A l’instar des autres pays du maghreb «20% des cadres algériens sont expatriés»

A l’instar des autres pays du maghreb «20% des cadres algériens sont expatriés»

L’informatique, élément incontournable dans le développement économique

L’économiste plaide en faveur d’une diversification de l’économie nationale et la valorisation des services de connaissance.

La question d’emploi des universitaires, des chercheurs, des diplômés de Hautes écoles scientifiques et techniques… a dominé les propos tenus, hier, à Alger par le professeur El Mouhoub Mouhoud, lors d’une conférence organisée par le Cercle d’action et de réflexion autour de l’entreprise (Care).

Cette rencontre, qui a regroupé de nombreux cadres universitaires, responsables d’entreprise ou de divers organes économiques, venus de tous les horizons, a été organisée avec le soutien de la Fondation Friedrich Nauman. Au cours de cette conférence-débat intitulée, «Pour une économie de progrès qui emploie ses diplômés: une stratégie d’insertion dans les services de la connaissance», l’accent a été mis par le Professeur El Mouhoub en économie à l’université de Paris Dauphine, directeur du «Dreem», (Développement des recherches économiques euro – méditerranéennes), sur une approche volontariste dans l’économie des services.Il a estimé que la diversification de l’économie et l’emploi des jeunes diplômés doivent constituer les priorités absolues pour l’ensemble des pays et tout particulièrement l’Algérie.

Il faudrait, selon lui, penser à une «nouvelle stratégie de rattrapage pour les pays du sud et de l’est de la Méditerranée», appuyant sur le fait que «l’économie algérienne a les moyens» de pénétrer «directement dans les activités de services de la connaissance et d’investissement immatériel» C’est la voie que nous préconisons sans évidemment négliger l’industrie, car industrie et services sont complémentaires, a renchéri E.M. Mouhoud dans son brillant exposé.

Il n’a pas manqué de mettre le doigt sur «l’impasse de la seule voie industrielle» adoptée par les choix des anciens décideurs de favoriser les activités de sous-traitance d’assemblage dans les secteurs intensifs en main d’oeuvre (textile, cuir, habillement, matériels électriques jouets…) qui se sont avérés des «échecs patents». Mis à part l’absence de remontée de filières vers les segments à plus forte valeur ajoutée, «les incitations à augmenter le niveau de formation et de qualification sont restées faibles dans la mesure où l’avantage comparatif coût ne devait pas être remis en cause.» a-t-il regretté.

Pour le conférencier, une diversification de l’économie nationale nécessite une valorisation des services de connaissance dans les secteurs à forte valeur ajoutée notamment le transport maritime (pour les exportations) et les énergies renouvelables ainsi que l’emploi des diplômés.

Il a par ailleurs plaidé pour les services comme la recherche, l’innovation, la publicité et le marketing qui sont des éléments incontournables pour le développement de la compétitivité industrielle et la création de richesse et de la valeur ajoutée. Les sept points d’orientation émis par l’étude présentée par El Mouhoub s’articulent essentiellement sur la nécessité d’orienter les laboratoires de recherche et les universités à former des compétences dans des secteurs peu exploités et à forte valeur ajoutée. Selon son constat, près de 23% des étudiants dans les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) sont orientés vers le domaine des sciences sociales, alors que les disciplines dans les secteurs de l’agriculture et de la santé attirent moins d’étudiants et restent à la traîne.

Il a fait remarquer que l’Algérie souffre, à l’instar des pays du Maghreb, d’expatriation des compétences qui a atteint un taux de 17% à 20% alors qu’elle devrait se situer entre 5% et 10% maximum, a-t-il estimé.

Pour y remédier, il estime qu’il existe une série de services que l’Algérie peut développer en dehors du secteur des hydrocarbures avec les compétences locales, notamment dans les énergies renouvelables et le transport maritime à travers lequel transitent 90% des échanges commerciaux. Mouhoud a plaidé aussi pour l’amélioration de la chaîne logistique de ce secteur comme l’extension des aires de stockage de marchandises, la réalisation de ports secs et la mise en place de plate-formes logistiques.

L’amélioration des ces services d’un taux de 10% pourrait accroître le taux des exportations hors hydrocarbures de 3 à 4%, un taux appréciable qui permettrait de contribuer au développement de l’économie nationale. La situation géographique de l’Algérie à fort potentiel en ressources naturelles, la situe dans une position prépondérante par rapport aux autres pays de la région, et peut servir de pôle «financier» pour booster ces stratégies nouvelles, a encore estimé le conférencier.