A l’approche de l’Aïd el Fitr, les chefs de famille prennent d’assaut les boutiques et autres marchés de vêtements pour habiller leur progéniture.
Ceci n’a rien d’étonnant. Ce qui l’est par contre, c’est la ruée presque vers les boutiques de friperie, devenues, ces dernières années, une destination privilégiée des ménages. «C’est la misère qui pousse à la fripe», dira un quinquagénaire rencontré dans une boutique de la rue Hassiba-Ben Bouali à Alger. Et d’ajouter : «C’est moins cher et solide à la fois». En tout cas, la fripe est, pour lui, une aubaine qu’il ne ratera pour rien au monde au vu de sa situation sociale.
«Je gagne 20.000 DA et 5 enfants à nourrir. Où voulez-vous que j’aille pour subvenir à leurs besoins ? », se plaint-il. Même son de cloche chez Meriem qui, bien qu’étant jeune (30 ans) et célibataire, affirme que son salaire ne lui permet pas de s’habiller comme elle le souhaite et que de toutes les façons la fripe représente un avantage certain sur les autres produits. «La fripe demeure ‘’neuve’’ et intacte des années après son achat», argue-t-elle. Au-delà des prix accessibles pratiqués dans les boutiques de friperie, c’est donc la qualité du produit proposé qui est mise en avant, à telle enseigne que même des gens aisés fréquentent régulièrement les lieux. Cela se passe au premier jour de l’arrivage qui coïncide généralement avec la journée de jeudi où de bonnes affaires sont à saisir. Une dame âgée accostée à l’entrée d’une boutique, ira loin dans ses analyses en déclarant : «Les vêtements qu’on achète dans ces lieux sont bien cousus et leur couleur originale n’est pas altérée après lavage». Et de lancer : «Le pauvre s’habille. Il est loin le temps où je mettais des vêtements que je refilais, quelques années plus tard, aux membres de ma famille». Bien sûr, tout le monde n’est pas adepte de la friperie, beaucoup sont réticents à l’idée de fréquenter ces endroits parce que ces vêtements importés, pour la plupart d’entre eux des USA, ne cadrent pas avec l’idée qu’ils se font de l’hygiène et de leur propre complexe qu’ils nourrissent à son égard.
Explication : «J’hésite à rentrer dans ce genre de boutique parce que je me sentirai pauvre au milieu des autres. Je suis incapable de m’acheter des fringues dans ces endroits», déclare Houria. Et d’ajouter : «Même s’il est cher d’acheter dans des boutiques, cela vaut la peine de les acheter».