A la veille de la troisième réunion informelle front Polisario-Maroc : La tension monte

A la veille de la troisième réunion informelle front Polisario-Maroc : La tension monte
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A la veille de la troisième réunion informelle regroupant, à partir de demain et pendant deux jours, sous l’égide de l’ONU, dans la banlieue de New York, le Front Polisario et le Maroc, la tension est montée d’un cran entre les deux parties, avec la tentative marocaine d’impliquer l’Algérie dans ce conflit qui ne concerne que ces deux parties.

Cette réunion annoncée par Christopher Ross, envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, lors de sa récente virée dans la région, est précédée par une hausse de ton du pouvoir marocain actuel, auquel a riposté le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD).

Cette réunion intervient peu de temps après le nouveau report, vendredi passé, du procès intenté par le Maroc à sept militants sahraouis des droits de l’homme.

Christopher Ross avait, le 18 octobre, estimé que la question du statu quo dans le dossier du Sahara occidental était «intenable». Aux accusations exprimées par le Maroc, la RASD et le Front Polisario tirent la sonnette d’alarme sur la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés.

LG Algérie

C’est ainsi qu’ils ont exigé samedi la libération «immédiate» des sept défenseurs des droits de l’homme sahraouis «arrêtés par les autorités marocaines pour avoir rendu visite à leurs familles dans les camps de réfugiés»,

et lancé, également, un appel pressant aux Nations unies et à toutes les organisations de défense des droits de l’homme afin d’«assumer leurs responsabilités entières devant les comportements inhumains à couleur fasciste et raciste qui caractérisent désormais l’ère Mohammed VI».

Le président sahraoui, Mohammed Abdelaziz, a, quant à lui, appelé le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, à prendre une position «plus ferme» à l’égard des autorités marocaines après «l’agression perpétrée contre des activistes sahraouis et leurs familles lors du procès des sept détenus à Casablanca (Maroc)».

Le procès des 7 militants sahraouis des droits de l’homme encore reporté

Dans une lettre adressée au secrétaire général de l’ONU, M. Abdelaziz a qualifié l’agression commise dans le tribunal de Casablanca d’«extrêmement grave qui nécessite la condamnation et la mobilisation internationale pour mettre

fin à ces pratiques oppressives», a indiqué l’Agence de presse sahraouie (SPS). «Au lieu de réunir les conditions pour un procès équitable, les autorités marocaines ont délibérément agressé et menacé les détenus dans le tribunal», a indiqué le président sahraoui qui a qualifié cet acte de «vengeance infâme».

M. Abdelaziz a également appelé l’ONU à condamner les «manœuvres d’atermoiement» des autorités marocaines, d’autant plus que leurs pratiques sont «une violation flagrante des droits de l’homme».

«La police marocaine a mobilisé des centaines de ses agents en tenue civile qui ont envahi le tribunal et ses environs, ce qui a créé un climat de tension dans le but de taire la vérité et d’obliger les détenus, les observateurs indépendants et les médias internationaux à garder le silence en prévision d’une nouvelle manœuvre d’atermoiement», a conclu le président sahraoui.

Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’Onu, dont quatre rounds ont eu lieu depuis à Manhasset, près de New York, et deux réunions informelles à Vienne et à New York, sans aboutir à une avancée réelle, est-il utile de rappeler.

La dernière réunion informelle sur le Sahara occidental a eu lieu à New York, en février dernier, date à laquelle les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible. Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.

Le gouvernement de la RASD répond au discours du roi du Maroc

Le gouvernement de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) a, de son côté, appelé le Conseil de sécurité et les Nations unies à prendre sans plus tarder des sanctions contre le Maroc afin de l’amener à se conformer aux exigences de la légalité internationale au Sahara occidental, a indiqué hier un communiqué du ministère sahraoui de l’Information.

Le gouvernement sahraoui «appelle le Conseil de sécurité et les Nations unies à prendre les mesures nécessaires et à imposer des sanctions contre le royaume marocain afin de l’amener à se conformer aux exigences de la légalité internationale pour parachever le processus de décolonisation en Afrique», précise le communiqué.

Le gouvernement de la RASD interpelle les Nations unies quant à la «gravité» des déclarations du souverain marocain qui menacent «la sécurité et la stabilité et qui risquent de saper les efforts de la communauté internationale visant à l’instauration d’une paix juste et durable dans la région», ajoute le document rendu public à l’issue du discours du roi du Maroc.

Ces déclarations «entravent les efforts pour le règlement du conflit à un jour du début du nouveau round des négociations entre les deux parties en conflit (le Front Polisario et le Maroc) à Manhasset (Etats-Unis), précise encore le communiqué qui ajoute que le souverain marocain fait fi de la légalité internationale et s’entête à imposer le fait colonial au Sahara occidental».

Le discours, souligne le communiqué, est chargé de «menaces contre l’armée de libération sahraouie (ALPS) dans les territoires sahraouis libérés ou contre les citoyens sahraouis dans les territoires occupés, ou encore contre l’Algérie qui accueille les réfugiés sahraouis ayant fui la répression des forces marocaines qui ont tenté de les exterminer au napalm et au phosphore blanc en 1975», selon ce communiqué.

Par Mounir Abi