Alors que l’Algérie passe par une étape sensible afin d’éviter de tomber dans l’expérience que vivent depuis le début de l’année des pays du monde arabe et ceux du Maghreb avec le drame libyen, les partis de l’Alliance présidentielle s’amusent à échanger des tirs dont le but n’est toujours pas clair.
Et pourtant, ce sont ces partis qui vont assurer le déroulement des consultations relatives aux réformes politiques que devrait lancer aujourd’hui le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, numéro deux de la République selon la Constitution actuelle. Sachant que ce ne sont pas tous les partis qui ont adhéré à la manière de procéder à ces réformes.
Les différends entre les partis alliés dans le cadre de l’Alliance présidentielle ne datent pas d’aujourd’hui mais porter le conflit sur la scène médiatique dans un timing spécial, c’est vraiment nouveau. L’Algérie vit depuis le mois de janvier un malaise social qui a commencé avec de violentes émeutes dans quelques wilaya du pays. Comme diagnostic sur ces événements, le FLN a critiqué «la gouvernance» donc, la gestion du Premier ministre Ahmed Ouyahia. A ce propos, la direction du vieux parti s’est montrée motivée pour un remaniement gouvernemental. Un souhait qui n’est toujours pas exaucé par le président Bouteflika qui a la prérogative de procéder à un tel changement.
A ce sujet, Ahmed Ouyahia était clair, il ne démissionnera pas et ne cache pas ses ambitions aux prochaines présidentielles, comme c’est le cas de ses frères ennemis en l’occurrence, Abdelaziz Belkhadem et Bouguerra Soltani. Dans ses premières consultations en prévision des réformes politiques, le président Bouteflika a choisi de consulter le président du Conseil constitutionnel, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah (RND), le président de l’APN, Abdelaziz Ziari (FLN) et enfin le Premier ministre Ahmed Ouyahia (RND) et le ministre d’Etat, représentant personnel du président Bouteflika, Abdelaziz Belkhadem (FLN).
Ils ont tous été consultés sur une éventuelle dissolution du Parlement et c’est la majorité qui aurait refusé. D’ailleurs, il n’ y a pas eu dissolution même si une grande partie des réformes vont passer par le Parlement qui sera élu en 2012. Cependant, tout à commencer avec la polémique créée suite à l’amendement oral introduit par le président de la commission des affaires juridiques à l’APN au projet de code communal. Le Conseil de la nation a remis en cause ce texte alors qu’on parlait de faute de «frappe». Le président de la chambre basse du Parlement, Abdelaziz Ziari (FLN) n’a pas attendu longtemps pour réagir à travers un entretien accordé à un quotidien national. Dans cette sortie médiatique, Ziari a remis en cause l’existence du Conseil de la nation et ne voit pas son utilité. On ne sait pas si le FLN n’est pas vraiment d’accord sur le choix de Bensalah pour mener les consultations politiques puisqu’il s’agit d’un membre fondateur du RND ? Si c’est vrai, ceci affirme encore une fois que l’interêt partisan et personnel passe avant tout, comme si l’APN et le Sénat sont des propriétés privées.
Il est à préciser que le FLN a toujours défendu la dissolution du Sénat depuis 2007 dans le cadre des ateliers de réflexion lancés par ce parti. Mais dans la conjoncture actuelle, Belkhadem n’a pas évoqué dans ses différentes déclarations le Conseil de la nation. La polémique n’est pas fini puisque le porte-parole du RND, Miloud Chorfi revient sur les déclarations de Ziari sur le Conseil de la nation. Dans une conférence à l’occasion de la journée de l’étudiant, tenue jeudi à Tizi Ouzou et sans citer directement le président de l’APN, il dira: «celui-ci se trouverait par ses propos en dehors de la zone de couverture» en ajoutant : «Cette institution (Conseil de la nation) est plus qu’indispensable et légitime de par le mode de l’élection de ses membres et que seuls ceux dont les intérêts sont menacés s’opposeraient à son existence».
De son côté, mercredi soir, le président du MSP, Bouguerra Soltani n’a pas été tendre envers ses alliés. Invité de l’émission «Entretien de l’heure» à l’ENTV, il a soutenu la dissolution du Conseil de la nation, défendu la désignation d’un Premier ministre technocrate pour préparer les prochaines élections, et mis sur le dos du parti majoritaire à l’APN sans citer «le FLN», le rendement de cette institution. Il a critiqué «la défense» de Ziari apportée à la législature actuelle. Le patron du MSP, parti islamiste, a défié Ahmed Ouyahia concernant le fait que le RND et le FLN peuvent se passer du MSP à l’APN pour assurer la majorité. Enfin, M.Soltani dit clairement qu’il veut être président de la République. Voilà la fièvre des prochaines présidentielles qui s’installe entre les leaders des partis qui se disent alliés à Bouteflika et entre des instituions importantes dans la République.
Par Nacera Chenafi