Plus que les salaires des P-DG des grosses boîtes privées et des multinationales installées en Algérie, plus que les ministres, les députés et même le président de la République, les rémunérations des footballeurs algériens dépassent l’entendement.
Récemment, Le Radar de Liberté a révélé que le salaire du joueur le mieux payé du championnat DZ, en l’occurrence Youcef Belaïli, a atteint les 650 millions de centimes conformément aux termes du contrat de deux ans qu’il a signé l’été dernier avec la formation de l’USM Alger. Un simple calcul permet de déduire que le salaire du néo-international algérien représente plus de 300 fois le salaire national minimum garanti (SNMG) qui est aujourd’hui de 18 000 DA. D’autres touchent 200 fois le SNMG comme Zemmamouche et Hachoud, alors que beaucoup d’autres, soit la majorité, touche au moins 80 fois le SNMG.
Le joueur le moins payé du championnat touche au moins 30 fois le SNMG. Un décalage qui illustre parfaitement le large fossé qui sépare le footballeur algérien aux guiboles pourtant fragiles et au rendement insipide du simple smicard. L’été dernier, la FAF avait tenté de plafonner les salaires des joueurs de football à 120 millions de centimes, soit déjà 60 fois le SNMG, mais elle s’est heurtée au refus des clubs, beaucoup plus préoccupés par la rente née de la distribution opaque de ces salaires, dont la majorité échappe du reste au fisc, que par la réussite du projet du professionnalisme. D’ailleurs, les présidents de club, bien que connaissant parfaitement la situation salariale de leurs équipes respectives (plus de 80% du budget pour un club comme le MCA géré par Sonatrach), ont réclamé de payer les impôts et les charges de la Cnas sur la base d’un salaire forfaitaire de 12 millions de centimes, soit au moins 10 fois moins que le salaire moyen de 120 millions de centimes des footballeurs algériens. Au moment où le ministère des Sports veut porter ce salaire forfaitaire à au moins 27 millions de centimes.
Pis encore, les clubs réclament aussi une amnistie fiscale et l’effacement des dettes. “Nous réclamons tout simplement une amnistie fiscale et l’effacement de tout le passif, c’est notre seule issue, sinon, nous ne pourrons rien faire”, nous dira Abldekrim Yahla, président du Forum des clubs pros.
Quand on rappellera que le fonds de soutien mis en place par les pouvoirs publics prévoit le financement du fonds de roulement du club professionnel de football, pour un montant annuel de 25 millions de dinars, à titre exceptionnel et pour une durée de quatre années, il va sans dire que les dirigeants des clubs n’ont aucune raison de lutter contre la surenchère des salaires. Bien au contraire !
S. L.