A la veille d’élections décisives ,Les islamistes algériens, la quadrature du cercle

A la veille d’élections décisives ,Les islamistes algériens, la quadrature du cercle
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Les révoltes au Moyen-Orient et au Maghreb si elles ont eu pour conséquences de donner des ailes aux islamistes algériens, qui se retrouvent, du coup, placés sur orbite pour les futures élections, n’en ont pas moins fait tomber l’effet épouvantail associé à ces hommes politiques qui se piquent de textes religieux.

Sous le prétexte de la dangerosité de ces mouvements politiques d’inspiration religieuse, nombre de régimes, ont concédé des démocraties fortement contrôlées ou de façade et ce, sous l’œil bienveillant des grandes puissances.

Les protestations populaires en Tunisie puis en Egypte et d’ailleurs, ont donc forcé au départ les chefs d’Etat, ce qui a eu pour effet immédiat de mettre à nu les systèmes politiques qu’ils incarnaient. Le mouvement de contestation dans son ensemble paraît être celui de la disqualification définitive des fausses démocraties. Les peuples s’y sont-ils préparés ? Là, nous touchons à un autre débat.

Le consensus pour l’heure semble se dégager au moins sur un point : revendiquer le départ du chef suprême. Les sociétés toutes tendances confondues accordent leurs violons pour crier « Oust, libérez la place ! ». Ce cri bien sûr a une profonde signification, les peuples veulent avoir voix au chapitre dans le choix de ceux qui sont appelés à les gouverner.

Qu’ils n’aient pas mûri les procédures devant les y conduire, ne constituent pas à leurs yeux un obstacle. Ironie du sort, ces régimes aux abois, ont dû assister à leur grand dam, à des manœuvres de déstabilisation de la part des puissances étrangères qui ont ciblé en premier lieu leurs islamistes, la frange de la population qu’ils ont eux-mêmes soumis à la manipulation de leurs services.

Face à l’irruption des peuples sur la scène politique, les Etats-Unis et l’Union européenne se sont sentis obligés de composer avec le CNT libyen dont le chef n’a pas hésité à se réclamer de la charia. Certes des intérêts bassement matériels peuvent se cacher derrière cette sollicitude de l’Otan, mais il faudrait reconnaître qu’elle n’est pas sans conséquence sur l’équilibre géopolitique de la région.

En procédant ainsi, les puissances étrangères font l’aveu qu’elles peuvent s’accommoder des islamistes dans quelque pays où ils peuvent émerger. Or jusqu’ici, ces puissances ont fait preuve de beaucoup de réticence à l’égard de ces derniers qu’elles a longtemps du reste assimilés aux terroristes. Même le chef attitré de la violence planétaire dans ce qu’elle a de plus barbare a été déclaré mort par les Etats-Unis. C’est dans le sillage de ces révolutions que Ben Laden a été enterré.

C’est donc dans un cadre politique international profondément remodelé que vont se dérouler les prochaines élections algériennes. Pour autant la situation en Algérie est loin de ressembler à celle qui prévaut dans le Moyen-Orient et dans le reste du Maghreb, du moins s’agissant du point relatif à la gestion des islamistes.

Chez nous contrairement à la Tunisie et au Maroc, les islamistes ont été intégrés au jeu politique. Il faut aussi ajouter les effets de la guerre civile des années 90, qui ont fortement terni leur blason. La singularité algérienne consiste justement dans ce paradoxe. On veut trier dans la nébuleuse islamiste afin d’écarter de la vie politique du pays les figures impliquées « dans la tragédie nationale » comme le dit l’expression consacrée.

Cette donne évidemment ne date pas d’aujourd’hui puisqu’elle est portée par la Charte sur la réconciliation nationale. D’où cette interrogation des observateurs, est-ce vraiment une ouverture toute cette panoplie de réformes ? N’empêche l’Algérie paraît plus outillée que n’importe quel autre pays pour s’approprier le jeu démocratique. Elle comptabilise une avancée dans l’expérience du multipartisme, même si cette expérience demeure limitée.

Larbi Graïne