis et dont le nombre s’élève à 500, ainsi que les personnes qui ont été emprisonnées administrativement, sans aucune procédure judiciaire. Il s’agit des internés des camps du Sud, au tout début de la crise sécuritaire. Mais ces initiatives butent sur d’autres thèses, comme celle du juriste et ancien sénateur, Souileh Boudjemaâ, qui considère que la Charte n’a nullement besoin de textes complémentaires, et que le «pardon» viendra avec le temps. Pourtant, Benaïcha martèle que la Charte est dans un état stationnaire depuis 2006, date de sa publication.

LG Algérie

A l’aune des changements majeurs au niveau de la hiérarchie militaire, les craintes des uns et des autres sont justifiées. D’où la sortie inopinée de Ksentini – qui n’est pas à présenter, puisqu’il a de toujours balisé la voie pour faciliter les grandes entreprises en matière de droits de l’homme- à supplanter tout le monde.

En sa qualité de «voix autorisée», il apporte les réponses adéquates, en mettant à l’aise et Mezrag et le pouvoir qui a besoin de bulldozer pour déblayer le terrain. Il faut dire, qu’en allant sur la voie de la création de parti, Mezrag a créé la zizanie dans ses propres troupes, puisque ni Benaïcha ni les anciens du FIS n’étaient partants. Encore moins les farouches adversaires de la mouvance, les «patriotes» en tête, qui ont décidé de suite de sortir dans la rue. L’initiative de Ksentini rentre, en outre, dans le cadre du calendrier du président de la République qui souffre de clairvoyance. Car on sait très peu de choses sur les amendements qui seront introduits dans le texte de la Constitution. En avançant l’idée d’amnistie nationale, Ksentini révèle des éléments épars des prochaines décisions qui accompagnent les changements significatifs dans la «grande muette».