À l’ère d’une crise globale, l’Algérie s’impose comme le 3ᵉ maître mondial de cette ressource

À l’ère d’une crise globale, l’Algérie s’impose comme le 3ᵉ maître mondial de cette ressource
Réserves d’hélium en Algérie

Un récent rapport international révèle que l’Algérie s’est hissée à la première place en Afrique, à la deuxième place arabe après le Qatar, et à la troisième place mondiale pour les réserves d’hélium en 2025, avec 8,2 milliards de mètres cubes.

Elle s’inscrit ainsi dans un marché contrôlé par une poignée de nations, menées par les États-Unis (20,6 milliards de m³), le Qatar (10,1 milliards de m³), l’Algérie (8,2 milliards de m³), la Russie (6,8 milliards de m³), et le Canada (2 milliards de m³).

La part du reste du monde combinée ne dépasse pas 3 milliards de m³. Cette cartographie resserrée met en évidence le poids de l’Algérie dans une ressource rare qui rythme des industries de pointe telles que la médecine avancée, l’imagerie par résonance magnétique, les aimants supraconducteurs, la cryogénie et la recherche spatiale.

Elle place également le pays dans le club des acteurs capables d’influencer le cycle d’approvisionnement mondial.
Le rapport de Frontiers in Environmental Science, se concentre sur la réalité de la production, dont le poids penche fortement vers l’Amérique du Nord et le Moyen-Orient.

En 2020, la production mondiale d’hélium gazeux a atteint environ 140 millions de mètres cubes, soit une baisse de 12,5 % sur une base annuelle. Les États-Unis ont produit à eux seuls 74 millions de m³, soit plus de la moitié de l’approvisionnement mondial, tandis que les États-Unis, le Qatar et l’Algérie ont totalisé ensemble environ 93 % du total. Concernant les sources d’extraction, l’hélium américain provient des champs de Cliffside, Hugo, Panhandle, Greenwood, Keyes et Riley Ridge.

Au Qatar, il est extrait du gaz flash accompagnant le gaz naturel liquéfié dans le champ Nord. En Algérie, il est extrait conjointement au GNL, notamment du complexe de Hassi R’mel, l’un des plus grands champs gaziers au monde.

Ceci explique le positionnement de l’Algérie parmi les trois premiers producteurs mondiaux et sa capacité à être un exportateur net, compte tenu de la faible demande locale par rapport au volume de production.

Infographic showing helium reserves by country in billions of cubic meters, with the U.S. leading globally

Le Moyen-Orient et la Russie redessinent le marché de l’hélium

Sur le plan commercial, l’exportation est concentrée au Moyen-Orient et dans la Communauté des États Indépendants (CEI). L’Algérie et le Qatar dirigent la majeure partie de leur production vers l’étranger, tandis que la Russie possède des gisements riches mais relativement peu développés, tels qu’Orenbourg, Tchayanda et Kovyktin en Sibérie.

La Pologne enregistre une production annuelle variant entre 1 et 3 millions de m³ provenant du gisement d’Odolanów, dont la majorité est destinée au marché européen. Ce positionnement commercial reflète des différences structurelles entre des pays dotés de capacités de séparation et de liquéfaction bien établies et d’autres qui sont encore en phase de parachèvement de leur infrastructure industrielle.

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Le rapport met également en lumière un déséquilibre structurel mondial entre l’offre et la demande. La demande annuelle approche les 200 millions de m³ contre une production avoisinant les 160 millions.

Les prévisions tablent sur une augmentation de la demande à 220–300 millions de m³ d’ici 2030, avec une production susceptible de chuter à 134 millions de m³ si de nouveaux gisements ne sont pas développés, créant ainsi un déficit dépassant 166 millions de m³.

L’Algérie, de « fournisseur » à « hub »

Dans ce paysage complexe, l’Algérie se distingue comme un acteur stratégique alliant réserves massives, et infrastructure intégrée de séparation, de liquéfaction et d’exportation via le gaz naturel liquéfié. Cela lui confère une compétitivité sur un marché régi autant par les normes de pureté, de fiabilité et de qualité que par les quantités.

La valeur de l’Algérie ne se mesure pas uniquement aux chiffres, mais à la nature de la ressource et de sa source. L’extraction conjointe au gaz liquéfié de Hassi R’mel génère des économies techniques en matière de séparation et de liquéfaction, ainsi qu’une stabilité de la qualité qui se répercute sur les coûts de production et les taux de pureté médicale et industrielle.

L’Algérie passe ainsi du statut de « fournisseur » à celui de « hub », combinant l’abondance du gaz avec la possibilité de construire des chaînes de valeur pour les gaz nobles, ce qui renforce sa souveraineté énergétique et réduit la vulnérabilité de ses revenus face aux cycles de prix du pétrole et du gaz conventionnels.

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Le rapport conclut que l’hélium n’est pas un simple gaz festif, mais un levier de soft power et d’industrie de précision autour duquel se dessinent de nouvelles cartes d’influence.

L’Algérie, grâce à ses réserves, sa position industrielle et logistique, est appelée à devenir l’un des piliers du marché mondial pour des décennies, à condition de transformer cette abondance en politique d’excellence.

Des investissements dans des unités de séparation, de liquéfaction et de stockage cryogénique, des contrats d’approvisionnement flexibles, une réserve souveraine pour atténuer la volatilité du marché, et l’alignement d’une partie des capacités sur les besoins du système de santé et des industries avancées locales.