A la veille de l’Aïd El Fitr: Les prix repartent à la hausse

A la veille de l’Aïd El Fitr: Les prix repartent à la hausse

Par Yazid Alilat,

A la veille de l’Aïd El Fitr: Les prix repartent à la hausse

Les prix des principaux produits agricoles frais ont rebondi au cours de ces trois derniers jours à la veille de l’Aïd El Fitr. Une hausse généralisée des prix des principaux produits du panier de la ménagère mais également des fruits secs (abricots, amandes, raisins, banane et ananas séchées) est constatée sur les marchés des grandes villes du pays, autant au centre, à l’est comme à l’ouest et au sud. Les raisons de cette surchauffe sont difficilement acceptables, cependant, par les consommateurs, d’autant que cette période coïncide avec de fortes dépenses liées aux achats des vêtements pour la fête de l’Aïd ou des produits pour la confection des traditionnels gâteaux de l’Aïd.

Les prix des fruits et légumes restent hauts, avec la tomate vendue entre 120 et 140 DA/kg, la pomme de terre oscille entre 45 et 60 DA/kg, alors que la courgette est cédée à plus de 100 DA/kg. Aubergine, carotte, entre 60 et 80 DA/kg, alors que le poivron reste accroché dans une fourchette de 100 à 120 DA/kg et les haricots verts à plus de 200 DA/kg. Le ralentissement des approvisionnements des marchés de gros est-il explicatif de cette nouvelle flambée des prix des produits agricoles frais ? Une réponse difficile à trouver en fait pour expliquer que le début et la fin de chaque mois de ramadhan enregistrent un emballement des prix. Même constat pour certains fruits, notamment la cerise, cédée jusqu’à 700 DA/kg, la pomme à plus de 500 DA/kg, le kiwi à plus de 1.500 DA/kg, ou le melon dont le prix varie entre 150 et 170 DA/kg. Il reste une consolation avec la pastèque produite à Zelfana ou El Ménéa, dans la wilaya de Ghardaïa, ou dans les champs de Biskra, dont le prix est descendu à 50 DA/kg, en attendant l’arrivée de la production du Nord.

Les prix des viandes rouges et blanches restent scotchés dans les mêmes niveaux à la hausse, oscillant entre 1.400 et 1.600 DA/kg pour la viande ovine ou bovine, le poulet quant à lui est en progression constante et s’affichait jusqu’à 400 DA/kg. La dinde est jusqu’à 900 DA/kg, l’escalope étant cédée autour de 850 DA/kg. Bref, la surchauffe des principaux produits agricoles frais, avec le prix de la laitue qui oscille autour des 150-160 DA/kg, reste inexplicable à pareille saison même si cela intervient à la veille de l’Aïd El Fitr. Même au ministère du Commerce on ne s’explique pas ces niveaux de prix, alors que la récolte des produits maraîchers et des fruits bat son plein.

Le facteur baisse des niveaux de récolte induit par le ramadhan est-il explicatif de cette tendance de prix hauts durant les derniers jours du mois sacré ? Pas évident, car à la veille du ramadhan, et à l’issue d’une tournée dans les marchés de gros de fruits et légumes du centre, le ministre du Commerce Said Djellab avait affirmé que «les fruits et légumes seront disponibles en quantités suffisantes et à des prix raisonnables durant le mois de ramadhan». Il a expliqué lors de cette tournée dans les marchés de gros de la plaine de la Mitidja, rappelle-t-on, que «les produits sont disponibles en quantités suffisantes et une hausse des prix sera injustifiée en ce mois sacré», avant d’ajouter que «les producteurs se sont engagés à assurer la marchandise à des prix raisonnables» et que les inspecteurs du ministère du Commerce veilleront au respect de cet engagement sur le terrain.

Durant tout ce mois sacré et notamment ces deux derniers jours, les propos du ministre du Commerce seraient même un «coup d’épée dans l’eau». D’autant que les tensions inflationnistes restent patentes et l’on s’attend à un taux d’inflation important pour le mois de mai dernier. Selon l’ONS, l’indice brut des prix à la consommation au mois d’avril dernier était en hausse de 0,6% par rapport au mois précédent et les prix des biens alimentaires ont progressé de 1,1%. Déjà, au mois d’avril dernier, les prix des produits agricoles frais ont enregistré un relèvement de 2,3%, dû notamment à l’augmentation des prix des fruits et légumes (respectivement +6,6% et +5,0%) et de la viande de poulet (+10%), selon la dernière note de l’ONS. Les prix des articles d’habillement et de confection ont, par ailleurs, flambé sur les principaux marchés avec des hausses de prix parfois injustifiées au regard de la qualité des produits. Seul «remède» contre la fièvre des articles d’habillement, les hypermarchés où les prix des vêtements pour enfants sont plus abordables.

Quant au rythme d’inflation annuel, il s’est établi en hausse de 4,3%, toujours selon l’Office. Pour autant, les chiffres du FMI sont autres et le Fonds a relevé ses prévisions 2018 pour l’inflation en Algérie qui doit s’établir à 7,4% contre une projection initiale de 4,4%. La projection pour 2019 se situe autour de 7,6%. Le gouvernement, lui, prévoit dans la loi de finances 2018 une inflation moyenne de 5,5%, soit une hausse généralisée des prix et, surtout, un des effets directs du recours au financement non conventionnel, une trop grande masse fiduciaire en circulation sans contrepartie productive.