A la veille d’une réunion décisive de ses membres, L’Opep minée par les divergences

A la veille d’une réunion décisive de ses membres, L’Opep minée par les divergences

opep_853142_679x417.jpgA la veille d’une importante réunion qui devrait sceller définitivement la position de l’Opep par rapport à la baisse des prix du pétrole, les attitudes de certains membres de l’organisation commencent à se dissiper. Ces premières positions laissent apparaître, en toile de fond, des divergences, pour le moins patentes et réelles. Plusieurs membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole paniquent d’ores et déjà à l’idée de voir encore les prix descendre au-dessous de 80 dollars le baril.

Ces mêmes pays ne veulent pas laisser filer la réunion ministérielle de demain qui s’apparente à une opportunité de réduire la production pour soutenir les cours. Il y a, d’abord, ce discours de façade auquel s’adonnait le secrétaire général de l’organisation, Abdallah Al Badri, qui n’a cessé d’appeler les marchés à ne pas paniquer face à la baisse du prix du baril de Brent, au plus bas depuis quatre ans. Lui emboîtant le pas, le ministre koweïtien du Pétrole n’a fait, lui aussi, qu’apporter de l’eau au moulin du SG de l’Opep, jugeant peu probable une réduction des quotas à l’issue de la réunion de Vienne.

Cependant, le courroux de certains membres grognait en coulisses. En effet, bon nombre de délégués de l’Opep évoquent, en privé, la nécessité d’une initiative touchant à la production, même s’ils reconnaissent qu’il sera difficile d’aboutir à un accord. Ce sera, à coup sûr, une réunion importante, mais difficile, s’accordent à dire les représentants de certains pays membres. L’on évoque l’éventualité d’un accord pour ramener la production au niveau des quotas, faute d’un consensus, pour le moins improbable, sur une baisse de l’objectif de production. Tel est donc l’enjeu de la future réunion, au niveau ministériel, des pays membres de l’Opep.

Quoi qu’il en soit, un accord sur le respect des quotas impliquerait une diminution d’environ 500 000 barils par jour (bpj), soit l’excédent de production actuel par rapport à l’objectif de 30 millions de bpj que s’est fixé l’organisation. Mais il n’y a pas que l’excédent de la production qui est à l’origine de la baisse des cours de brut. Les prix ont chuté d’environ 30% depuis juin, à cause, outre l’excèdent de la production, de l’essor de la production de pétrole de schiste aux Etats-Unis.

La décision de l’Arabie Saoudite qui a baissé la valeur de son pétrole a été également un facteur favorisant, voire aggravant. Face au comportement des Saoudiens, il y a un risque de voir les représentants de certains membres, dont la Libye, le Venezuela et l’Equateur, monter au front contre l’Arabie Saoudite car ces pays ont plaidé ouvertement et officiellement pour une baisse de la production. Le Koweït et l’Iran jugent une telle baisse improbable et la très influente Arabie saoudite ne s’est pas encore exprimée publiquement sur le sujet.

Ces divergences dont souffre le groupe des pays exportateurs de pétrole, amoindrissent de plus en plus la capacité de l’Opep à agir pour faire remonter les prix. Cependant, pour certains pays, il y va de leur santé financière, puisque bon pays producteurs, comme l’Equateur, l’Iran, l’Algérie et le Venezuela, risquent d’avoir du mal à boucler leur budget si les cours restent à leur niveau actuel ou continuent de baisser.

Ali Ben Mohamed