Avec les prix affichés, les étals restent inabordables
Les fellahs ont du mal à accéder aux champs pour la récolte des fruits et légumes.
La pomme de terre était à 70 dinars. Le piment à 180 dinars, la laitue à 140 dinars. Le marché des fruits et légumes s’affole à Béjaïa. Le peu de marchandises exposées sur les étals restent inabordables. Le consommateur se contente de très peu de choses. C’est évident. Même l’affluence n’est pas au rendez-vous. On préfère ne pas aller au marché, car de toutes les façons on ne pourra rien acheter. Il faut être un nanti pour se permettre le luxe de remplir son panier à provisions. La vie est dure autant pour les citadins que pour les ruraux. Cette situation anormale est la conséquence des dernières intempéries marquées par de fortes précipitations et la neige abondante. Les fellahs ont du mal à accéder aux champs pour la collecte des fruits et légumes et lorsque cela est possible, l’acheminement des produits demeure difficile en raison des routes coupées. Bref, le marché n’est pas alimenté normalement. Les produits se font rares. La demande dépasse de loin l’offre. La loi du marché s’applique par ricochet avec pour conséquence, une situation intenable. «Fort heureusement, il y a les pâtes, autrement certains mourraient de faim», commente cette ménagère quittant bredouille le marché. «Je pensais qu’avec l’éclaircie d’hier, la situation allait s’améliorer et je constate que c’est de mal en pire», ajoute-t-elle. Le marché de Sidi Ahmed était hier bizarrement vide. Peu de mouvement devant les étals. Les bousculades habituelles n’étaient pas de mise. Même la circulation automobile était fluide. Des produits à moins de 60 dinars n’existent pas. Le poivron s’affiche à 200 dinars le kg. Les prix des autres légumes oscillent entre 80 et 140 dinars. Toutes les explications fournies s’articulaient autour des intempéries. Les marchands vous renvoient aux grossistes, lesquels grossistes montrent du doigt les intermédiaires et les producteurs. A qui la faute? C’est comme cette histoire de bonbonne de gaz. Alors que les pouvoirs publics ne cessent de rassurer, mais la réalité les rattrape très vite. Hier encore, c’était la pénurie. Les centres d’enfûtage et de distribution et autres points de vente vivent au rythme de chaînes interminables. Et dire que cela se passe dans les centres urbains, à l’image du chef-lieu pourtant très peu affecté par les intempéries. La situation ne pouvait pas se présenter autrement lorsqu’on sait tout le retard qu’accuse la wilaya en matière de raccordement de gaz de ville. Seuls un peu moins de 30% sont raccordés au réseau. Le reste est lié à la bonbonne de gaz butane aussi bien pour cuisiner que pour se chauffer. Au froid et l’isolement, les habitants de Béjaïa font face à une spéculation qui fait rage touchant tous les produits.
Dans une déclaration qui nous est parvenue hier, le bureau de Béjaïa de la Laddh, dénonce avec énergie «les spéculateurs qui tirent profit de la détresse humaine» sur fond de nombreuses interrogations sur «ce que fait le wali? Où sont passés les équipements publics?» avant de s’incliner à la mémoire de personnes décédées lors de ces intempéries et de rendre hommage à la mobilisation citoyenne autour des actions de solidarité portant aides et assistance aux habitants de contrées isolées.